Chapitre 4

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(média : London)


Chapitre 4

                Je mets mes écouteurs et lance ma playlist favorite. Aussitôt, Hey Jude résonne dans tout mon esprit ce qui me fait sourire. Les Beatles ont toujours eu cet effet sur moi et je dois ça à ma mère. Du plus loin que je m'en souvienne, ma mère a toujours été une grande fan du groupe britannique. Certaines familles vont à l'église les dimanches matins, chez moi, ce n'était pas les sermons qu'on écoutait mais les Beatles. Elle mettait constamment leur musique, on prenait notre petit-déjeuner puis je regardais ma mère et mes sœurs danser comme des folles. Ça me faisait rire. J'étais heureux. Après le départ de Lauren pour Londres, pour ses études, on a continué. Même après mon entrée à l'Université de Leeds pour ma première année, je rentrais tous les weekends, juste pour voir ma mère, heureuse et insouciante pendant quelques heures.

                Aujourd'hui, j'ignore si elles continuent cette tradition sans moi. J'ai beau savoir que ça leur faisait du bien, j'espère fortement qu'elles ont arrêté. Je baisse les yeux sur une serviette laissée par un ancien client et je commence à la déchirer méthodiquement. Juste pour attendre. Juste pour faire passer le temps plus rapidement. Parce que je n'ai vraiment pas envie de me trouver là. Je bascule la tête en arrière. Je soupire, ferme les yeux et bouge les lèvres au rythme des paroles de la chanson qui m'envahit complètement. Cette fois, c'est Don't Let Me Down. Je balance la tête de gauche à droite jusqu'à avoir cette désagréable impression d'être observé.

Pensant que c'est enfin London qui est arrivé, j'ouvre un œil, comme j'ai l'habitude de le faire mais il n'y a personne assis en face de moi. Je regarde ma montre. London devrait être déjà là normalement. Et cette impression qui persiste. Je fronce un sourcil en retirant un écouteur comme si ce simple geste pourrait me permettre de déterminer d'où me vient cet étrange sentiment. Je toussote, mal à l'aise. Je tourne la tête et aperçois, appuyé au comptoir, ce con de George. Il me suit ou quoi ? Ça fait plus d'un an que je viens dans ce Starbucks et presque autant que j'y travaille et pourtant, je ne l'ai jamais vu ici auparavant.

Je serre la mâchoire et plisse légèrement les paupières en me rendant compte qu'il m'observe. Voilà, d'où vient cette sensation. Je m'apprête à me lever pour aller lui parler et mettre les choses au point quand je vois que la personne qui est à côté de lui, de dos, n'est autre que London. Je tape machinalement du poing sur la table, cherchant une explication à toute cette mascarade. Je retire d'un coup sec mon second écouteur qui tombe sans ménagement sur la table, évitant de peu mon gobelet ouvert de thé et repousse mon téléphone sans prendre la peine d'éteindre ma musique que j'entends encore un peu.

Je me passe la main sur le visage, vois London serrer la main de George avant de faire demi-tour pour me rejoindre. C'est ce moment exact que ce con d'artiste – dois-je préciser qu'il porte encore et toujours son stupide chapeau noir ? – choisit pour me faire un énième clin d'œil. Cette fois, c'est la goutte qui fait déborder le vase. Je me relève près à me frotter à ce mec mais London s'exclame à un mètre de moi, amusé :

« N'en fais pas trop, mec ! Je suis pas la reine d'Angleterre, tu peux rester assis ! »

                Il pose une main sur mon épaule avant de la tapoter amicalement. Je vois George ricaner, en baissant la tête en rangeant son portefeuille dans la poche arrière de son jean et d'attraper son gobelet. Il ne me jette plus un seul regard tandis qu'il sort du café.

« Putain, mais c'est qui ce mec ? » enragé-je en me tournant vers London qui s'est déjà assis.

                Il ne semble pas comprendre de qui je parle alors d'un geste impatient, je lui montre le comptoir à présent vide, où il faisait la discussion avec cet abruti de George.

for him. - idy 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant