Chapitre 37

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Chapitre 37

« La Saint-Valentin est une arnaque mondiale ! » me crie London dans l'oreille pour essayer de couvrir la musique ambiante.

                Je fronce les sourcils. Je pensais qu'il serait bien le dernier qui me dirait ce genre de choses. Lui qui croit en l'amour éternel, aux relations sérieuses et aux sentiments sincères... Je baisse les yeux sur notre table mais il n'y a qu'une seule pinte à peine entamée.

« Qu'est-ce qui te prend ? »

                Il hausse les épaules et laisse son regard balayer la pièce comme s'il cherchait quelque chose. Peut-être une réponse.

« Il me prend que c'est juste démoralisant comme fête. Si tu es célibataire ou si la personne que t'aime n'est pas avec toi, tu as l'impression d'être une sous-merde et... »

                Je pose une main sur son avant-bras pour le calmer. Il soupire et me souffle :

« Je suis désolé, c'est juste que... C'était une mauvaise idée. J'aurais dû rester à la résidence, au fond de mon lit. »

« Mais non, on va bien s'amuser. » je lui affirme, pas plus convaincu que lui de l'utilité d'une telle fête. « Comment tu trouves Grace ? » je lui demande pour lui changer les idées.

                Il tourne son regard vers Grace qui attend nos commandes au comptoir du bar qui accueille la soirée « Anti-Saint-Valentin » dont nous a parlé London la semaine dernière. Quand j'ai téléphoné à Grace vendredi dernier pour qu'on prenne un café le lendemain, elle a paru surprise mais n'a rien dit. Elle a seulement accepté et on l'a bu ce café. Et même plusieurs.

                On n'a à aucun moment reparlé de ce qui avait failli se passer dans ma chambre le soir du Superbowl. Gentille comme elle est, elle m'a juste demandé si les problèmes de mon ami s'étaient arrangés. Et puis on a parlé. De tout, de rien, de nous, de son ex et du mien. C'était assez surréaliste de parler de George aussi facilement avec une quasi inconnue avec qui j'avais failli coucher.

Mais le plus étonnant, je pense, c'est quand j'ai fini de lui raconter la découverte de DJ chez George. Pour une raison obscure, j'ai cru bon de lui préciser que j'étais bisexuel. Comme ça. Sans y réfléchir sérieusement mais après tout, avais-je besoin d'y réfléchir ? Les femmes me faisaient de l'effet et George aussi. Il ne fallait pas être Einstein pour comprendre que... Oui, je suis bisexuel. Bizarrement, lui avouer m'a fait du bien. Je me suis senti plus léger, comme libéré d'un poids. Et voir le sourire de Grace m'a rassuré. Je pouvais être qui je voulais même si je sortais un peu des sentiers battus.

« Très jolie. Vous faites un beau couple. » Me dit-il, sans émotion, comme un robot.

« On est pas en couple ! » je m'exclame, amusé par cette simple idée.

« Ah oui, j'oubliais que le grand Louis Dashwood n'a pas de petite-amie, qu'il est pas en couple. »

                London est vraiment bizarre ce soir. Ce n'est pas le genre à me faire des réflexions. Je pose ma main sur son épaule et il se dégage aussitôt.

« Putain, c'est quoi ton problème ce soir, mec ? »

« Mon problème ? C'est que ça me fait chier de te voir refuser de t'investir dans une relation qui pourrait t'être agréable avec un mec qui est juste sous ton nez pendant que moi, je suis à dix mille kilomètres de celle que j'aime ! »

                Il ne s'est pas rendu compte de ce qu'il vient de me dire parce que je le fixe prendre son verre et boire une longue gorgée, à la fois désespéré et énervé. Mais c'est quoi cette histoire ? Pourquoi me parle-t-il d'une relation avec un mec ? Et une fille qu'il aime ? Qui vit à dix mille kilomètres ? Il n'a pas rencontré énormément de filles venant de l'étranger ces derniers temps...

for him. - idy 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant