Chapitre 61 - Bois de Frêne, Bois de Chêne

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L'écho du tunnel répétait le bruit de ses bottes cognant contre la voie ferrée. Il tenait fermement dans sa main sa baguette magique qui projetait une intense lueur. L'ombre d'un métro abandonné se dessinait sur les murs suintants d'humidité.

Aucun doute, pensa-t-il, si un Détraqueur avait élu domicile dans le coin, ce serait forcément ici. L'endroit était abandonné depuis les années quarante, quand la station avait été bombardée durant le Blitz. Les fantômes des disparus erraient tristement entre les wagons, lançant parfois un regard étonné à la silhouette qui passait sans se préoccuper d'eux. Il arriva au pied d'un escalier sombre et tendit l'oreille, retenant son souffle. Tous ses sens étaient en alerte, à l'affût du moindre soupir ou du bruissement de cape.

Il entendit distinctement le râle caractéristique des Détraqueurs et sourit. Il ne s'était pas trompé d'endroit. Calmement, il se débarrassa de sa cape et releva les manches de sa veste, mettant à nu ses tatouages complexes, puis, avec d'infinies précautions, il gravit les marches.

Ils étaient cinq ou six à s'être réunis dans le couloir. Ils ne l'avaient pas encore entendu venir, mais il se tint prêt, avançant lentement, le corps tendu et le cœur pulsant dans ses veines l'adrénaline de la chasse.

Arrivé au tiers du parcours cependant, il fronça les sourcils : pourquoi les Détraqueurs ne se manifestaient pas ? Il vit alors le corps pâle étendu sur le sol et il réprima un frisson : les créatures s'apprêtaient à aspirer son âme. Avant que les Détraqueurs ne commettent leur forfait, il brandit sa baguette :

– Expecto Patronum !

Un loup argenté jaillit et se réceptionna avec grâce sur ses pattes, les babines retroussées. Sentant le danger, les Détraqueurs se tournèrent lentement vers lui. Sans un mot, il ordonna à son Patronus de les charger et le loup bondit aussitôt. Les Détraqueurs, en proie à la panique, reculèrent, laissant leur proie sur le sol et tentèrent de fuir.

– Oh que non ! grommela-t-il en passant à côté du corps immobile, un sourire mauvais à ses lèvres.

Le loup se rangea de nouveau à ses côtés, montrant ses crocs dans toute sa hargne. Il leva alors les bras et invoqua les ténèbres, dans la langue noire de la magie. Les tatouages qui marquaient sa peau s'échappèrent comme de l'encre coulante et entourèrent les Détraqueurs, furieux d'avoir été ainsi piégés. Il ne pouvait pas les détruire, mais il pouvait les contenir dans le Néant. Il trancha l'air de sa baguette, créant une ouverture vers le Nulle Part, et y enferma les Détraqueurs, qui vociféraient de rage.

Le silence retomba. Il prit une profonde inspiration et sa main rencontra la tête de son loup protecteur.

Lentement, il se retourna pour contempler le cadavre. Était-il arrivé trop tard ? L'âme avait-elle été absorbée ?

Le sang de James Buchanan se glaça quand il reconnut la silhouette de Polly McBee.

– Non ! s'exclama-t-il en se laissant tomber près d'elle.

Elle avait les yeux et la bouche ouverte dans un cri qui ne venait pas. D'une main tremblante, James chercha son pouls, et le soulagement le submergea quand il le sentit battre de façon irrégulière — mais bien présent — sous ses doigts.

Polly n'était pas morte.

Il passa un bras sous son cou et glissa l'autre sous ses genoux avant de se relever et transplana dans l'espoir d'avoir encore le temps de la sauver.

oOo oOo oOo

Le manoir des Buchanan se dressait au milieu d'une vaste plaine venteuse et déserte. La vieille bâtisse aux pierres grises semblait être abandonnée depuis des années, mais James franchit la porte, dégoulinant de pluie.

Pensées Pittoresques d'une PoufsouffleWhere stories live. Discover now