Beaucoup de questions et un peu de réponses. Deuxième partie - Théo

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Être dans un monde où tous les vœux se réalisent, c'était génial. Mais être dans un monde où le seul qui importait était banni, c'était nul.

Et être dans un monde où tes... camarades, disons, en profitaient pour t'empêcher d'être toi-même, c'était vraiment chiant.

Bien sûr, je pouvais les comprendre. J'en suis conscient, beaucoup me détestent, et il est clair que Péteur était au sommet de la liste. Moi-même, j'étais sur cette liste. Mais au point de m'interdire de m'exprimer ?

Je n'avais qu'une envie, hurler toutes sortes d'injures contre Peter. Mais tout ce qui sortait, à chaque fois, était des « désolés », au point que les trois autres se roulaient au sol en se tordant de rire et se tenant les côtes. Quand ils se calmèrent enfin, une bonne demi-heure était passée, et moi, j'étais toujours enfoncé dans mon coin de canapé, me refusant d'ouvrir la bouche.

— Vous croyez pas qu'il serait peut-être temps de parler un peu de tout ça ? fit Xilena.

— Oui, mais qu'est-ce qu'il y a à dire ? répliqua Amy en levant les bras vers le ciel. Perso, j'arrive pas vraiment à comprendre, mais j'ai juste envie de profiter de ma chance.

— C'est vrai, dit cette fois Peter. Moi, j'ai profité, et je me sens tellement mieux ! s'exclama-t-il en me pointant du doigt. N'est-ce pas, mon gentil Théo ?

— Attends demain, dis-je en lui lançant un regard noir.

— Je ferais le même vœu demain.

J'avais envie de lui dire à quel point je le détestais, que je le haïssais. Je voulais lui enfoncer mon poing dans la gueule et mon pied dans son énorme ventre. Mais bien sûr, en essayant fort de lui communiquer ma façon de penser, je ne réussis qu'à lâcher un petit soupir et un « jeeh... » qui ne signifiait rien. Xilena pouffa à nouveau, vite rejointe par les deux autres.

— Mais je suis sérieuse, dit Xilena en s'arrêtant de rire. Dans le journal, c'était dit... eh bien, je sais que tu ne l'as pas lu, Théo... tu es sûr que tu ne le veux pas ?

— J'aime pas lire. T'es bien là pour m'expliquer, de toute façon !

— Oui, oui... il est dit, dans le livre, que chaque personne qui s'était retrouvée ici avait toute une vie de merde. Enfin, c'était pas vraiment leurs mots, mais on va simplifier au seul vocabulaire que tu connais, Théo. Une vraie vie de chiotte.

Elle avait bien raison, la petite Chinoise. Pendant un instant, j'avais presque oublié ma situation. Le fait d'être dans un nouveau monde, confortablement installé dans un canapé de cuir dans une maison de luxe — notre maison de luxe —, avait réussi à me changer les idées. Bien sûr, grâce à Xilena, ça n'avait pas duré.

Visiblement, je n'étais pas le seul à qui ses paroles avaient fait effet. Amy était allée s'assoir dans le fauteuil autrefois occupé par Branda, l'air morose est les yeux au sol. Peter, les mains dans ses poches, perdu dans ses pensées. Et Xilena elle-même semblait avoir le regard étrangement brillant.

Je pris une grande inspiration, avant de lancer :

— Je crois pas que ce soit un secret, étant donné la vitesse à laquelle peuvent circuler une rumeur dans une école... mais il y a une semaine — huit jours, plutôt, pour être précis —... ma mère est morte.

Personne n'eut de réaction particulière. Ils hochèrent la tête, signe qu'ils m'avaient entendu et qu'ils ne savaient simplement pas quoi répondre à ça. Tous étaient déjà au courant, comme je m'en étais douté, mais dire ces mots me porta tout de même un coup douloureux au cœur. Je détournai le regard, fixant la lampe sur la table basse.

Le monde d'à côtéTempat cerita menjadi hidup. Temukan sekarang