Chapitre 63 - Interlude Temporel

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Je ratai mon arrivée : mes pieds s'empêtrèrent d'eux-mêmes et je manquai de m'étaler par terre. Tom Morrow me rattrapa de justesse et me remit d'aplomb.

– Doucement, m'intima-t-il tout en tripotant sa montre, les sourcils froncés.

J'avais le tournis et il me fallut plusieurs minutes pour retrouver mon équilibre. Je regardai alors autour de moi : nous avions atterri au beau milieu d'une rue, non loin d'un monument aux morts. L'aube pointait à peine à l'horizon, un vent frais agita les feuilles des arbres, rougies par l'automne. Où étions-nous ?

– Zut, erreur de coordonnées temporelles, pesta Morrow en réglant de nouveau sa montre.

Le monde vacilla, frémit et se précipita : le soleil se leva en accéléré, les premières voitures passèrent à toute allure devant nous et des joggeurs défilèrent dans la rue dans un tourbillon de couleurs fuchsias. Le son aussi sembla se presser : un sourd bourdonnement qui montait et descendait dans les aigus et les graves.

– Voilà qui est bien mieux ! dit Morrow en réenclenchant sa montre.

La vie reprit une vitesse normale. J'avais voyagé en accéléré dans le temps. Morrow arbora un petit sourire suffisant qui me mit en colère.

Ma main partit toute seule : une gifle retentit et le bruit se répercuta dans la rue, arrachant un « oh ! » indigné d'une vieille dame qui passait par là au même moment. Morrow se tâta la joue, surpris de mon geste.

– On n'a pas idée de kidnapper les gens comme ça, sur leur lieu de travail ! m'écriai-je. Nom d'un lutin, qu'est-ce qui vous a pris ?

– J'ai reçu votre message, se défendit-il. Vous vouliez me voir, non ?

– Une discussion autour d'un café aurait amplement suffi ! La dernière fois que vous m'avez fait le coup, j'ai été absente pendant deux semaines, je vous rappelle !

Morrow balbutia que ce n'était pas entièrement sa faute la dernière fois. Je lui lançai un regard furieux et sa phrase mourut sur ses lèvres.

– Où sommes-nous d'ailleurs ?

– Ah ! Une question censée ! Vous devriez demander plutôt « quand sommes-nous » ?

– Vous me fatiguez.

– Message reçu. Marchons un peu, d'accord ?

Nous remontâmes la rue tandis que je regardais autour de moi. J'eus une impression de déjà-vu. J'étais déjà venue ici, mais impossible de me souvenir à quelle occasion. Le froid perça à travers mon pull, et je regrettai ne pas avoir pris un manteau.

– Alors ? Quand sommes-nous ? demandai-je pour relancer la conversation.

– Je vais être franc avec vous, dit-il en étudiant sa maudite montre, j'ai besoin de votre aide pour cette... mission.

– Quelle mission ? grognai-je, de mauvaise humeur.

– En échange, je répondrai à toutes vos questions. Marché conclu ?

– Quelle mission ?

– Ce ne sera pas long, promis.

Il s'arrêta devant ce qui avait dû être un charmant cottage. L'aile droite du dernier étage avait été soufflée par une puissante explosion. Dans le petit jardin propret s'affairait tout ce que la Communauté Magique pouvait compter d'Auror.

Je ne tardai pas à comprendre que je me tenais devant la maison des Potter.

– Ordre de la grande cheffe, m'expliqua-t-il, je dois récupérer le chat des Potter pour le mettre en sûreté.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant