6. Pierre, feuille, ciseaux et rôdeurs

264 25 30
                                    



[...] oui, oui, j'ai entendu Achab murmurer : « Quelqu'un a mis entre mes vieilles mains ces cartes, jurant que je devais les jouer et non point d'autres. Et que je sois damné, Achab, mais tu as agi justement. Vivre le jeu et y mourir ! »

Deux jours s'étaient écoulés depuis l'insolation de Vi

Oops! This image does not follow our content guidelines. To continue publishing, please remove it or upload a different image.

Deux jours s'étaient écoulés depuis l'insolation de Vi.

Elle et Merle étaient toujours en route vers le Nord. 
Le temps avait changé brutalement, passant de quasi caniculaire à automnal d'un seul coup, comme si l'été avait décidé de s'achever brutalement, sans aucune transition.


C'est sous une pluie battante qu'ils croisèrent le panneau routier délimitant la frontière entre la Géorgie et le Tennessee (Merle avait décidé de ne pas longer la côte, mais de se rapprocher des Appalaches, la montagne constituant une zone plus sauvage et moins peuplée, où il espérait par conséquent trouver moins de rôdeurs), mais aucune pluie ne semblait pouvoir entamer l'enthousiasme de Vi.

Elle avait bondi d'excitation en voyant la pancarte séparant les deux états, elle avait arrêté la voiture au milieu de la route, en avait jailli comme une flèche et avait sauté en poussant des cris de joie et en faisant sa désormais traditionnelle danse de la victoire, sous l'averse. Elle avait ensuite insisté pour boire un grand verre de whisky cul-sec avec Merle et s'offrir un gros rail, pour fêter ça, selon ses propres termes, expliquant qu'elle fêtait depuis le début chaque frontière d'état qu'elle traversait, comme un rapprochement de plus, une étape supplémentaire vers son but final, le Massachusetts, et la lointaine et mythique Nantucket, ses plages, son océan à perte de vue et son Whaling Museum où l'attendait le squelette de baleine pendu au plafond.


Par contre, sa santé était loin d'être aussi radieuse que son humeur.

Elle avait passé deux jours plutôt pénibles, victime de pics de fièvre soudains, de migraines violentes accompagnées de crises de photophobie aigües qui l'avaient contrainte à passer des heures entières allongée sur la banquette arrière la tête cachée sous une couverture, d'accès de toux incessants au cours desquels elle avait craché ce qui avait paru à Merle des litres de sang, et surtout, des nausées fréquentes qui l'empêchaient de manger correctement depuis plus de vingt-quatre heures.

Si l'on soustrayait ce qu'elle avait vomi de ce qu'elle avait mangé, on obtenait un résultat où elle n'avait vraiment pas eu grand-chose dans l'estomac. Et en mettant bout à bout les rares moments où elle avait réussi à dormir, on atteignait à peine une nuit complète de sommeil étalée sur deux jours.


Pourtant, elle restait de bonne humeur malgré tout cela. C'était même la première à plaisanter à propos de son état. Elle avait expliqué à Merle que ça semblait fonctionner un peu par cycles, elle allait relativement bien quelques jours, puis mal les trois jours suivant, puis de nouveau bien et ainsi de suite. Elle appelait ça des « périodes chaise-longue » et des « périodes cercueil ».


Merle, lui, commençait à en avoir sérieusement marre. Devoir s'arrêter tous les vingt kilomètres pour que Madame puisse cracher ses tripes sur le bord de la route, être forcé à de longues heures de silence quand elle avait la migraine, et surtout, se retrouver enfermé dans un espace minuscule avec une fille qui toussait nuit et jour le rendait sérieusement irritable.

La tempête qui vient - Tome Deux - The Walking DeadWhere stories live. Discover now