Chapitre 40 - Le Cadeau de Polly McBee

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Les bras ballants, la bouche grande ouverte, je vis le Poudlard Express amorcer son virage et disparaître de ma vue, me laissant seule et désemparée que le quai 9 ¾.

En sept ans, c'était bien la première fois que je ratais le train ! Mon dernier voyage en plus ! L'année 1991 commençait décidément très mal.

Papi Moustache retira son béret et se gratta la tête :

– Comment vas-tu rejoindre ton école ?

Je soupirai en pensant à la manière dont j'allais me rendre à Poudlard. Exactement ce dont j'avais besoin. À croire que ce moyen de transport me collerait les basques jusqu'à la fin de ma vie...

– En Magicobus. Je vais en avoir pour la journée !

– Je suis désolé, mon petit.

– Oh, ce n'est pas grave, soupirai-je.

La seule chose qui m'attristait, c'était que je ne pourrais pas balancer Buchanan du train en marche.

Papi m'accompagna hors de la gare. Je caressai d'une main mon écharpe et serrai les sangles de mon sac à dos.

Dans la rue bordant la gare de King's Cross, les boutiques affichaient encore les décorations de Noël. Papi me proposa de prendre un chocolat chaud avant mon départ, mais je refusai : d'abord parce que je ne voulais pas me mettre plus en retard que je ne l'étais déjà, et aussi parce que je ne voulais pas rendre le chocolat sur mes chaussures durant mon périple en Magicobus.

Nous trouvâmes un coin de rue tranquille. Vérifiant qu'il n'y avait pas de moldus trop curieux dans les environs, j'agitai ma baguette. Le bus à impériale violet surgit au coin de la rue. Sa vue m'arracha une grimace de dégoût.

– Tiens, encore une retardataire ! se moqua gentiment Stan Rocade. J'imagine que tu vas à Poudlard ?

– Sans blague ? grommelai-je en fouillant dans mes poches pour en sortir quelques mornilles.

Papi contempla d'un air rêveur le bus, toujours aussi fasciné. Il posa quelques questions techniques à Ernie, le chauffeur :

– Ça marche au diesel ou à l'essence ? Combien de kilométrage ? Vous faites comment pour que nous autres les moldus on ne vous voie pas ? Et le taux de remplissage à bord ?

– Oui, bon, ça va papi, tu ne vas pas lui demander ses papiers non plus !

– Et pourquoi pas, Madame Rabat-Joie ? rétorqua Papi.

Dans le bus, les sorciers présents râlaient. Je fourrai la monnaie dans la main de Stan et embrassai mon Papi sur ses joues.

– Sois sage, mon petit ! Ne fais pas trop de bêtises et travaille bien ! J'enverrai Blueberry à tes parents pour leur dire que tu as raté ton train !

– Merci Papi de remuer le couteau dans la plaie ! À bientôt !

Je montai prestement dans le bus, les portes se refermèrent et nous décollâmes aussitôt, sans que j'eusse le temps de trouver une place assise.

– Salut Polly ! s'exclama Alyss Grey. Tu as raté le Poudlard Express ?

La Gryffondor m'aida à me relever et me fit une petite place à côté d'elle.

– Merci. Oui, je l'ai loupé. Et toi ?

– Je suis malade en train, m'avoua-t-elle.

Je trouvai sa réponse saugrenue : le Magicobus venait d'opérer un freinage en urgence dans un petit village du Somerset, pour y déposer une petite sorcière.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant