59- Le chat et la souris

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Nous roulâmes sur la moquette beige. Je me retrouvai rapidement sur le dos, et me débattis autant que possible : il pesait si lourd ! Surexcité, Ethan White se redressa à moitié.

— Je te l'avais dit ! Je te l'avais dit que nous serions bientôt tous les deux, n'est-ce pas ? Je t'avais promis que ton tour viendrait et j'ai tenu ma promesse !

Je distribuais des coups de pied dans le vide ; aucun d'entre eux ne l'atteignait. Dans ma débâcle, j'attrapai par mégarde le câble du téléphone fixe qui tomba du bureau, entraînant presse-papier et porte stylos dans sa chute. Les objets retombèrent en cascade sur son dos, le déstabilisant l'espace de quelques secondes : je n'avais pas besoin de plus. Je me relevai et me précipitai vers la porte du bureau.

— Où crois-tu aller comme ça ? hurla-t-il en se relevant d'un trait.

Esquive.

Je plongeai sur le côté, juste à temps pour éviter que les bras de l'homme ne se referment sur moi. J'ouvris la porte du bureau et sortis en trombe dans le couloir désert. Ethan White ? Ethan White était le tueur de la rivière ? Ce n'était pas possible. J'accélérai ma course dans le couloir obscur. Pourquoi ? Ça n'avait absolument aucun sens ! Je glissai sur le sol et me fit violemment mal au genou.

— Où vas-tu ? La leçon n'est pas terminée ! hurla Ethan White derrière moi.

Je me relevai en toute hâte et dévalai l'escalier. Les bureaux des professeurs se situaient au troisième étage, il me suffisait juste de gagner le rez-de-chaussée pour m'enfuir. Plus que deux étages à descendre... Ethan White atterrit soudainement devant moi. Venait-il de sauter par-dessus la rambarde ? Pas le temps de réfléchir, je pivotai aussitôt, empruntant la première porte qui donnait sur le couloir du deuxième étage. Je forçai une à une les poignées avec frénésie : fermées. Les salles de cours étaient toutes fermées !

— C'est inutile, Eden... glissa la voix du professeur depuis le palier.

Je m'élançai vers l'ascenseur au bout du couloir qui ne m'avait jamais paru aussi long. J'appuyai sans succès sur le bouton supposé l'appeler ; l'ascenseur ne se trouvait pas au deuxième étage ! Je m'acharnai sur le bouton comme une forcenée ; il mettait une éternité à venir... Je cognai violemment les portes de l'ascenseur, puis me figeai : la silhouette menaçante d'Ethan White se profilait à l'autre bout du couloir. Je m'éloignai à toute vitesse de l'ascenseur, je faillis perdre l'équilibre en tournant vers la gauche. Je me précipitai vers la passerelle qui communiquait avec la deuxième aile du bâtiment. Je n'avais pas le temps de reprendre mon souffle, il fallait absolument que je parvienne à m'enfuir. Ethan White... Je devais prévenir quelqu'un, n'importe qui, au plus vite ! Tout en courant sur la passerelle, j'aperçus à travers les vitres les éclats de lumière qui éclairaient le ciel juste au-dessus du terrain de football. Le match touchait à sa fin ? Vous ne savez pas... Vous ne savez pas ce qui se passe ! hurlai-je en silence. Je secouai la tête et redoublai d'effort. J'atteignis ainsi la deuxième aile.

Cache-toi dans cette salle.

Je m'exécutai aussitôt. Je refermai la porte derrière moi et plongeai sous l'une des tables. Mon téléphone... Il fallait que j'appelle la police au plus vite ! Je fouillai mes poches, écrasant l'amulette au passage. Pas de téléphone. Merde, je l'avais égaré ? La porte de la salle s'ouvrit dans un grincement qui me glaça le sang. Je m'immobilisai instantanément.

— Eden ? appela le professeur d'une voix traînante.

J'entendis la porte se refermer tout doucement. La respiration courte, je me forçai à jeter un œil. Ethan White passait lentement entre les rangées. Les battements de mon cœur s'affolèrent lorsque je vis le couteau qu'il avait à la main.

Kivari #1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant