XVII

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        "She laughed and If he could have bottled the sound and gotten drunk on it very night he would have."

—Leigh Bardugo, Six Of Crows

Théa

Cléa va finir par tuer Elias. Ou bien, peut-être jettera-t-elle son dévolu sur moi ? A moins qu'elle ne décide d'en finir directement avec nous deux... Dans tous les cas, si elle ne parvient pas rapidement à se calmer, l'un de nous va y laisser la vie.

—A quel moment aller seul là-bas sans même me prévenir t'a semblé être une bonne idée ? Merde, Elias, regarde-toi ! Tu disparais de la circulation pendant quelques heures et je te retrouve sur le pas de ma porte, recouvert de sang et le visage à moitié à moitié tuméfié. En plus, tu empestes la vodka à des kilomètres à la ronde ! Je te jure que si tu me refais ce coup là un jour je te...

—Tu me fais quoi, Cléa ? Parce que franchement n'importe quelle souffrance vaut bien la satisfaction que j'ai pu ressentir en fracassant son pauvre petit visage. Si seulement t'avais pu entendre ça... A la fin il me suppliait presque, c'était magique.

Elias se tient toujours sur le seuil de la porte, appuyé contre le chambranle, les yeux vitreux, les cheveux en bataille et le visage serein. Comment peut-il rester calme alors que sa joue droite vire au bleu et que son tee-shirt est désormais plus proche du pourpre que du blanc ? Il est visiblement bourré. Ça doit être ce qui l'aide à tenir debout car à la vue des cernes qui marquent ses yeux, je doute qu'il ait su fermer l'œil de la nuit.

Je voudrais leur demander à tous les deux de m'expliquer la situation car me je me sens tout à fait perdue. Où a-t-il bien pu se rendre pour revenir dans un tel état ? Avec qui s'est-il battu ? Depuis quand Elias, le gentil garçon à l'air inoffensif et amical, est-il capable passer quelqu'un à tabac et d'en retirer une telle satisfaction ? Cependant, je suis consciente que ce n'est pas le moment de réclamer des explications alors, je me contente de me faire la plus discrète possible.

—On reparlera de ça quand tu seras sobre, lui dit Cléa, mais pour le moment il faut qu'on parte d'ici. Si mes parents reviennent et me retrouvent dans leur salon avec toi qui semble avoir commis un meurtre et la fille qui a à nouveau fait un malaise devant toute la ville, je doute qu'ils apprécient.

Je baisse les yeux, ne pouvant m'empêcher d'avoir honte de moi-même. J'ai encore réussi à tout gâcher et surtout, à m'attirer de gros ennuis. Cela deviendrait presque lassant.

—Je suis vraiment...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase et de m'excuser une énième fois qu'elle m'interrompt d'une voix impatiente.

—Oui, tu es désolée, je le sais. Arrête de geindre et va chercher une poche de glace dans le congélateur.

Elle m'indique où se trouve la cuisine puis emmène Elias à l'étage pour le changer et tenter de lui enlever le sang séché de ses mains et de son visage. Je reste tétanisée pendant quelques instants dans le hall d'entrée, ne me sentant absolument pas à ma place. J'ai l'impression d'être entrée par effraction chez de parfaits étrangers et de déambuler dans leur maison sans but précis.

Car, même s'il s'agit de la maison de ses parents, Cléa ne semble pas être à l'aise ici non plus. Après m'avoir presque trainée hors de l'église sous les regards suspicieux de toute l'assemblée, elle m'a ordonnée de monter dans sa voiture et de ne surtout pas discuter. Le trajet s'est déroulé dans un calme olympien alors que je tentais encore de reprendre mes esprits. J'ai agi comme elle me l'avait demandé, me contentant d'observer le jeu du soleil dans ses cheveux blonds alors que nous traversions les petites rues pavées de Clairemont.

NoxOù les histoires vivent. Découvrez maintenant