Prologue

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Prologue

Je craque une allumette, d'un geste sec et l'amène jusqu'à la cigarette coincée entre mes lèvres. Je l'allume et éteins rapidement l'allumette que je lance sur la table basse du salon de jardin. Je tire de longues secondes sur ma clope, les yeux fermés, profitant avec délectation de la sensation que la nicotine produit dans tout mon corps. Je la retire, presque avec réticence, de mes lèvres et tout en ouvrant les paupières, laisse la fumée s'évader lentement par ma bouche. Dans la vie de tous les jours, je ne fume pas, mais lors de soirée d'un ennui mortel comme celle de ce soir, je m'octroie toujours le plaisir de m'en griller une. Ou deux.

Je descends lentement les quelques marches du perron et marche dans le jardin dont la pelouse est coupée à la perfection, à croire que quelqu'un a mesuré chaque brin pour être sûr qu'aucun ne dépasse, ne soit différent des autres. Je bascule la tête en continuant d'avancer et regarde les étoiles qui commencent à apparaître dans le ciel noir. J'essaie de les compter, mais j'ai dû abuser de l'alcool qui coule à flots à l'intérieur de la maison parce que je ne me souviens même plus quel nombre vient après dix-neuf.

Je prends une nouvelle taffe et jette un coup d'œil en arrière. L'immense maison brille de mille feux. Toutes les pièces ont été allumées et des décorations extérieures de toutes les couleurs clignotent dans tous les sens. Des dizaines de drapeaux américains flottent au gré du vent et si je tends un peu l'oreille, je suis persuadé de pouvoir entendre l'hymne national. Encore ! Et après, les Américains se moqueront des Britishs avec la famille royale. Mais nous, au moins, on ne devient pas complètement barges pour une simple fête.

OK, ce n'est pas juste une fête banale. C'est le 4 juillet quand même ! Mais franchement, ils m'ont gonflé à chanter, manger et boire toute la journée. Au final, on en vient à se demander ce qui est le plus important pour eux... La Commémoration de la Déclaration d'indépendance des États-Unis ou alors une bonne raison de se torcher sans avoir mauvaise conscience ?

Après, je suis peut-être mal placé pour critiquer et surtout pour parler des habitudes des Américains parce que c'est la première fois que j'assiste à cette fête. Ce sont peut-être que les personnes avec lesquelles je me suis retrouvé qui agissent ainsi. C'est même sûr en fait...

Une fois arrivé au bout de la propriété, je saute nonchalamment le muret et atterris sur le sable. J'esquisse un sourire tout en retirant mes chaussures et m'avance un peu plus sur la petite plage avant de m'asseoir finalement à deux mètres de l'océan. Je me laisse tomber doucement en arrière jusqu'à me retrouver allongé de tout mon long sur le sable encore chaud du soleil de la journée.

Je fixe un moment ma cigarette que j'ai, malgré moi, laissé se consumer toute seule. Je grogne avant de reprendre une longue taffe. Je n'ai que celle-ci – piquée à un mec que je ne connais absolument pas – et tout ce que je trouve à faire, c'est la gaspiller. Je ne suis pas accro, mais tout de même... Je recrache la fumée lentement en me demandant sérieusement ce que je fous encore là.

Je pose ma main qui ne tient pas ma clope, sur mes yeux et soupire. Tout était réuni pour que je passe une excellente journée. Mes meilleurs potes et ma copine. De la bière. Du foot. De la musique. De la bouffe. Et en plus de tout le reste, je me trouvais pour la première fois, dans un cadre fabuleux. Les Hamptons. Pour le petit pauvre de Barnard Castle que j'étais, c'était un sacré évènement. J'avais vue sur l'océan et les doigts de pied littéralement dans le sable.

Je n'étais pas du tout à plaindre à cet instant si on faisait abstraction des abrutis finis qui se trouvaient dans la maison derrière moi. Enfin maison... Celle que ma mère et mes sœurs se partageaient à Barnard Castle était une maison, la bâtisse de trois étages aux murs en bois gris foncé et aux volets bleus, entourée d'un terrain magnifique et d'une piscine incroyable était tout sauf une maison.

for him. - idy 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant