23. Turn Kaleidoscope

1K 52 33
                                    

Des perles d'eau ruisselaient sur les vitres fermées. Les arbres s'inclinaient tant le poids de l'eau était important sur leurs couvertures sèches. Le ciel était un mélange d'éclat de gris, superposé d'un noir estompé. Des goutes s'échouaient au sol. Parfois, seuls des flashs lumineux ornaient le ciel, suivis de gros et gras grondements furieux, faisant sursauter le jeune prostitué en larmes.

La chaleur de la grande demeure n'avait pas lieux d'être. Malgré la sobriété de la lumière entre ces murs, le sommeil avait quitté la maison. Le petit brun était allongé sur le côté, dans un coin de la chambre, enveloppé dans un drap chaud. Il ne bougeait presque plus, si ce n'était que pour changer d'emplacement. Si ce n'était pas la chambre, il se trouvait aux deux premières marches de l'escalier, face à la porte, ou bien dans le salon, se permettant d'utiliser quelques petites minutes le meuble qu'il aurait toujours voulu toucher.

Depuis son départ, ses passages à la douche étaient rares. Il ne se rasait plus, une faible barbe naissante alors sur sa mâchoire. Ses cheveux en pétards retrouvaient leurs légères ondulations. Il ne mangeait presque plus, ces jours-ci. Se permettre de toucher les meubles n'était déjà pas concevable. Ses piles de papier, le livre, son stylo restaient seuls. Le jeune homme était juste une âme perdue errant la demeure, à la recherche de son maitre. Il s'occupait lui-même de nourrir le chaton pâle de la maison. Elle lui tenait beaucoup compagnie, mais dès que l'occasion se présentait, elle disparaissait. Alors, Tyler demeurait seul.

Une sonnerie se fit entendre à l'étage du haut. Le jeune homme bondit sur ses deux pieds, fixant les escaliers quelques temps. Il ne l'avait jamais entendu, cette sonnerie. En quelques secondes, il se retrouva devant la chambre du propriétaire de la maison. La musique cessa de tourner. Il y pénétra lentement, baissant les yeux plus bas que terre.

Ses pieds nus trempèrent rapidement dans de petites gouttes ne s'évaporants plus. Il prit garde de ne pas taper dans le grand nombre de mégots au sol. Le petit brun couvrit son nez par le haut de son large tee-shirt, tant l'odeur était insupportable. En levant lentement les yeux en direction de la table de nuit, il eut tout juste le temps de voir l'appareil indiquer un message vocal, avant que l'écran ne s'éteigne.

Ces dessins à moitié déchirés, ces visages se décomposants, ces bouts de rubans collants dépassants. Les draps froissés, tâché de goutes prunes, les bouteilles jonchantes le parquet abimé. Des vêtements froissés en boules aux quatre coins de la pièce.

Tyler attrapa les vêtements, les mettant au sale. Un par un, il prit les mégots. Il grimaça à l'odeur de ses mains, par la suite. De côté, il passa aux bouteilles d'alcools vides. Son foie devait être dans un état pitoyable. Il défit les draps sales, cherchant des propre dans le placard aux portes déboitées. À l'intérieur, les habits n'étaient pas pliés et froissés. Il prit chaque vêtement afin de les remettre en ordre. Son esprit se planta lorsqu'il sentit l'odeur imposante de l'homme. Un gros pull entre les mains, le nez planté dans le tissu, le jeune homme se délectait du parfum qui s'offrait à lui. Il le mit de côté.

***

Tyler déposa finalement le petit conte sur la table de nuit en ordre. Plusieurs petites heures plus tard, la tâche était accomplie. Le soleil, timide, osait à peine se détacher des nuages. Le petit brun regarda une dernière fois sa trouvaille dans la chambre : le cadavre d'une petite peluche loup à moitié calcinée. Il la referma dans le tiroir de la table de chevet, où il l'avait trouvé. Il se munit finalement du pull de Joshua, imbibé de son odeur, avant de filer à la salle de bain.

Il ne prêta aucune attention à son reflet. Cela importait peu. Seulement, une fois dans la douche, il passait sa main paresseusement sur sa mâchoire qui piquait. Ce n'était pas agréable. À force de se laver et de toucher l'intégralité de son corps, il s'était surpris à se faire du bien. Mais il avait rapidement fini en larmes.

Like A DogWhere stories live. Discover now