50- Élément perturbateur.

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Le menton posé dans la paume de ma main droite. Je regardais mon prof d'anglais sans vraiment le voir.
Voilà déjà quinze bonne minutes qu'il dispensait son cours et on dirait que le flot de paroles destiné à m'instruire ne me concernait pas.
Je baillai une énième fois de fatigue ou d'ennui. Peut-être même les deux. Qui sait?!

Un coup à la porte interrompit mon prof dans son long et fatigant monologue. Agacé, il alla ouvrir la porte où il y resta pendant près de cinq minutes et la referma en revenant avec entre les doigts une enveloppe.

-Sortez vos manuels et commencez les exercices de la page 105.

La classe se remua immédiatement pour ensuite faire place à un silence total.
J'ouvris mon manuel et n'y vis que du noir. Finalement, je ne suis pas prêt de finir acec ces exos.

Je jette un coup d'œil circulaire à la salle et fus surprise de constater que je ne suis pas la seule à être atteinte de «m'enfoutisme-des-exos-anglais-à-résoudre».

Elena et sa bande papotent délibérément, quelques garçons sont occupés à pianoter sur leur portable, Dylan fait une sieste et Lou se lime les ongles. Sauf une dizaine d'élèves obéissent aux ordres.

On frappa une seconde fois à la porte, et M. Parker tout en maugréant va ouvrir la porte.

J'en profite pour sortir mon portable de ma poche et naviguer un moment.

Soudain, je me figeai net. Les conversations pourtant animées s'étaient brusquement atténuées. Tous les visages des élèves convergeaient vers l'entrée.
Je suivis leur regard et mon cœur rata un battement lorsque mes yeux rencontrèrent les siens d'un vert perçant.
Je sentis l'air de la salle se raréfier et la terre qui s'ouvrait sous mes pieds. Une douleur, comme la lame d'un couteau acéré me transperça la poitrine.

Pendant un long moment, le ragard vert d'Elliot demeura rivé dans le mien, glacial, dénué de toutes émotions.
Finalement ses lèvres s'étirèrent en un sourire mauvais, ce qui suffit à me glacer le sang.

Le directeur que je n'avais jusqu'à présent aperçu échangea quelques mots à voix basse avec M. Parker avant de s'éclipser.

-Très bien! Classe, voici votre nouveau camarade Elliot, nous adressa M. Parker. Elliot, pourrais-tu te présenter à la salle.

-Pas de problème! répondit le concerné. Bonjour! Je m'appelle Elliot Sanders, je viens de Virginie et j'ai récemment emménagé ici. Je suis très heureux d'être parmi vous.

-Très bien. Vous pouvez regagner la chaise du fond, celle à côté de mademoiselle Marie-Lou.

Elliot obéit et se dirigea vers la place qui lui était destinée. Il n'omit pas de me lancer un coup d'œil empli de sous-entendu.

Je pouvais d'ores et déjà previsager que ma vie allait se transformer en un véritable enfer.

La sonnerie retentit, indiquant la fin du cours. Je décidai de rester sur place attendant que la salle se libère entièrement.

Tout au long du coup, il n'avait daigné me lancer un seul regard, alors que moi, je guettais ses moindres gestes. Il avait fait comme s'il ne me connaissait pas.

Alors pourquoi, m'avait-il lancé ce regard? Ce rictus? Ce clin d'œil? Les avais-je imaginé?

-Tu viens Lyz? m'interpella Lou, me tirant de mes pensées.

Pour toute réponse, j'hochai la tête et attrapai par la suite mes affaires. Tout au long de la journée, j'étais restée sur le qui vive. J'avais affreusement peur et étais terriblement paniquée.

Elliot avait comme disparu de l'enceinte du lycée. On ne l'avait plus aperçu depuis la fin du cours d'anglais. Il ne pouvait pas ainsi se volatilisé...non?

-Je reviens Lou, il faut que j'aille tout de suite aux toilettes.

-Tu veux que je t'accompagne? fit-elle la mine soucieuse.

-Pourquoi? Tu vas lui tenir la chandelle? lança Dylan.

Pour toute réponse, Lou lui lança la croûte de son pain, ce qui m'arracha un petit rire.

-Je reviens tout de suite, les avertis-je.

Ils ne cesseront jamais de m'étonner ces deux-là!

M'apprêtant à sortir de l'une des cabines, un fou rire, suivi de deux autres me fit stopper mon geste.

-Je ne sais pas ce que je donnerai pour sortir avec lui. Ne serait-ce qu'une seule journée. lança Elena.

J'entrouvis légèrement la porte afin de pouvoir les observer.

-...Ou ne donnerais pas... Il est trop canon, fantasma Elodie. Et en fait, vous avez vu comment il regardait Elizabeth? On aurait dit qu'il était à deux doigts de lui sauter dessus.

Pas besoin d'un dessin pour comprendre qu'elles parlaient d'Elliot. Ainsi, je n'avais pas rêvé. Il m'avait bien regardé.

-Lui sauter dessus, dans le bon ou le mauvais sens du terme? demanda Miranda perplexe.

Elena arrêta de se farder les lèvres et ajouta sur un ton sanglant:

-Miranda, c'est ton string hyperserré qui provoque le manque d'oxygénation de ton cerveau ou t'es vraiment conne de nature?

-Oh putain, Elena! ria Elodie.

-Bon, on y va? demanda cette dernière d'une manière tout à fait désintéressée.

Elodie la suivie, laissant Miranda tout à fait pantois.

-Aurait-elle insinué que j'avais le cerveau dans le cul?

Je dus mettre ma main devant ma bouche pour réprimer un fou rire et attendre qu'elle soit remise de sa tupeur pour quitter les lieux. Franchement, je la plains.

Je me lavai les mains et m'aspergeai par la suite le visage d'eau froide dans l'espoir de me remettre les idées en place après une journée aussi mouvementée.

Je quittai les toilettes et rejoignis mes amis à la cafet.

La vibration de mon portable m'obligea à le sortir de ma poche, où je pus apercevoir l'arrivée d'un nouveau message.

Ainsi, on décide de se cacher dans les toilettes...







L'interdit attire. [ TERMINÉE/RÉÉCRITURE ]Where stories live. Discover now