Chapitre 28 - L'Oncle Graham

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Caisteal Maethan se dressait solitaire sur une colline, en proie à la fureur du vent du nord et à la colère des tempêtes. Ses pierres noires étaient battues par les pluies, filtrant les combles et les fondations. La tour est menaçait de s'effondrer à chaque instant, tandis que des corbeaux de mauvais augure croassaient d'un air lugubre.

Enfin ça, c'était la vision sinistre que je me faisais dans la tête.

En vérité, le petit château baignait sous un chaud soleil d'été. Le parc bourdonnait de vie avec ses abeilles butinant allègrement les roses et les oiseaux piaillant sur les branches des arbres.

Je me tenais devant la grille du Caisteal, à l'exact emplacement où le Magicobus m'avait déposée dix minutes plus tôt. Ce n'était pas de la mauvaise volonté de ma part, mais je n'arrivais tout simplement pas à faire un pas. Je songeai même brièvement à faire demi-tour pour regagner Poudlard et me terrer dans la Salle Commune des Poufsouffles jusqu'à la rentrée des classes. Même si l'idée était très tentante, je me résignai pourtant à pousser la lourde grille et à remonter l'allée bordée d'arbustes jusqu'au perron du château, mon sac à dos se balançant sur mes épaules.

Je murmurai une rapide prière à l'adresse de l'équipe de Quidditch d'Écosse afin qu'ils me donnent le courage et la force de supporter mes grands-parents pendant ces trois jours, et tirai la clochette. Ce fut Lonly, l'elfe de maison, qui m'ouvrit la porte.

— La jeune miss est là ! s'exclama-t-elle en me faisant entrer. Lonly se demandait quand vous alliez arriver ! Monsieur et Madame vous attendent avec impatience.

Elle me débarrassa de mon sac et l'expédia d'un claquement de doigts dans la chambre que j'occuperais durant mon séjour.

— Suivez-moi, Miss Polly.

Je la suivis, resserrant mon écharpe autour du cou pour me donner confiance. Nous traversâmes le hall d'où partait un large escalier en chêne menant aux étages supérieurs. Sur les murs étaient suspendus des tableaux représentant les membres parfois obscurs de ma famille et qui chuchotèrent entre eux à mon passage.

Lonly me mena jusqu'à un grand salon bleu, où les larges portes vitrées donnaient sur le jardin.

Mes grands-parents étaient dehors à diriger les sorciers chargés d'organiser l'anniversaire de grand-père. Un chapiteau blanc s'élevait près du chêne trois fois centenaire et un bataillon d'elfes de maison avait été réquisitionné pour préparer le buffet.

Lonly m'annonça à ma grand-mère qui composait d'immenses bouquets de fleurs à l'aide de sa baguette. Elle tourna son visage vers moi et me sourit. Je sentis aussitôt les prémices d'une migraine naître, tandis qu'elle essayait de lire insidieusement mes pensées.

Ma grand-mère avait été autrefois une excellente legilimens pour le compte du Ministère de la Magie et avait conservé ses petites manies d'intrusion. J'essayai de ne penser à rien, mais, évidemment, l'inverse se produisit. Le sourire de ma grand-mère s'accentua et elle me souhaita la bienvenue.

— Alors, qu'en penses-tu ? demanda-t-elle en me montrant le jardin transformé en garden-party.

— C'est très joli, l'assurai-je, promenant mon regard autour de moi.

— Les plus grandes familles ont été invitées, ne put s'empêcher de rajouter ma grand-mère avec orgueil. Près d'une centaine d'invitations ont été envoyées. C'est un grand jour pour ton grand-père.

— Je n'en doute pas, grommelai-je.

Mais pourquoi mes grands-parents ne songeaient pas à faire un anniversaire en petit comité, avec seulement la famille proche ?

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleWhere stories live. Discover now