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L'homme au blazer a les mains extraordinairement douces, fraîches. Je plonge et me perds dans le vert de son iris, il sourit. Quelques minutes suffisent pour que je pose mes mains sur son torse, sans m'en rendre compte. Il rit puis me parle à l'oreille :

- Ton copain et toi, vous êtes échangistes aussi ?

Surpris et angoissé je réponds :

- Il s'appelle Boris, c'est mon ami. On ne fait pas de chose entre nous et encore moins avec un couple inconnu.

Je retire mes mains de son torse.

- On peut faire connaissance si tu veux.

- Non.

- Excusez-moi ! Crie Pauline en s'incrustant et passant entre nous. Le Polytrophone à l'oreille, elle me prend par la main et me tire un peu plus loin.

Boris nous suit.

- On y va ? C'est qui ces gens ?

- Ouais on peut y aller. Tu es avec ta mère au téléphone ? Des échangistes.

Elle range son appareil puis :

- Ah ok. Non, j'étais avec personne, je vous expliquerai ! crie-t-elle en se dirigeant vers la sortie.

Je tiens Boris par la main, on suit Pauline et on met enfin les pieds sur le bois du quai.

- On s'entend mieux là ! Dit notre amie pendant que nous admirons les quelques centimètres de neige qui se sont formés sur le sol.

- Toi aussi Boris, iels t'ont fait des propositions... ?

- La femme m'en a fait, c'était très gênant. Merci Pauline de nous avoir sauvé !

- Ouais, merci Pauline. Et au fait, tu étais avec qui au téléphone ?

- Personne, je t'ai dit, répond-t-elle, un peu honteuse.

- Que s'est-il passé ?

- Je... Elle stoppe sa phrase quelques très longues secondes avant de reprendre :

- J'étais avec le mec tu sais ?

- Oui ?

- Ben il me plaisait, je lui plaisais, on a dansé, je le touchais, la température est montée, tout allait bien et... ben j'ai senti un truc dur mais très petit. Il m'a fait penser à mon ex et j'ai fait semblant d'avoir reçu un appel.

- T'es sérieuse ? Je demande en riant, tu n'as pas continué parce qu'il en avait une trop petite à ton goût ?

Elle fait la moue et rigole.

- Bon, on avait dit à ta mère qu'on ne rentrait pas tard, ça vous dit de partir d'ici ? Interrompt Boris.

- Ouais, on s'est bien dépensés, une certaine personne a bien bu, on peut rentrer à la maison ! Je réponds à mon ami.

- Qu'est-ce que tu insinues ? Me demande Pauline.

- Que tu es un brin désorientée. Je le lui dis en faisant glisser mon index sur le bout de son nez.

Elle rit, puis Boris et moi faisons de même.

Nous marchons, nous les hommes jusqu'aux arrêts de Bulliludus et autres moyens de transports. Pauline saute sur mon dos pour ne pas abîmer ses escarpins. Mes pieds et ceux de Boris s'enfoncent dans la neige, c'est drôle et agréable.

Soudainement, je vois quelque chose de moins agréable, je deviens blanc, frissonne de tout mon corps et lit à voix haute :

- «En raison d'intempéries, les transports ne sont plus assurés jusqu'à demain matin 10h30.»

Mes ami.e.s se tournent vers moi, Pauline rigole nerveusement. Quant à Boris, il semble réfléchir et dit :

- On retourne à la fête, on pourra peut-être dormir sur la péniche.

- Si c'est le cas Pauline, tu pourras prévenir ta mère.

Demi-tour et marche jusqu'à la péniche. Je sens déjà mes blonds cheveux friser à cause de l'humidité ambiante. Nous apercevons des hommes dehors, ils parlent tranquillement.

- On va demander à ces types si l'on peut dormir ici : aller dans la péniche ne servirait à rien.

On ne répond pas, on la suit.

- Salut les gars, désolée de vous déranger, on est trois et on aimerait savoir si La péniche propose d'héberger ?

Dans son discours et sa voix tout le monde sait qu'elle n'a pas bu que de l'eau.

L'un d'eux prend la parole :

- Sur la péniche, je ne pense pas que ce soit possible. Chez moi non plus mais...

Il regarde ses amis.

- Chez moi oui, c'est grand. Ce sera pas luxueux mais ça devrait le faire. Ça vous va ? Demande un autre.

- Ah ben oui, très bien. Au point où on en est... Je suis Pauline voici Arthur et Boris. Répond-elle, sans même nous consulter.

Héliosexuel [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant