Chapitre 44 - Pré-au-Lard

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Les Larmes du Vampire

Le best-seller à éviter

Le dernier roman de Felicity Pollipuff est enfin arrivé dans nos librairies, mais le succès commercial n'est pas au rendez-vous.

Retour sur une débâcle littéraire.

Avec seulement 1100 exemplaires vendus en deux jours, les Larmes du Vampire est loin de connaître le succès littéraire du Maître des Potions, vendu lui à plus de dix mille exemplaires. La prétendue romance entre une vampire et un sorcier, parallèle nullissime entre une princesse franchement idiote et son prince charmant — personnage complètement crétin — ne donne pas envie de s'investir dans leur supposée histoire d'amour.

De la part de Felicity Pollipuff, on avait connu mieux.

« Ce n'est qu'un ramassis de clichés ! » s'insurge Laura L. du Yorkshire. « J'adore les romans de Felicity Pollipuff, mais celui-ci m'a fait saigner des yeux ! ».

L'histoire est d'une facilité déconcertante : une jeune vampire repentie (évidemment) se fait passer pour une moldue (pour des raisons qui nous échappent encore) et trouve refuge auprès d'un ténébreux sorcier (pourquoi ? encore un mystère).

La question n'est pas de savoir si ces deux nouilles vont tomber amoureux l'un de l'autre (spoiler : oui), mais de savoir comment cette cruche réussit à tomber dans les bras du sorcier le plus malotru de la planète.

L'histoire est d'une pauvreté scénaristique affligeante, à croire que l'auteur ignorait comme commencer et finir son histoire. Le roman est rempli d'incohérences et de répétions grotesques (comment l'héroïne peut se « pâmer entre les bras puissants et virils de cet homme au teint d'albâtre », alors que deux lignes plus haut, le même homme était décrit comme étant « élancé et diaphane » ?). Les lectrices ont été loin d'être émoustillées par les rapports charnels non existants entre les deux rigolos...

Je fermai le Sorcière Hebdo, écœurée par l'article rédigé par la plume acerbe de Rita Skeeter. D'accord, les romans de ma mère ne volaient pas très haut, mais fallait-il pour autant lui balancer des cognards ?

– Il est si nul que ça le roman de ma mère ? demandai-je à Rose, l'experte en la matière.

– Disons qu'il ne fait pas partie de mes favoris, nuança-t-elle dans un murmure, soucieuse de ne pas me blesser.

– Dites, occlumencie, ça prend un C ou deux ? demanda Tonks, suçotant le bout de sa plume, occupée à faire les mots croisés de la Gazette.

– Tu le fais exprès ou quoi ? soupirai-je. Deux.

Nous passions toutes les trois un vendredi soir tranquille, loin du bruit ambiant de la Salle Commune. Allongée sur mon lit, je demandai à Rose si elle avait le roman de ma mère. Elle tendit sa main vers sa table de chevet, prit le premier livre au-dessus de sa pile et me le tendit.

Rien que la couverture ne me donnait pas envie de le lire : une femme à moitié dévêtue dans la pénombre et le titre en rouge. Dix contre un qu'on ne croiserait aucune licorne...

Je lus le dos du livre, histoire de m'en assurer :

Je m'appelle Marvel Meehan. Je suis née durant les fêtes de Samain, en 1853 exactement. Ma vie, j'aurais pu la vivre normalement si mon regard n'avait pas croisé celui de Booker Crowle, le seul vampire vivant sur les terres sauvages de Cornouailles. Depuis, ma vie n'est qu'un ennui mortel, où je m'efforce chaque jour et chaque nuit de survivre à l'appel du sang. Pendant cent trente-sept ans, j'ai foulé cette terre, à la recherche d'une sérénité qui n'existe plus...

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant