Les conséquences. Troisième partie - Amy

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Peter et moi, nous arrivâmes à temps pour voir Théo s'effondrer dans les bras de deux djinns en costumes professionnels. Son visage était rouge et luisant de sueur, comme s'il avait fourni d'impressionnants efforts physiques, et il semblait complètement dans les vapes. Peut-être même évanoui ou, à ce qu'on aurait pu croire, mort. Ses cheveux étaient redevenus bruns, ses oreilles s'étaient raccourcies. Il était à nouveau humain.

Je portais une main à ma bouche, en proie à l'angoisse. Qu'est-ce que je dois faire ? Certainement pas le laisser avec ses monstres bleus. À mes côtés, Peter semblait autant perdu que moi, regardant la scène avec des yeux écarquillés.

— J'ai toujours détesté Théo, dit-il dans un murmure. Mais même voir mon pire ennemi comme ça, j'ai mal pour lui. Il y a surement quelque chose qu'on peut faire...

— Pas à dix contre un.

— Tu es magique, pourtant. Ce que t'as fait au chien...

— Il ne m'a pas vue venir. Mais ils sont dix, Peter. Et ils ont plus de pouvoirs que moi !

L'un des djinns prit Théo dans ses bras comme s'il s'agissait d'un enfant. Il poussa un petit gémissement, et ce bruit réussit à me réconforter au moins au peu ; il n'était pas mort. Mais il semblait complètement démuni, et ça faisait un choc quand on se rappelait la grosse brute qu'il avait été – et qu'il était encore, dans le fond.

Je pinçai les lèvres et secouai la tête. Tant pis si c'était perdu d'avance, je ne pouvais pas rester sans rien faire. Branda était parmi eux, et si c'était vraiment sa faute, il fallait le lui faire payer, au moins un peu.

Sans prévenir, je m'envolai de ma cachette et m'approchai du groupe pour leur envoyer, de mes paumes ouvertes, un rayon violet chargé de haine. L'un d'entre eux me remarqua du coin de l'œil, leva une main à son tour, et le rayon disparu sans laisser le moindre dégât.

— Amy, dit Branda en se tournant de moitié vers moi. Ça te va bien, ces ailes de fée.

— Qu'est-ce que vous avez fait à Théo ?

— On n'a pas le temps de trainer, avertis un autre djinn, celui qui soutenait Théo.

— Tu as raison, renchérit Branda.

Puis, sans plus d'explication, elle leva à nouveau sa main vers moi, et tout devint noir.

҉

Je me réveillai en sursaut, comme si tout n'avait été qu'un rêve. Je tournai la tête à gauche, à droite, cherchant désespérément à comprendre ce qui venait de se produire. Il y a une seconde, j'étais dans la ruelle avec ces djinns. Et maintenant, j'étais... chez moi, dans ma chambre. Et à nouveau humaine.

Je me redressai lentement, regardant dans tous les recoins de la pièce. J'étais bien dans mon lit, dans ma maison, dans le monde réel.

Qu'est-ce qui venait de se passer, au juste ? Comment avais-je atterri là ? Et Peter, il lui était arrivé quoi ? Et Théo ? Est-ce qu'il va bien ? Est-il retourné chez lui, comme moi, ou est-il retenu prisonnier quelque part ?

Je serrai le poing et le pressai contre mes lèvres, sentant les larmes me monter aux yeux. Comment ce monde d'à côté avait-il pu tourner du rêve au cauchemar en aussi peu de temps ?

On aurait dû écouter Branda. Elle nous avait donné une seule consigne, ne pas sortir du dôme, et on avait désobéi. On l'avait bien cherché, et elle nous avait punis pour ça.

Je pris une grande inspiration, tentant de me calmer. Il y avait un moyen simple de savoir où en étaient les autres ; les appeler et leur demander. Je tournai la tête vers ma table de chevet, où trônait une lampe qui prenait les trois quarts de l'espace disponible. Mon téléphone cellulaire y était, et à ses côtés, un bout de papier avec un texte inscrit dessus, en lettres inclinées. Nerveuse, je m'en emparai pour le lire.

Le monde d'à côtéTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon