Le seul vainqueur

5.8K 691 53
                                    

        La douleur était insupportable, plus insoutenable encore que la veille alors qu'il recevait les coups. Othar vit un voile tomber devant ses yeux alors que la douleur engourdissait tous ses membres. Une fois de plus, il perdit connaissance.  


         Deux heures plus tard, Othar se réveilla une seconde fois. Alors que le souvenir brûlant de ses blessures dorsales était encore vif dans son esprit, il fut soulagé que la douleur se soit atténuée. Prudemment, il se redressa pour s'assoir sur le lit dont les draps avaient été changés. Regardant son torse, il remarqua le large bandage que lui avait fait Rùmil, couvrant la totalité de son haut du corps jusqu'en bas de ses reins. Il remarqua également qu'il portait toujours le pantalon qu'il avait lors de sa flagellation, et qu'il était couvert de sang.

        Même si le moindre de ses gestes réveillait ses lacérations, la douleur était nettement plus supportable. Encore un miracle de ce bon vieux Rùmil.

        Il profita d'être assis sur son petit lit pour observer les lieux. Rien de bien fantastique, il s'agissait simplement d'une petite cabane, uniquement meublée du lit sur lequel il se trouvait, et d'une petite commode surplombée d'un miroir accroché au mur. Les parois murales paraissaient fines, faites de bois, tandis que la seule petite ouverture amenait une luminosité orangée, aidée par la porte qui était restée ouverte.

        Othar passa ses mains sur son visage et constata qu'il mordait toujours le bout de tissus que lui avait donné le soigneur. Lorsqu'il s'en sépara, il ressentit un engourdissement de sa mâchoire tant il avait mordu dedans. Il ouvrit et ferma sa bouche successivement en faisant jouer sa mâchoire inférieure pour la réveiller et la débloquer.

        Se sentant capable de se lever, Othar se mit sur pied, non sans ressentir une vive douleur dans le bas de son dos et sentir sa vision se troubler. Il resta immobile quelques seconde, le temps que le voile multicolore se lève devant ses yeux écarquillés. Inspirant profondément, il se baissa lentement pour récupérer sa ceinture à laquelle étaient pendues ses armes. Ce mouvement lui tira une grimace, alors il préférant plier les jambes jusqu'à ce que ses genoux touchent presque le sol, plutôt que de se courber pour attraper le morceau de cuir. Il l'attacha ensuite autour de sa taille en prenant soin de ne pas trop la serrer sur le bandage neuf, et sortit de la petite cabane, prudent sur ses appuis.

        Lorsqu'il mit un pied dehors, il ressentit la brise venir caresser son visage et ses cheveux se soulevèrent légèrement. Les yeux de l'elfe s'assombrirent lorsque qu'il passa une main derrière sa nuque sans qu'il sente le poids habituel de sa queue de cheval. La plus grande humiliation pour un elfe était de se retrouver les cheveux courts, car la longueur de cheveux représentait le statut, ainsi que les accomplissements de chacun. Selon la coiffure, on pouvait reconnaitre les vaillants guerriers, les souverains ou les simples serviteurs.

        Othar avait fièrement porté ses cheveux attachés depuis qu'il avait l'âge de combattre. Alors, lorsque la lame avait tranché sa queue de cheval, il avait autant souffert que si on lui avait arraché son passé, ses victoires et sa bravoure.

        Le jeune elfe avait le regard sombre et les poings serrés. Il tourna les talons et rentra de nouveau dans la petite cabane. Il tira le premier tiroir de la commode, ignorant la douleur que lui provoquait malgré tout le moindre mouvement, mais n'y trouva que du linge. D'un geste agacé, il ouvrit le second, et son visage se décontracta lorsqu'il aperçut une longue lanière. Il la saisit, ainsi que le rasoir qui se trouvait avec, et referma bruyamment le tiroir. D'un mouvement sec, il coupa un morceau de lanière avec le rasoir qu'il posa ensuite sur le dessus de la commode, ignorant la moindre douleur qui réveillait ses plaies.

La Fille Gelée et la Face CachéeTahanan ng mga kuwento. Tumuklas ngayon