Ruminations

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L'ambiance qui suit la mort de Winston est maussade comme elle ne l'a jamais été. On est tous sous le choc de la façon dont il est mort, de la manière dont l'infection s'est propagée, à un vitesse phénoménale. Ce qui me perturbe le plus, c'est que j'étais persuadée que nous étions tous immunisés. C'est ce que Ava Paige nous avait fait comprendre dans son enregistrement à la sortie du Labyrinthe. Et nous venons de comprendre que non, nous n'étions tous pas résistants à ce virus.

« - On était censés être tous immunisés... » dit-Newt, le soir après la mort de notre ami.

Nous nous sommes installés dans un vieux bâtiment au milieu du désert, encore réduit en ruines. Nous avons réussi à allumer un feu, autour duquel nous sommes en train de manger ce que nous avons pu trouver dans nos sacs.

« - Apparemment, on ne l'est pas tous... » murmure Teresa, le regard dans le vide.

Ses paroles sont pleines de sous-entendus, mais, encore sous le choc des événements de la journée, je ne réfléchis pas sur ce qu'elle vient de dire.

Notre groupe ne cesse de diminuer. Nous ne sommes plus que Newt, Thomas, Minho, Poêle-à-Frire, Clint, et deux autres blocards appelés Will et Link. Bien sûr, il y a Teresa et Aris, mais ils n'étaient pas dans notre groupe initial.

Il y avait une cinquantaine de garçons lorsque je suis arrivée au bloc. Et maintenant, nous ne sommes plus que huit. Huit sur cinquante. Ces pensées me démoralisent. A notre sortie du Labyrinthe, je pensais que le cauchemar était fini, que nous allions reprendre nos vies, et que malgré les pertes durant la bataille contre les griffeurs, j'avais réussi à faire sortir un bon nombre de blocards, en trouvant la sortie du Labyrinthe dans le peu de souvenirs que j'avais récupérés.

Et je me rends compte que tout cela n'était qu'illusions. Nous ne sommes plus beaucoup, livrés à nous-mêmes dans un monde apocalyptique, rongé par un virus. On n'a aucun endroit où aller, pas de maisons avec une famille qui nous attend. Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer de trouver un refuge chez des rebelles sans toit, installés dans les montagnes. De toute évidence, à part WICKED, personne n'a un vrai toit...

Et je ne vois pas quelle perspective d'avenir on peut avoir. Qu'est-ce qu'on fera, si on arrive aux montagnes ? Passer notre vie à se cacher du WICKED ? À échapper aux fondus ? En ajoutant que nous resterons certainement amnésiques, jamais nous nous souviendrons de notre passé...

Je ne me sens vraiment pas bien, en pensant à ça. Je me lève et sors du groupe pour me diriger dehors. Je m'assois contre un mur et respire l'air de la nuit, seule face à l'immensité du désert plongé dans le noir, perdue dans mes pensées. Dans ma poche, je retrouve la petite statuette que Chuck m'a donné, juste avant de mourir, lorsqu'il me demandait de la donner à ses parents. Et c'est là que je commence à pleurer, discrètement, pour ne pas alerter les autres. Mais bien évidemment, il y en a qui le sent.

Une main se pose sur mon épaule, et la personne s'assit à mes côtés. Newt.

« - Qu'est ce qui ne va pas ? » me murmure t'il en caressant mon dos.

Je lève mes yeux vers son visage, qui me regarde avec attention et tendresse.

« - Rien ne va. Tous les blocards sont en train de disparaître... on est poursuivi par une organisation d'enfoirés, dans un monde sans civilisation. Je... je pensais qu'on allait s'en sortir, qu'on allait reprendre une vie normale... et il n'y a plus rien. On est livrés à nous-mêmes, entourés d'humains transformés en monstres sans âmes... on a rien... et si on est dans cette situation, c'est à cause de moi et de mes idées stupides... » dis-je d'un trait, expiant tout ce que je ressens d'un coup.

« - Ne dis pas ça. Ali, c'est grâce à toi qu'on est libres, » dit-Newt pour essayer de me remonter le moral.

« - Libres... avec WICKED aux trousses, et ces montagnes qui semblent impossibles à atteindre ? Et les blocards sont complètement démoralisés par ce qui se passe... »

Newt semble pensif, attentif à ce que je dis. Il baisse la tête, prenant quelques instants de réflexion, puis la relève, le regard assuré et profond.

« - Il y a un endroit, pour nous tous, quelque part. Je ne sais pas où c'est, mais ce que je sais, c'est que beaucoup de nos amis sont morts pour qu'on y parvienne. Jamais ils n'auront cette chance d'être libres, d'avoir un espoir de s'en sortir. Alors on ne peut pas abandonner, alors qu'ils ont donné leurs vies pour qu'on en soient là.»

Ses paroles me font sortir de mes sombres pensées, pour la première fois depuis des jours.

« - Et toi non plus, tu ne peux pas abandonner. Je ne te laisserai pas », dit-il avec un sourire.

C'est un don, chez lui, de remonter le moral en quelques secondes ? Je pense bien... certes, l'avenir est incertain, mais il me fait prendre conscience que nous devons nous battre pour honorer le sacrifice de nos amis. Tellement de blocards sont morts face aux griffeurs pour qu'on puisse sortir... d'autres ont été repris par WICKED, lorsque nous nous sommes échappés et juste après, d'autres encore ont été tués par les fondus. Je repense à Chuck, qui s'est sacrifié pour me sauver alors que Gally a essayé de me tirer dessus. Newt a raison. Je ne peux pas baisser les bras.

Je fais un faible sourire à Newt, puis il m'embrasse. C'est le premier vrai baiser que nous partageons depuis notre sortie du Labyrinthe. Pas des baisers furtifs avant de dormir, ou lors des pauses lorsque nous avons du temps, mais un vrai baiser, long et passionné, avec tout l'amour que nous avons l'un pour l'autre.

« - Oh, trop mignon !  Allez pas trop loin non plus, on est là, n'oubliez pas », lance un ton sarcastique que je connais trop bien, nous faisant sursauter. Bien évidemment, quelqu'un s'est approché et devait attendre ce moment avec impatience...

« - Oh toi, Minho, tu ne perd rien pour attendre, tocard ! » je lui crie en m'élançant dans sa direction, furieuse qu'il nous ait interrompu.

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Je me suis rendue compte que ça faisait un bout de temps que je n'avais pas rédigé un moment Flavia/Newt comme ça ! J'adore écrire ce genre de passages ! Vous en pensez quoi ?

Et merci pour les 13K ! C'est juste énorme !

À plus !

I Will Stay Forever With You / the Maze Runner - Newt.  EN RÉÉCRITUREOù les histoires vivent. Découvrez maintenant