Un nouveau monde... encore. Troisième partie - Amy

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Théo n'était pas quelqu'un de patient, en général. Mais aujourd'hui, il était une créature immortelle qui était réputée pour leur grande patience — du moins, c'est ce que j'ai vu dans un film. Et il faut croire que c'était vrai, car il resta là, immobile et le regard fixé aux portes du bâtiment derrière lequel Branda avait disparu, pendant près de cinq minutes qui me sembla être une éternité.

Enfin, il se rendit compte que j'existais encore. Il sursauta et se tourna vers moi.

— Amy ! Tu es une fée !

Je plissai les yeux. Il avait reçu un coup à la tête ou quoi ? Comme s'il n'avait pas remarqué que ça va bientôt faire une demi-heure que je me balade avec des ailes dans le dos.

Lui, il sautillait presque sur place, excité comme une puce.

— Tu m'expliques ce qui te rend si joyeux ?

Théo se pencha pour me prendre par les épaules. Il était tellement plié qu'on aurait pu confondre avec une position de yoga.

— Amy, répéta-t-il plus doucement, comme s'il parlait à un enfant. Les fées, elles ont des pouvoirs magiques.

— Bien sûr que non, dis-je en levant les yeux au ciel. J'ai uniquement l'apparence d'une fée, je n'en suis pas réellement une...

Théo souffla entre ses lèvres avant de se redresser. Il posa ses mains sur ses hanches et secoua la tête et de répliquer :

— Si on suit ta théorie, pourquoi, moi, je peux faire tout ce qu'un elfe sait faire ? Ou au moins une partie, puisque je ne sais pas exactement tout ce qu'ils savent faire... Mais ce devrait être pareil pour toi. Si tu sais voler, tu sais faire plein d'autres trucs aussi.

Cette fois, il m'avait bouchée. Parce qu'il avait, bien sûr, parfaitement raison. J'ai des pouvoirs magiques. Je me sentis sourire de toutes mes dents alors que cette idée faisait son chemin dans mon esprit. J'ai des pouvoirs. Qui n'avait jamais rêvé pouvoir faire tout ce qu'il voulait ?

Il y avait un mais. Je secouai la tête, mon sourire disparaissant d'un coup.

— On est dans l'urgence, s'il faut surveiller Branda. Je peux pas apprendre comment on fait en deux minutes, surtout si je sais même pas ce que je peux faire.

Théo fit la moue et se tapota le menton du bout de son long doigt. Ses yeux filèrent de droite à gauche en quête d'inspiration, puis s'éclairèrent. Avec un grand sourire, il me contourna et s'avança au centre de la petite foule de piétons.

— Eh, la fée ! dit-il. Oui, toi !

Une fée qui volait à un demi-mètre au-dessus de tout le monde s'immobilisa et baissa la tête vers Théo. En dehors de ses ailes violettes et translucides, c'était vraiment une petite fille comme on aurait pu en croiser chez nous. Elle était en jean et sweat, des trous dans le dos du vêtement pour laisser passer les ailes, et un sac à main en bandoulière.

— Je suis pas en service.

Elle se retourna pour continuer son chemin, mais Théo s'élança pour l'en empêcher, lui agrippant le pied en tendant le bras bien haut. Les autres piétons observèrent la scène d'un air outré en retenant leur souffle. Théo relâcha aussitôt sa prise, comprenant qu'il venait de faire quelque chose de particulièrement insultant envers la fée. Elle le regardait d'un air meurtrier, les jambes repliées comme si elle était à genoux dans le vide.

— Désolé, s'exclama Théo. C'est juste que... j'ai besoin d'aide...

Théo qui s'excuse. L'autrice doit bien se marrer à écrire ça, pensai-je en pouffant.

Le monde d'à côtéOnde as histórias ganham vida. Descobre agora