40.Sacrifice

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 Stiles s'approcha lentement du mur d'où émanait le ronronnement, puis posa doucement la main sur la pierre, comme par crainte d'effrayer ce qui se cachait derrière cette barrière

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Stiles s'approcha lentement du mur d'où émanait le ronronnement, puis posa doucement la main sur la pierre, comme par crainte d'effrayer ce qui se cachait derrière cette barrière.

-Il est là, juste derrière ce mur. Je le sens.

La main du garçon se déplaça presque mécaniquement sur la surface humide et il se mit à parcourir le mur en longueur, sans cesser d'y toucher, jusqu'à ce que ses doigts rencontrent un pan de roche disproportionné au reste du mur. Il tenta de soulever ce bout de roc jusqu'à entendre une détonation sonore.

À la surprise générale, ce mur vieux de milliers d'années bougea et se mit à rouler comme s'il eut été sur des railles pour dévoiler une petite pièce cachée dans les fondations.

Le bâton de Moïse apparut sur un treuil qui parut briller comme de l'or dans la faible lumière de la grotte. Stiles, qui se l'était jusqu'alors imaginé comme étant un simple bâton de marche en bois, fut époustouflé par la majestuosité de l'artefact, serti de gravures en or et de diamants. Il s'approcha timidement, comme s'il eut fallut une permission pour s'avancer vers le somptueux objet, puis osa finalement l'effleurer du bout des doigts.

-Stiles !

L'adolescent sursauta et réalisa à cet instant que la vue du bâton l'avait emporté dans une sorte de transe. Transe de laquelle la voix grave et rauque de Dean venait de le sortir.

Parce que c'était bien Dean qui venait de débouler dans la grotte, suivi par tous ses amis. Stiles sentit tout à coup son cœur trépigner de réconfort et de soulagement, mais ce sentiment fit rapidement place à la crainte lorsqu'il aperçu les sbires de Crowley encercler la troupe comme des chiens enragés.

-Tu as dit que tu leur ferais aucun mal ! s'écria l'adolescent à l'intention du roi de l'Enfer, histoire de lui rappeler leur accord.

-Il me semblait pourtant t'avoir clairement fait savoir qu'ils ne gagneraient pas leur liberté pour autant si je leur laissais la vie sauve, répondit le démon. Fais ton boulot comme il faut ou tes amis en payeront le prix, c'est tout ce que t'as à savoir ! Maintenant, emmène-moi le bâton, que je vois cette merveille d'un peu plus près.

Stiles se sentit trembler de rage et dût faire des efforts inhumains pour éviter de montrer ses émotions. Sous les regards chamboulés de ses proches, il empoigna la précieuse relique et s'avança d'un pas déterminé en direction du démon.

-Simple curiosité, Crowley: qu'arriverait-il si ce bâton venait à être détruit ? J'imagine alors que moi seul serait en mesure de le rafistoler, comme je suis le seul à pouvoir l'utiliser.

-J'imagine, oui, répliqua le roi de l'Enfer en tâchant de ne pas laisser paraître son inquiétude. Mais comme c'est moi qui suis présentement le digne propriétaire de ton âme, je te conseille de te tenir tranquille et de ne pas faire de bêtises.

Une vague d'horreur traversa chacun de ses amis à l'entente des propos de Crowley. Les traits de Sam et Dean se décomposèrent tandis que le cadet Winchester soufflait d'une voix blanche:

-Mais qu'est-ce que t'as fait, Stiles ?

-J'ai fait ce que j'avais à faire, répondit le garçon. Vous auriez fait pareil à ma place, alors ne m'en voulez pas.

-Alors t'es devenu l'esclave de ce salaud ? grogna Dean.

-Non, pas son esclave, parce que j'ai encore assez de liberté pour prendre mes propres décisions.

-Vraiment ? sourit sarcastiquement Crowley. Et quelle décision as-tu la liberté de prendre, gamin ?

-Celle de te faire chier ou non.

Sur ces mots, le jeune Stilinski brisa le bâton de Moïse contre son genou, juste sous les yeux ébahis de Crowley. Sa mission était complète, à présent. Il avait accompli la tâche que Joshua attendait de lui. Maintenant que le bâton était détruit, ni les anges, ne les démons ne pourraient l'utiliser à mauvais escient. 

Il restait néanmoins une petite accroche au point de Stiles. Tant et aussi longtemps que lui restait vivant, ses ennemis pouvaient se servir de lui pour le forcer à réparer le bâton, comme lui seul en avait le pouvoir. On n'hésiterait pas à le torturer, puis à torturer ses amis. Toutes les méthodes seraient bonnes pour ses adversaires afin d'acquérir la puissance du bâton. La seule manière possible d'arrêter les hostilités donnait donc enfin son sens au sacrifice dont Joshua lui avait parlé.

Les yeux rivés sur les morceaux de bois qu'il avait toujours entre les mains, le garçon remarqua que les deux extrémités prenaient désormais la forme de pieux acérés. Sans réfléchir davantage, il porta l'un des bouts pointus à sa poitrine et, sous les cris de panique et de désespoir de ses proches, s'enfonça profondément l'épieux dans le ventre.

Il entendit vaguement Crowley hurler de rage, puis la horde de démons se disperser à travers la grotte. Il crut reconnaître les sanglots de Lydia, sentir ses longs cheveux blond vénitien frôler son visage. À vrai dire, il n'avait même pas réalisé qu'il était tombé au sol, sans doute parce que son corps tout entier lui semblait s'être soudainement transformé en coton. Pour ce qui était de son esprit, il avait l'impression de nager dans une mer de marshmallow. Tout paraissait rouler au ralenti, même les supplications de Scott, qui lui demandait de tenir le coup, qu'ils parviendraient à le sauver, qu'il ne pourrait pas supporter de le voir mourir. Stiles ouvrit la bouche pour dire à son meilleur ami, son frère de cœur, que c'était inutile, que c'était l'unique moyen d'empêcher la fin du monde et qu'il était prêt à endosser le poids de tout ce que cela engendrerait. Néanmoins, aucun son ne voulut franchir la barrière de ses lèvres à part une série d'onomatopées et de grommèlements incompréhensibles.

-N'épuise pas tes forces, Stiles, lui ordonna Castiel en s'agenouillant à son tour auprès de lui. Je vais te soigner.

L'ange voulut poser sa main sur le ventre de l'adolescent, à l'endroit où le bâton transperçait sa peau, mais la main de Stiles, faible, tremblante, vint arrêter l'initiative de son ami ailé.

-Non...parvint-il à articuler. C'est ça...C'est mon sacrifice. C'est ce que veut Joshua. Je dois...Je dois...

Stiles se tut, étouffé par un jet de sang qui lui entravait la gorge. L'un de ses poumons avait été touché. Castiel esquissa un mouvement pour lui venir en aide, tout comme le reste de la bande, mais leur agitation fut noyée par l'obscurité. Stiles ferma les yeux, emporté par la fatigue et, exténué, poussa un dernier soupir.

Par lui, avec lui et en luiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant