Bon anniversaire

5.5K 792 279
                                    

         Alors qu'elle fermait les yeux et profitait de l'instant, la porte s'ouvrit dans un lent grincement. Aïkida tourna la tête, et fut surprise de trouver le petit Conrad sur le seuil, les yeux à moitié fermés.

— Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle en chuchotant.

— Je t'ai entendu sortir.

Se frottant les yeux en baillant généreusement, le petit garçon s'assit à côté de la Fille Gelée avant d'entourer ses genoux de ses petits bras.

        En observant ce petit bout d'homme, Aïkida se rendit compte qu'elle ne connaissait rien de lui.

— Conrad, tu n'as vraiment aucune famille ? Tu es sûr que personne ne s'inquiète pour toi en ce moment ?

La mine innocente de Conrad se fit plus grave. Ses yeux fixant le vide en face de lui, il répondit à voix basse :

— Je n'ai pas de vraie famille. Je suis avec les rodeurs depuis que je suis né, mais ils étaient méchants avec moi. Je ne veux pas y retourner.

La Fille Gelée sourit tristement et passa son bras autour des épaules du petit garçon pour le serrer contre elle.

— Tu devrais retourner te coucher, tu pourras profiter de ta journée de demain comme ça.

— Et toi tu dors pas ?

Elle lui caressa les cheveux et répondit doucement :

— Si, mais je reste encore un peu dehors.

Conrad hocha la tête et se leva.

Mais lorsqu'il ouvrit la porte pour rentrer, il se heurta à Leeroy qui sortait à ce moment-là.

— Et alors ? On fait une réunion sans moi ? demanda ce dernier.

Le jeune garçon lui sourit avant de le contourner pour rentrer se coucher.

        Le dragonnier referma la porte derrière lui et se tourna vers Aïkida. Il afficha un petit sourire et lui tendit la main. La jeune fille la saisit et se releva avec l'aide du jeune blond. Ils s'observèrent dans la nuit, yeux dans les yeux, silencieux.

        Finalement, le combattant annonça :

— J'ai un cadeau pour toi.

Aïkida fronça les sourcils, étonnée. Elle s'apprêtait à le questionner, mais il fut plus rapide et la coupa :

— Accroche toi.

Et avant qu'elle n'ait le temps de réagir, il murmura la formule : « Sequere me in anima meaque sis testimonio factis »

        La Fille Gelée écarquilla les yeux en reconnaissant le sortilège, mais fut vite coupée dans sa surprise par la violente migraine qui l'assomma. Elle fut brusquement happée de l'intérieur et son souffle fut coupé instantanément. L'asphyxie montait en puissance, et elle n'avait plus aucun repère. Sa vue était voilée d'un rideau d'étoiles et ses oreilles étaient assourdies par ses battements de cœurs affolés. Seule la main de Leeroy serrée dans la sienne la maintenait consciente alors que l'air avait quitté ses poumons et qu'elle tombait à genoux, à bout de forces.

        Soudain, un brouhaha retentit autour d'eux. Aïkida inspira une grande bouffée d'air alors que tout redevenait clair. Elle se tenait debout, toujours la main dans celle de Leeroy, dans la Salle d'Histoire, face à des centaines de combattants. La bonne humeur était totale. Les rires bruyants des hommes recouvraient à peine la musique jouée par une poignée de saltimbanques venus d'autres royaumes.

La Fille Gelée et la Face CachéeNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ