1er juillet 1645

963 158 10
                                    

23h58 : Nuit noire et opaque, silence pesant uniquement brisé par le tic-tac d'une vieille horloge, mains tremblantes et estomac noué. L'attente, interminable.

23h59 : Un flambeau dans la nuit, une unique tâche de lumière dévalant les rues à toute vitesse, un souffle qui s'accélère, une vue qui se trouble, un cœur qui rate un battement. L'urgence.

00h02 : Des coups frénétiques frappés à la porte suivis de cris déchirants absorbés par la nuit puis, une fenêtre qui s'illumine. L'espoir vacillant.

00h05 : Le cliquetis d'une clé insérée dans une serrure, deux corps qui se retrouvent, des souffles qui se mélangent, des larmes brûlantes, des lèvres qui se touchent et se séparent, le même désir brûlant. Le soulagement.

00h07 : Des supplications suivies de protestations, une main tentant d'entrainer une autre, une voix qui se brise, des bras se fermant autour d'un corps tremblant. La tentation envoutante.

00h08 : « Je ne les laisserai pas nous séparer à nouveau, Eléonore. Il nous reste une chance si nous sortons maintenant. Suis-moi, je t'en prie. »

00h09 : La rumeur d'une foule s'élevant au loin, un baiser au goût de désespoir, un monde qui s'effondre, une prière silencieuse offerte à la lune. L'appréhension.

00h10 : « Je ne fuirai pas. Je suis épuisée de me cacher, tu comprends ? L'heure est venue de sortir de l'ombre. »

00h13 : Des flammes qui vacillent dans l'obscurité, des cris retentissants, des aboiements enragés, des armes improvisées pointées vers le ciel, la même lueur de rage dans une mer d'yeux. La colère ardente.

00h15 : « Ne me force pas à les regarder te faire du mal, je ne le supporterai pas. C'est moi qu'ils veulent. Il est trop tard pour me sauver, Henri. Nous n'avons plus le temps. Pars. »

00h16 : Le grondement des sabots martelant les pavés, l'odeur de fumée se répandant dans l'air et les foyers, la gorge qui se serre, la respiration qui devient haletante. La peur.

00h17 : « Je viendrai te chercher, je te le promets. Je te sortirai de là et alors, je jure de tuer chaque homme qui aura osé toucher à un seul de tes cheveux. Je ne t'abandonnerai pas. »

00h18 : Un dernier baiser, deux cœurs qui se brisent à l'unisson, deux corps qui s'accrochent l'un à l'autre et refusent de se laisser partir et finalement, une porte qui se referme, des larmes. La douleur, insoutenable.

00h21 : « Mon âme ne t'oubliera jamais, Henri Lefèvre. Sois en certain. »

00h23 : Une porte qui vole en éclats, des cris affolés, des flammes à perte de vue, des mains meurtrières qui vous poussent, des corps étrangers qui vous percutent, un goût de sang dans la bouche, des tâches noires dans les yeux. La fin.

00h27 : « Que les étoiles veillent sur chaque nuit que je ne pourrai passer à tes côtés et que Dieu te protège de leur folie, Henri. Que ton cœur abandonne l'idée de m'aimer et que ta raison te garde éloigné de moi. Que mes prières ne restent pas vaines et que la nuit ait pitié de nous. Puisses tu vivre longtemps, mon amour. Vis bien, vis fort, vis pour nous deux. Vis, tout simplement. Je t'en supplie, vis. »

NoxWhere stories live. Discover now