Chapitre 58 - Le Retour d'Orazio d'Aprile

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– Pourquoi tu ne m'as rien dit ?

La voix de Charlie n'était que douleur. Je me serrai davantage contre lui et pris une profonde inspiration. Je ne voulais pas que ma voix se brise, une fois de plus.

– Je voulais te faire la surprise. Te l'annoncer de vive voix.

Mais tout était venu trop tard. Je serrai les dents avant de poursuivre d'une petite voix :

– Ne m'en veux pas, s'il te plaît.

– T'en vouloir ? Merlin, Polly, ce n'est pas ta faute ! J'aurais juste voulu être là pour que tu ne souffres pas seule... Regarde-moi.

Il me releva la tête et essuya les larmes qui glissaient sur mes joues :

– Je quitte la réserve de dragons de Roumanie pour revenir en Angleterre. Pour que nous soyons ensemble. Pour que tu ne sois plus seule.

J'ouvris la bouche, stupéfaite.

– Tu ne peux pas faire ça ! Je sais combien tu aimes ton travail là-bas...

– Je t'aime encore plus. De toute façon, ça ne sert à rien de marchander. Je présenterai ma démission à mon retour.

– Je pourrais moi, venir en Roumanie, m'entêtai-je.

Il fut secoué d'un rire silencieux :

– Ça ne te plairait pas. Je sais combien tu es attachée à tes amis, à ta famille et surtout à l'Écosse - ne le nie pas ! Non, c'est moi qui reviens au pays. Ce sera pour le mieux. Le Ministère possède une réserve de dragons au Pays de Galles.

J'enfouis ma tête contre lui, mal à l'aise.

Charlie se sacrifiait pour moi et je n'aimais pas ça.

Je remontai la pente, non par envie, mais par nécessité. Avoir Charlie à mes côtés m'aida beaucoup. Pour la première fois, je l'avais pour moi seule – presque cependant, puisque nous nous voyions que le soir, en rentrant du travail.

Même si la cohabitation fut au début un peu étrange (après tout, nous avions vécu séparément à Poudlard, lui, dans la tour des Gryffondors, moi dans la salle commune des Poufsouffles), je m'y fis assez rapidement.

Je ressentis cependant un léger malaise de la part de June. Non pas à cause de Charlie, mais vis-à-vis de moi.

Elle avait été un réel soutien durant mon épreuve, mais je ne pus m'empêcher de voir qu'elle prenait ses distances. Je crus au début qu'elle s'effaçait au profit de mon petit ami, mais je sentais poindre sa méfiance.

Lorsque j'en parlai à Charlie, il poussa un soupir — ce qui m'étonna :

– Je crois qu'elle a des doutes... Sur ce que nous sommes.

– Quoi ? Mais j'ai pris toutes mes précau... Oh.

Je me serais donné des baffes. Il n'avait pas pu échapper à June que la Magie transpirait dans ma chambre. Elle avait dû voir les Gazettes du Sorcier qui traînaient au sol, mon mur rempli de photos de Poudlard, ma peluche en forme de Vif d'Or voleter, mon balai posé dans un coin et surtout ma baguette magique sur ma table de chevet.

– Misère... Que dois-je faire à ton avis ? marmonnai-je.

– Parle-lui, je suis sûr qu'elle sera compréhensive.

Annoncer à June Travers que la magie existait revenait presque à avouer à un moldu que la Terre était ronde et que les avions pouvaient voler.

– Je le savais, dit-elle comme une évidence.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleWhere stories live. Discover now