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"No one can hate you more than someone who used to love you."
― Rick Riordan, "The blood of Olympus""

Elias

—Vous comptez vous excuser pour m'avoir suivi en pleine nuit comme une tueuse en série ?

Je pose ma question au moment-même où les portes de l'ascenseur s'ouvrent devant nous.

—Et vous, Elias, vous comptez me remercier de vous avoir évité de mourir d'une hypothermie ?

Je jette un coup d'œil à Julia qui se tient juste à côté de moi. Un petit sourire satisfait étire ses lèvres tandis qu'elle s'engage dans l'un des nombreux couloirs gris et ternes de l'hôpital de Rochester. Sa petite queue de cheval se balance dans son dos au rythme de ses pas. Je lui emboite le pas, cherchant une réplique sarcastique qui ne me vient pas. Frustré par mon propre manque de répartie, je marmonne :

—Je suis plus résistant que vous ne le pensez.

—Ils se pensent tous invincibles à vingt ans mais se précipitent aux urgences dès qu'ils éternuent, ajoute-t-elle en ricanant.

Je me rends alors compte que cette femme est suffisamment âgée que pour être ma mère. En regardant son visage de plus près, on pourrait sûrement remarquer quelques rides çà et là mais de manière générale, elle a une sorte de beauté intemporelle. Ses tâches de rousseur et ses cheveux bouclés lui donnent une expression si douce et innocente que l'on oublierait qu'elle doit flirter avec la cinquantaine.

Je m'apprête à demander à Julia si elle connait le numéro de la chambre de Maxime lorsque monsieur et madame Clairet apparaisse au bout du couloir. Tirés à quatre épingles comme à leur habitude, ils avancent et foulent le sol comme si même ces murs leur appartenaient. Si je dois reconnaitre un talent à ce couple, c'est bien sa capacité à imposer le respect. Peu importe où ils mettent les pieds, les Clairet semblent toujours à leur place et vous, toujours à côté de la plaque.

Je n'ai même pas le temps d'envisager de faire demi-tour et de partir en courant que Charlotte m'interpelle :

—Elias, quel plaisir de te voir ! Comment vas-tu ?

Pendant un instant, j'hésite à présenter Julia mais étant donné l'application avec laquelle tous deux l'ignore, je m'abstiens de tout commentaire. J'oblige tout de même ma bouche à former un sourire poli que j'imagine crispé.

—Un petit peu épuisé par tout ce qui se passe en ce moment mais je me porte bien, merci. Et vous ?

A peine ces derniers mots ont-ils franchi la barrière de mes lèvres que je réalise à quel point ils sont dérisoires. Son fils vient de sortir du coma après avoir frôlé la mort, comment pourrait-elle aller bien ? Je me dépêche alors d'ajouter :

—Je suis terriblement désolé pour ce qui est arrivé à Maxime, c'est terrible. Ça doit être une période très difficile pour vous. Si je peux vous aider en quoi que ce soit, surtout n'hésitez pas.

J'adresse également un regard au père de Cléa mais comme à son habitude, il reste muet et laisse sa femme parler en son nom.

—Nous étions déçus de ne pas te voir dimanche...

—J'ai eu une urgence familiale, je réponds immédiatement.

Aux mots « urgence familiale », son visage tout entier s'éclaire. Je viens de lui offrir son sujet de conversation préféré sur un plateau en or : les problèmes et petits secrets des autres. Difficile de lui en vouloir quand on sait que c'est aussi le sujet favori de toutes personnes ayant vu le jour à Clairemont. Les gens ici doivent avoir ça dans les gènes.

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