Épilogue

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Épilogue

04 Juillet 2018
(Un an plus tard)

Je bois une longue gorgée d'eau fraîche et referme la bouteille que je mets dans un coin du grenier pour ne pas me prendre les pieds dedans pendant mes allers-retours. Je me penche, attrape un nouveau carton et l'emmène au fond du grenier. Je le pose au-dessus des autres tout en me demandant ce qui était urgent dans ce rangement. Aussi loin que je peux m'en souvenir, ce grenier a toujours été dans cet état de désordre et ça ne gênait absolument personne jusqu'à présent. Alors pourquoi diable, ma mère s'est mise en tête de le ranger aujourd'hui, alors qu'il fait plus de vingt-sept degrés dehors.

Je grogne, je n'en peux plus. Cela fait deux heures que je bosse ici, sans voir la moindre personne parce que, bien entendu, je suis seul ici. Cela aurait été trop facile si j'avais eu de l'aide ! Je grimace et décide finalement de retirer mon T-shirt. Je n'en peux plus, je suis en train de cuire à l'étouffer. Je me passe les mains sur le visage et soupire tout en me laissant glisser contre les cartons. Je pose les bras sur mes genoux que j'ai pliés. J'observe longuement le travail qui me reste à accomplir et je suis découragé.

Qu'est-ce qu'on a pu entasser ici ? Je tire un carton jusqu'à moi et l'ouvre sans la moindre hésitation. Je fronce les sourcils. On dirait des albums photos. Je prends celui qui est à portée de main et commence à le feuilleter. Il date de longtemps parce que la première photo représente ma mère avec ce qui m'a servi de père un jour. Si ce dernier ne m'intéresse toujours pas, ma mère est devenue de plus en plus importante pour moi. Et surtout précieuse.

Elle a perdu son travail, il y a quelques mois et se retrouve, pour la première fois de sa vie, au chômage. Elle a besoin de moi et surtout du salaire que je perçois au café de la librairie d'Elena parce que j'ai récupéré le poste de Faith quand celle-ci a obtenu un poste de professeur remplaçant de Mathématiques dans une université à Londres. Après tout, moi et les cafés, c'était déjà une grande histoire d'amour avec Starbucks aux États-Unis.

Cela ne me dérangerait pas si cela n'avait pas envoyé en l'air tous mes projets pour l'été. Mon mois de Juillet dans les Hamptons avec la bande chez London s'est évaporé comme neige au soleil. Si je sais que je verrai London qui vient voir ma sœur ainsi que Mary et Nolan qui viennent dans la famille de ce dernier, il a bien fallu tirer un trait sur George... Il a décidé de travailler tout l'été pour pouvoir avoir un peu d'économies parce qu'il a déjà utilisé pas mal de son argent pour venir à Noël et il a encore sa dernière année à Juilliard à payer.

Je referme l'album et le remet là où je l'ai trouvé, plus violemment que je ne le devrais. Depuis que George m'a appris ses projets, je suis au fond du gouffre, coincé entre le besoin d'aider ma mère et celui de revoir George mais il a fallu se rendre à l'évidence... Je ne peux pas tourner le dos à ma mère, pas après tout ce qu'elle a fait pour moi.

J'appuie avec force mes poings sur mes yeux tout en me traitant de tous les noms d'oiseaux que je connais. Je ne l'ai dit à personne mais j'ai commencé à chercher des postes avec un lien avec le diplôme que je viens tout juste d'obtenir. Des postes aux États-Unis. Cependant, pour l'instant, ça n'a rien donné. Je ne perds pas espoir mais c'est difficile parce que si je veux retrouver George et vivre là-bas avec lui, j'ai besoin d'un contrat de travail. Je n'ai pas le choix.

Je passe les mains dans mes cheveux et ouvre les yeux en essayant de trouver le peu de courage qui me reste pour continuer le rangement mais mes yeux se braquent aussitôt sur une silhouette qui n'était pas là, il y a deux minutes. Une silhouette qui ne devrait pas être là. Une silhouette qui m'a terriblement manqué. Mais c'est impossible. Je suis en train d'halluciner à cause de la chaleur des combles. Je papillonne des paupières et je le vois sourire, surement amusé par ma réaction.

for him. - idy 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant