"Vas-y, papa"

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Mon père, la main encore sur la poignée, me fixait méchamment. Mon absence l'avait clairement mis de mauvaise humeur.

-Zack Morson, où étais-tu? Me demanda-t'il d'une voix grave de reproches. Il avait bien appuyé sur chaque syllabe de sa phrase, lui donnant plus de crédibilité.

Je lui jeta le regard glacial que j'ai tant aimé offrir au gars à qui j'ai cassé la gueule il y a quelques semaines. On doit vraiment se prendre la tête pour ses propres erreurs? Il est parti fêter avec sa petite-amie et il pense que je suis trop stupide pour comprendre qu'il n'était pas qu'à un party de bureau?

J'entra dans la maison en le bousculant d'un coup d'épaule, sans lui répondre. Je craignais trop que quelque chose d'horrible se fraie un chemin de mes cordes vocales jusqu'à cette situation. En passant à côté de lui, il aggrippa fermement mon bras. L'adrénaline me frappa à plein fouet, car il était la dernière personne que je pouvais suspecter d'un jour agir ainsi avec moi. Veut-il vraiment en venir à ce point pour démontrer une autorité qu'il n'a pas sur moi? Jusqu'où est-il prêt à pousser son petit jeu? C'est tellement ridicule de sa part que je ne daigne même pas lever un petit doigt pour me défendre. Pourtant, je sais que j'aurai des marques si il continu de serrer aussi fort..

-Je t'ai posé une question alors maintenant tu vas y répondre: Où étais-tu? Susurra-t'il proche de mon visage.

Visiblement, il était pris dans plusieurs sentiments tel que la peur de me perdre et la colère de ne pas avoir d'autorité sur moi. La première pensée me traversant fût Chris.

-Chez mon petit-ami. Lâchais-je comme une bombe.

Elle eût un effet puisque l'explosion qu'elle provoqua dans la tête de mon père le fit relâcher totalement sa poigne sur moi. Il me dévisagea un peu, la langue moins pendue tout d'un coup. Désespéré de sa réaction, je relâcha l'air dans mes poumons, comprenant l'ampleur de ce que je venais d'avouer à mon paternel.

-Je.. articula-t'il, Je crois qu'on doit parler toi et moi.

-Si t'as quelque chose à me dire dit le moi maintenant qu'on en finisse au plus vite. Répondis-je sèchement.

Pris de court, il sembla chercher ses mots pour expliquer ses pensées. Cependant, il n'était capable que de produire des sons étranges, ses mots ne s'achevant pas.

-Vas-y, papa, dit les tes pensées. Dis-je la voix tremblante d'appréhension.

-Ce genre de chose ça.. ça prends du temps Zack.

Il me regarda tristement. J'ai mal de le voir réagir ainsi face à ce coming out précipité. À quel temps fait-il allusion? Du temps pour m'accepter? Alors que quelques secondes plus tôt il m'acceptait encore? Maintenant en colère contre lui, je souhaitais en terminer au plus vite.

-Tu veux qu'on parle? Alors on vas parler. Lui dis-je presqu'en grognant.

Il n'en fit rien. Il était muet comme une carpe.  Il avait la ferme intention de ne pas me dire ses pensées. Elles devaient vraiment être horribles pour qu'il n'ose pas les prononcer à voix haute. Je le regarda avec dédain et monta à ma chambre, dégoûté que son opinion de moi soit basée sur mon orientation sexuelle. Une fois dans ma tanière, la porte fermée à clef, je pris mon portable et ancra mes écouteurs dans mes oreilles. Sans réfléchir je tapa "Coming out" sur les touches du clavier. Lorsque j'acheva le quinzième visionnement d'un coming out surprise préparé par des youtubers sans intérêt, je compris quelque chose. Sortir du placard était probablement l'une des étapes les plus compliquées dans le fait d'être dans la communauté LGBT. Autant pour la personne sortant du placard que son entourage.

Maintenant que les choses s'étaient calmées, j'hésitais entre descendre discuter de ce qui me pèse sur le coeur avec mon père et rester emmitouflé dans ma couverture afin de m'endormir. Je décida d'agir maturement et descendis rejoindre mon paternel au rez-de-chaussée. Assis à la table dans la cuisine, il regardait dans le vide, d'un air absent. La musique de Noël projetée de la télévisions était le seul semblant d'ambiance qui régnait dans la maisonnée. Je m'approcha et m'assieds près de lui. Doucement, je posa ma main sur la sienne, comme je le faisais lorsque je lui présentait mes excuses, étant enfant. Au contact de mes doigts sur sa peau, il se leva brusquement, comme projeté de la transe dans laquelle il était. La chaise sur laquelle il était quelques secondes plus tôt fit un bruit fracassant lorsqu'elle toucha le sol. Il me regarda avec dégoût, monta rapidement à sa chambre et ferma sa porte.

Le lendemain matin, je me languis dans mes couvertures jusqu'à tard dans l'après-midi. Effectivement, j'ai eu excessivement de la difficulté à trouver le sommeil suite au comportement enfantile et homophobe de mon père. J'ai passé plus d'heures que nécessaire à fixer le plafond de ma chambre, remettant mon orientation sexuelle en question. Je m'étais demandé pendant plus de 20 secondes si j'aimais vraiment les hommes ou s'il s'agissait seulement d'une phase de l'adolescence. Puis, mon coeur m'a donné la giflée de ma vie en me rappelant à l'ordre. Bien sûr que je préfère les hommes aux femmes! Quelle question! La pouffiasse teindue d'un faux blond dans ma classe en français me revint à la mémoire. Puis celle qui m'avait sauté dessus sans aménagement au début de l'année. Enfin, je m'étais souvenu de la chose la plus importante: Ma mère était, est, et sera à jamais la seule femme que j'aurai aimé dans toute ma pas très sainte vie. Cette simple pensée m'avait automatiquement remis sur les rails de mon coeur. J'en suis donc revenu à penser à mon père. Puis, à Chris. Et ainsi de suite. Étrangement, je ne comprenais pas pourquoi mon père était aussi réactif à ce sujet. Je pensais qu'il aurait déjà quelques doutes par rapport à mon attirance homosexuel, je ne cherchais pas à le cacher car il s'agit d'une partie de qui je suis.

Quand je sortis de ma chambre, l'homophobe me servant de père n'était pas là. Super, déjà qu'il n'est pratiquement aucunement présent dans ma vie, maintenant il bat des records! Sans plus de pensées à son égard, je décida de ne plus penser à lui. Il vas finir par gâcher mes vacances si ça continue de cette manière. Assis devant la television accompagné de patates rôties, je pris mon téléphone et composa le numéro d'Émile. Il a beau dépasser les limites de ma patience par moments, il reste mon meilleur ami et sa présence me manque beaucoup. Aussi, je ressens le besoin de lui parler, alors il me presse qu'il se ramène au plus vite chez moi.

-Salut! Lança-t-il en décrochant après seulement deux sonneries.

-'Lut, ramène toi chez moi d'ici quinze minutes ça urge. Répondis-je simplement.

-Quoi?!? Attends mais je viens à peine de me réveiller putain Zack tu.. S'écria-t-il ahuri.

Malheureusement, je n'eu pas la chance d'entendre la fin de ses plaintes car je raccrocha, un fou rire diabolique s'emparant de moi.

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Allez, deux semaines, j'étais presque dans le délai ^-^'

Mon tuteurTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon