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" Ever new beginning comes from some other beginning's end. »
- Sénèque

Elias

- A ton avis, elle mettrait combien de temps à congeler si on laissait son corps là ?

Cléa se penche au-dessus de la fille avec une expression de dégoût sur son visage.

- Je n'en sais rien. Je suis historien, pas médecin légiste ou tueur en série.

- Les gens passaient leur temps à s'entre-tuer avant, non ?

- En tout cas, pas en essayant de se congeler mutuellement.

Je lui lance un regard de reproche avant de me pencher pour soulever la fille. Ses cheveux bruns, presque noirs, tombent en lourdes boucles sur son visage. Je les écarte délicatement et sens sa peau chaude sous mes doigts.

-Aide-moi à la porter, je lance à Cléa, on va la faire rentrer. Je ne tiens pas à découvrir combien de temps un corps humain met à geler.

Elle fronce les sourcils et resserre les pans de sa veste.

-On ne devrait pas plutôt appeler les secours ? Je ne sais pas, ça m'inquiète un peu qu'une parfaite étrangère t'interpelle en pleine nuit dans la rue avant de s'évanouir à tes pieds. Pas toi ?

-Les filles s'évanouissent sans cesse devant moi, c'est mon charme qui fait cet effet. Arrête de geindre et prends ses pieds.

Tandis que Cléa se décide enfin à m'aider, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elle a raison. Je devrais paniquer, hurler et appeler la police. Et pourtant, j'ai le sentiment que je suis à ma place et que les choses se déroulent comme elles devraient. Ce n'est pas comme si tout allait bien mais plutôt comme si je recevais enfin les résultats d'un examen. Même si je suis nerveux, je sais que cela devait se produire un jour ou l'autre. C'est une sensation tellement étrange que je ne parviens même pas à me l'expliquer à moi-même.

Mes pensées sont interrompues lorsque mon pied bute contre le bord du trottoir et que je manque de tomber à la renverse, la fille toujours dans mes bras.

-Putain, Elias, tu veux lui offrir une fracture du crâne ? me demande Cléa.

Je me contente de secouer la tête et de resserrer mes mains autour de ses bras. Alors que j'ouvre la porte du café d'un pied, je sens tous les regards converger vers moi. Les gens ne sont apparemment pas habitués à voir des jeunes filles évanouies.

Ignorant les autres clients, nous passons entre les tables et nous dirigeons vers le bar. Alors qu'elle nous aperçoit enfin, la serveuse pousse un petit cri aigu en accourant vers nous.

-Mon Dieu, qu'est-ce qui s'est passé ?

Le souffle court à cause de l'effort, je lui demande :

-Le QG est ouvert ? On peut l'y emmener ?

La serveuse me lance un regard affolé et je me rappelle alors qu'elle est nouvelle.

-Le bureau de Maxime, je précise. Vous avez les clés ?

Elle passe nerveusement une main dans ses cheveux en acquiesçant. Alors que nous nous glissons derrière le bar, Cléa lui lance :

-N'appelez pas l'ambulance, elle va bien.

-Vous trouvez qu'elle a l'air d'aller bien ?

Sa voix craque sur le dernier mot.

-Si je n'appelle pas la police, reprend-elle, c'est uniquement parce que votre frère est mon patron. Je tiens à mon job mais je ne veux pas me retrouver avec un meurtre sur la conscience !

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