Chapitre 9 - Les Deux Dumbledore

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Cher Papi Moustache, chère Mamie Grenouille,

Je levai les yeux de mon courrier en quête d'inspiration.

Qu'allais-je bien pouvoir leur raconter ?

Papi et Mamie – les parents moldus de ma mère – adoraient la magie. Leurs yeux brillaient toujours lorsque je leur racontais mes aventures poudlardiennes. Tout en cherchant mes mots, je laissai mon regard vagabonder dans la Salle Commune. Nous étions dimanche soir et les Poufsouffles s'étaient rassemblés par petits groupes pour débattre sur le sujet de conversation qui planait sur Poudlard depuis quelques jours : Halloween.

Dumbledore avait fait une annonce spéciale lors d'un dîner : cette année, nous fêterions le 31 octobre... en costume !

Depuis, toutes les conversations tournaient autour de cet événement et la même question revenait sans cesse : « comment vais-je me déguiser ? » (Oui, moi aussi je me la posais, et j'hésitais encore).

Les rumeurs les plus folles circulaient dans les couloirs : on racontait que la soirée d'Halloween se déroulerait dans le parc du château, que le fameux « Vampire Comedy Club » jouerait sur scène, qu'un feu d'artifice serait tiré, qu'il n'y aurait que des sucreries en guise de plat (je n'étais pas contre ça !) et que Dumbledore allait inviter son jumeau (mais où Tonks était-elle allée chercher ça franchement ?).

Confortablement installée au fond du canapé et me chauffant les orteils au coin du feu, j'écoutais d'une oreille distraite les échanges entre les trois Nullos qui se disputaient pour savoir qui incarnerait le grand Obi-Wan Kenobi – avant que la discussion ne dégénère sur une question existentielle : qui était le plus courageux entre Han Solo et Indiana Jones.

Je levai les yeux au ciel et reportai mon attention sur mon parchemin, désespérément vide :

Je vais très bien, et Poudlard, c'est super, malgré la surcharge de devoirs. La semaine dernière, j'ai étudié le sortilège de reproduction, et ce n'était pas de la tarte...

Je chatouillai du bout de ma plume mon écharpe qui se trémoussa sur mes genoux. À côté de moi, Rose relisait ses cours en remuant silencieusement les lèvres.

— Tu révises quoi ?

— Les tarots divinatoires. Je suis interrogée demain matin en cours.

Mon premier match a lieu dans quelques semaines et je ne désespère pas de mener mon équipe à la victoire.

— Dis Polly...

— Oui ?

— Est-ce que je peux te tirer les cartes ?

— Hors de question.

— S'il te plaît ! C'est pour m'entraîner !

— Non !

Je détestais quand Rose « s'entraînait » à la divination. Nous avions encore tous en mémoire la fois où elle avait prédit le futur de cette pauvre Tonks, qui en avait pris pour son grade. Rose avait lu les lignes de sa main: elle avait pâli en constatant que sa ligne de vie était beaucoup trop courte, que sa ligne de cœur était cassée et qu'il n'y avait aucun signe d'une ligne de chance.

Pour remonter le moral de Tonks, après ça !

Rose se tourna vers les Nullos, qui avaient écouté la conversation, et ils prirent aussitôt la poudre d'escampette. Alors, elle me demanda encore et encore.

À bout de patience, je finis par accepter du bout des lèvres, sachant pertinemment que je commettais là une grave erreur.

Joyeuse, mon amie sortit son paquet de cartes de son sac, le battit et me demanda d'en choisir cinq. Sceptique, je les pris au hasard :

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleWhere stories live. Discover now