Prudence

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Le soleil se levait lentement, et l'activité au château battait déjà de son plein...


        Nàmo, le visage grave, discutait avec Kepalâ dans la Salle de Trône lorsqu'un garde ouvrit les portes et présenta :

— Messire, les combattants Jayse et Ponghu, accompagnés de la jeune domestique Ambre prétendent avoir rendez-vous avec vous.

Le Haut-Dragonnier se tourna vers l'homme qui attendait une réponse la tête inclinée. D'un geste de la main, il confirma :

— Oui, laisse-les entrer je te prie. Merci Péone.

Ce dernier hocha la tête et se recula pour laisser entre les trois conviés avant de refermer les grandes portes derrière eux.

        Ils étaient tous les trois pâles, cernés et avaient un visage tiré. Ils n'avaient très certainement pas dormi de la nuit. La tête basse, ils attendirent que Nàmo prenne la parole. Ce dernier était assis sur son trône de marbre, lui aussi ne semblait pas avoir eu une nuit facile.

— Avancez-vous je vous pries. Evitons les formalités, je pense que ni vous ni moi n'avons la tête à ça.

En réponse, les trois jeunes gens hochèrent la tête, le regard souffrant.

        D'un simple regard, le vieil homme fit comprendre au chef des armées qu'il pouvait disposer, et ce dernier obtempéra immédiatement. Le bras blessé, les joues légèrement tombantes et les yeux plissés, Nàmo avait terriblement vieilli durant la nuit. Son teint était terne alors que sa barbe n'était pas aussi bien taillée qu'habituellement. Même son regard trahissait une profonde fatigue.

— J'ai beau ne pas connaître la totalité de mes combattants, j'ai cependant entendu parler de vous deux. Je sais que vos capacités au combat sont excellentes, mais je sais aussi surtout que vous êtes les spécialistes pour ne pas respecter les règles. Vous et vos amis avez de nombreuses fois failli finir au cachot si je ne me trompe pas, et bien que rien de tout cela ne fut grave ou dangereux, je sais que vous n'avez pas pour habitude d'obtempérer sans ronchonner. Hier soir, vous me l'avez encore prouvé Jayse.

Ce dernier ne réussit pas à sentir une once de culpabilité, cependant, le regard perçant de son supérieur ne le mit pas à l'aise.

— Aussi, voilà pourquoi je vous ai convoqué tous les trois, continua Nàmo. J'aurai aussi bien pu convier vos amis, mais vous leur ferez passer le message. Ambre, tu es une jeune femme adorable, et je sais que tu sauras raisonner ces messieurs.

Mais Ponghu et Jayse avait déjà le cœur battant alors qu'un poids oppressait leur poitrine. Ils se doutaient de ce qu'allait leur annoncer le Haut-Dragonnier. Ce dernier n'attendit pas plus longtemps pour déclarer d'un ton ferme :

— Je suis, tout comme vous, très affecté par ce qu'il s'est produit hier soir. Cependant, il ne faut pas céder à la panique, mais prendre des décisions, aussi pénibles soient-elles. Les entrées et sorties de la Vallées sont fermées et personne ne rentre ni ne sors sans une raison majeure. Il en va de...

Jayse s'emporta et coupa son supérieur en criant :

— Les images d'hier ne sont pas une raison majeure peut-être ?! Aïkida est peut-être morte à l'heure qu'il est, ainsi qu'Alex et les deux autres dragonniers ! Vous voulez qu'on reste ici les bras croisés en attendant qu'un paysan de passage découvre leur corps et nous les ramène ?! Il est hors de question de rester ici en fermant les yeux alors qu'il y a peut-être encore un espoir !

Sa voix s'étranglait au fur et à mesure alors que les émotions refaisaient surface. Ils avaient vu la veille, de leur propres yeux, Aïkida, leur amie, se faire arracher le cœur par un enfant/reptile. Les yeux d'Ambre brillaient de nouveau alors que Ponghu serrait les poings, la gorge serrée.

La Fille Gelée et la Face CachéeOnde histórias criam vida. Descubra agora