Ses yeux...

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PDV CHRIS

Suite aux évènements troublants de la veille, j'avais pris en charge le jeune garçon boueux qui avait été attaqué par la fou furieux aux cheveux noirs. Je lui avait demandé où il habitait et il m'avait donné son adresse ainsi que son prénom. Chez lui et en sécurité, Samuel m'avait remercié d'être venu le porter et d'avoir été gentil avec lui, malgré qu'il ne méritait pas cette gentillesse. Je n'avais même pas eu le temps de comprendre qu'il était déjà sorti de la voiture et me disait au revoir. Tous le reste de la soirée, je tournais en rond, me demandant ce que je devais faire. Regarder ou non le dossier de mon élève? J'avais peur de ce qu'il y aurait d'inscrit dedans. J'agis vraiment comme une petite fille qui a peur de la punition que ses parents vont lui donner. Je n'ai pas mangé et avais pris une douche pour me calmer les nerfs. Mon coeur d'agneau, sensible et effrayé n'était pas prêt à tant de violence. Je m'étais endormis vers les 22h00. À présent j'étais dans mon lit, hésitant à me lever ou non. Je finis par sauter sur mes pieds, décidé à bien commencer ma journée. J'alla préparer le percolateur et prépara mes oeufs pendant que le café filtrait calmement. Il n'était que 6h15 du matin et j'étais en sous-vêtement, devant la télé, portant mon café brûlant à mes lèvres. Mon assiette et les ustensiles dans l'évier, je partis m'habiller à ma chambre. J'avais opté pour un simple pull blanc en laine et un jeans bleu foncé. Je peigna distraitement mes cheveux blonds tout en regardant mon horaire de travail pour aujourd'hui. J'enseigne à la première, deuxième et troisième période. Il fallait l'avouer, j'étais heureux d'avoir terminé les études et de pouvoir faire don de mes connaissances aux autres. Donner sans attendre quelque chose en retour, autre qu'un merci, est pour moi un acte de bonté pure. Je brosse ensuite mes dents et prépara mon repas pour ce midi. La journée risque de passer lentement malgré mon enthousiasme contagieux. Mes chaussures lacées et mon repas préparé, je sortis en prenant soin de prendre mes clés et verrouiller la porte de ma demeure derrière moi. Je monta dans ma voiture et mis le contacte. Quelques minutes plus tard, on pouvait déjà voir l'école dépourvue d'élèves à ses alentours. Il n'était que 7h15, pas de quoi se presser pour l'instant. Mon lieu de travail était grand et bien entretenu malgré les deux seuls concierges qui gèrent la propreté. Même si les murs étaient légèrement dépeints, les salles de bains avec leurs dessins peu chrétiens sur leurs murs et les casiers décorés aux goûts des élèves par certains endroits, je m'étais attaché au bâtiment au premier regard hier matin. Je me gara calmement et descendis de la voiture sans me presser. Un peu plus tard, dans la salle des profs, M.Moreau prit place dans la pièce et nous discutâmes jusqu'au son de la cloche. Le premier cour de la matinée s'écoula rapidement et les jeunes furent calmes, sûrement dû à la gêne et au stress de ne pas connaître la plupart de ceux qui les entouraient. Je leur ai fait le même discours que hier tout en utilisant la bonne humeur qui m'anime. Même chose pour la deuxième période de classe. À l'heure du dîné, j'avais été affecté au poste de surveillance aux couloirs. Tous les mardi et vendredi. Ça ne me dérangeait pas, je n'avais rien de mieux à faire de toute façon, ça me rendais heureux de me rendre utile d'une quelconque manière. Alors que je marchais d'un pas lent, une masse noire tourna le coin du couloir dans lequel j'étais. Elle longea rapidement les casiers, tout en restant tapis dans le plus d'ombre possible, comme pour ne pas déranger les autres. Je jeta un regard subtile sur la personne et quand mon regard croisa celui gris profond du garçon, le rouge me monta rapidement aux joues et je détourna la tête pour tenter de faire croire que je n'avais jamais osé poser mon regard sur lui. L'ombre se contenta de continuer sa route sans dire un mot et disparu aussi vite qu'il était apparu.


Une semaine s'était écoulée depuis ce jour. Cinq jours à éviter ces yeux gris et cette chevelure charbon qui ne portait pas attention à mon cours. J'ai tellement peur de m'attirer ses foudres (après que j'ai vu ce qu'il a fait à Samuel) que je n'ai pas le courage de l'interpeller en classe ou affronter ses yeux. Vous vous dites sûrement: T'es son tuteur, t'as pas à avoir peur ou quoi que ce soit! T'as 25 ans prends ton courage à deux main bon sang! Mais voilà j'y arrive pas alors je laisse tout passer. Nous sommes dimanche et demain les cours reprennent. J'ai envie de jeter un oeil sur ce dossier... Mais j'ai encore la boule au ventre juste en pensant à ce qu'il a fait au garçon une semaine plus tôt.

***
~Chris, devrait-il avoir peur?~

Mon tuteurWhere stories live. Discover now