- Oui c'est vrai qu'il a une gueule et une attitude d'hétéro. Dis-je.

- Il est surtout marié. Ajoute Pauline.

- Cela ne veut rien dire : si M. Fleurant est comme les trois quarts des Français, qu'il soit marié ou non ne le freinera pas ! S'exclame Boris.

- Non mais calmez-vous les copains ! Ce n'est qu'un fantasme, je ne compte pas briser un amour, ou passer à l'acte s'il est comme ce qu'il paraît. Si ce monsieur est libertin ou infidèle, c'est son problème, moi, je ne cautionne pas.

- L'infidélité d'accord, c'est son problème. Mais le libertinage ça se fait à deux, sa femme est au courant et fait pareil. Je ne vois pas où est le problème, personne ne souffre. Renchérit Pauline.

- Hum. On peut changer de sujet ?

- Non, répond Boris, tu vas lui écrire.

- Quoi ? Non !

- Si, tu vas le faire. S'il répond positivement, c'est cool pour toi, s'il répond négativement, tant pis, ça te fera des souvenirs.

- Ouais, et la honte intergalactique.

- Boris a raison, le lycée ne dure que trois ans, on a déjà bien entamé le deuxième semestre ! Et puis, rien ne te dit que M. Fleurant va en parler, ce n'est pas un monstre.

- Tu ne sais pas et même si le prof ne parle pas, il me regardera différemment, pendant tout le lycée, et imagine si je le revois un jour...

- Tu n'en sais rien, et s'il te regarde différemment ce ne sera que pour deux ans, et ce ne sera pas le premier prof avec qui on sera en froid. Tu seras toujours notre ami, c'est ce qui compte non ?

- Oui.

- Alors c'est oui ?

- Non.

- Donne-moi une raison valable de ne pas le faire.

- Il est marié !

- C'est pas valable ça ! Chantonne Boris.

- On n'en est pas sûrs, Renard ! Déclare Pauline.

- C'est toi qui nous a dit ça !

- Oui, j'ai cru voir une bague à son annulaire gauche, mais tu sais, j'ai une mauvaise vision puis comme a dit Boris, s'il est libertin, rien ne l'empêche de faire ses affaires.

- Admettons qu'il soit marié et libertin. Il peut, moi non.

- Écris-lui, s'il te répond tu lui demandes, tu peux toujours te rétracter.

- Non.

- Ça ne coûte rien !

- On peut changer de sujet ? Je souffle.

- Non. Répond Boris. Pas avant d'avoir donné une raison valable.

- Il est prof de Mathématiques ?

Iels sourient de manière décontenancée et Pauline me tend son carnet.

Je le prends violemment et en arrache une petite feuille bleue.

Je fais semblant d'être énervé pour leur faire comprendre que cette histoire m'agace, mais je ne le suis pas réellement, je ne sais pas encore ce que je vais faire de mon écrit.

Pauline me tend son stylo baveux, alors qu'elle sourit de ses lèvres pulpeuses. Le capuchon retiré, je réfléchis une dernière fois à la meilleure phrase pour paraître subtil, même si je vais sûrement jeter cette feuille à la poubelle. S'iels veulent la lire, il faut que ce soit crédible donc je m'applique.

- Et toi Pauline, si tu devais coucher avec un.e prof, qui serait-ce ? Je questionne.

Elle lève les yeux au ciel, semble réfléchir et répond :

- Mme Lesage.

- Pourquoi ? Demande Boris en riant.

- Elle est attirante, très attirante même. Je suis sûre qu'elle est stricte et dominante dans sa vie de tous les jours, mais qu'elle se laisse dominer lorsqu'elle est dans une chambre.

- Attirante ? Eurk.

- Oui, parfaitement. Toi évidemment, tu vois que ce qu'elle veut bien montrer. Elle montre un chemisier moulant caché par un foulard et elle montre une jupe longue en espèce de moquette. C'est sûr, ça ne fait pas rêver. Mais sous sa jupe dégueulasse, qui te dit qu'il ne se cache pas un joli body ouvert dans le dos, en dentelle ?

- Bon admettons. Chacun.e ses goûts après tout, mais la vraie question est : pourquoi une femme ? Serais-tu de ma partie ?

- Pas du tout ! J'aime les femmes, je les trouve belles et sexy, mais je ne vais jamais plus loin, les muqueuses de leurs corps me dégoûtent puis j'aime beaucoup trop la chaleur, la virilité, la musculature, la protection et surtout la bite des hommes.

- Y a des shemales tu sais ?

- Merci mais non merci.

Iels rient tou.te.s les deux, pendant que j'admire les étoiles.

Ce dialogue m'a inspiré, j'ai noté tout ce que j'avais à noter. Mon écrit est court mais implicite, adroit et aiguisé, comme je le voulais.

Boris se met à bailler et nous suggère de rentrer à la maison, Pauline et moi acqnous levons, c'est vrai qu'il est tard. Demain, on doit aller en cours ! Sur le chemin, Boris demande à voir mon texte, censé être adressé à M. Fleurant. Si prévisible, je le lui donne avec un sourire intérieur, il le lit, me regarde d'un air complice. Il regarde ensuite Pauline, les yeux rieurs et lui montre la feuille bleue. Le regard de mon amie se dirige vers moi, puis elle baisse les yeux pour lire mes mots, les relève, me rendant le papier avec connivence et sourire en coin.

Héliosexuel [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant