"La lettre"

466 12 7
                                    

Cela fait déjà plusieurs mois que j'aide mentalement Chris à passer cette période de sa vie. Nous n'avons eu aucun rapport depuis mais je m'en fiche, j'attends simplement que le temps passe, j'aide ses blessures à cicatriser, je suis là pour lui et c'est ce qui compte. On se dispute à quelques moments mais on se retombe toujours dans les bras par la suite. J'ai l'impression que rien ne bouge dans notre couple depuis un mois, nos baisés deviennent moins fréquents, nos regards se croisent moins, quand je l'approche il se contente de rougir et de faire comme s'il ne me voyait pas. En bref, il m'ignore tout bonnement. C'est pourquoi ce soir, en ce magnifique 22 décembre je lui prépare une surprise, qui j'espère, saura raviver la flamme de nos coeurs. J'agrippe une feuille, la première dans mon champs de vision. Je vérifie si elle n'est pas encore utilisée avant d'oser poser le bout de mon stylo dessus. Le crayon à la main, mon esprit créatif se laisse aller sur le papier. Tout ce qui est sur la feuille froissée me déplaît. J'écris une idée et la seconde d'après je la barre d'un fin trait noir. Il me faut quelque chose qui saurait rallumer l'étincelle dans son regard lorsqu'il me regarde. Quelque chose qui lui redonnerait confiance, qui lui rendrait le sourire. Quelque chose qui lui plairait, dont il s'en souviendrait toute sa vie. Je veux faire ça en grand. Soudain, l'idée parfaite me saute aux yeux dans toute sa splendeur. Comme si c'était une évidence. Je laisse l'encre couler sur la feuille bon marché que j'ai trouvée à la vas-vite, ne pouvant cesser ma main de parcourir les lignes bleues pâles de la pointe de mon stylo noir.

24 décembre

Jour fatidique de la surprise à Chris. Je suis sous le pommeau de douche, les cheveux moussants dans un shampoing à la noix de coco. Possédant une pilosité inexistante sous les bras et les jambes, je ne jette même pas un regard au rasoir. Pitoyable pour un homme je sais. J'empoigne le savon pour le corps et nettoie chaque parcelle de mon corps, ne souhaitant laisser aucune trace de saleté, malgré le fait que je ne pense pas en posséder sur moi. Lorsque je termine de me laver et que l'eau est éteinte, je sèche ma crinière et la brosse de la manière la plus soignée possible. Lorsque le résultat me plaît, je me parfume légèrement, juste pour le plaisir de sentir bon. Lorsque je m'observe dans le miroir je peux constater que mes mains tremblent tellement je stresse. Malgré tout, le reflet que me renvoi la glace me satisfait. Je crains tellement sa réaction. Est ce que je fais quelque chose de complètement stupide? Probablement. Mais notre couple ne peut pas descendre plus bas qu'il l'est présentement. Comme le dit le proverbe; le plus beau lorsqu'on touche le fond c'est que la seule chose qui peut nous arriver par la suite c'est de remonter. Ok j'ignore si ce proverbe existe vraiment, je l'ai juste entendu en écoutant "Sing", vous savez ce film dans lequel des animaux chantent? Penser à des trucs aussi débiles me fait sourire car je sais que je pense inconsciemment à n'importe quoi pour me détendre. Je me rends dans la chambre du blond pour terminer la préparation de tout. Un par un, d'une lenteur contrôlée et rassurante, mes vêtements retrouvent le sol de la chambre du blond. Je ne veux pas me sentir brusqué. J'ai peur, cela faisait longtemps que je n'avais pas ressenti à nouveau ce sentiment, ce noeud dans mon estomac. J'ignore si c'est le stress ou l'excitation mais je ne peux m'empêcher de penser que c'est un cocktail étrangement agréable. Je me rends à la porte d'entrée (oui oui, nu comme un ver) et dépose une de mes chaussette devant celle-ci. Je pose la deuxième à un mètre de distance du premier, suivit de mon pull et de mon jogging. Mon sous-vêtement reste tout de même dans mes mains, je le garde pour plus tard. Je positionne les autres vêtements de sorte à ce que cela forme un chemin, celui-ci menant à la table dans la salle à manger. Sur le meuble de bois, un message que j'ai pris le temps de composer y est, attendant sagement d'être lu. Puis, sans aucun détour je me rends de nouveau à la chambre du blond. Juste devant la porte de la pièce, je pose le dernier bout de tissu gardé à cet issu. Finalement, j'accroche une des cravate de mon séduisant tuteur sur la poignée de la porte de bois et entre dans la pièce.

Mon tuteurWhere stories live. Discover now