Other Worlds

Échec

Encore un, comme ils sont si nombreux.
Vous les trouvez insignifiants ?
Mais et si c'était moi qu'ils signifiaient ?
Et si j'étais définie non plus par un trait de caractère unique, non plus par mes victoires mais par mes échecs ? Par mes échecs répétés ? Ce que je veux dire par là c'est que ce soir, en regardant les histoires que j'avais écrites, en relisant la première histoire, la tout première, celle qui a été écrite au stylo plume rose à l'effigie d'une chanteuse que je ne connaissais même pas, je me suis rendue compte que plus j'écris, plus je perds la sensibilité de mes premiers écrits. Les scénarios à répétition, les scènes improbables, les grandes robes et costumes pour une simple journée de cours. Je crois qu'en ouvrant mes carnets, j'ai peu à peu libéré l'émotion et la puissance de mes écrits pour les distiller dans quelques éclats. Mais que j'en ai perdu la plupart en route. Oh je ne me plains pas, je cherche simplement à comprendre. Et si publier mes écrits au fur et à mesure, sur un site où chaque phrase peut-être critiquée ou appréciée m'avait fait perdre ma plume ? Je me suis rendue compte d'autre chose aussi. L'histoire que je suis actuellement en train de publier, l'agent mercenaire. Une belle histoire à la base, qui est complètement partie en vrille, mêlant intrigues et sciences sans grand art. Pour tout vous dire, j'ai une lectrice qui vote pour souligner qu'elle lit. Une personne. C'est à la fois énorme parce que ce scénario doit bien avoir quatre ans et qu'il dort dans un carnet depuis autant de temps, et très peu en comparaison du temps que j'ai mis à construire l'intrigue, les chapitres, la couverture. Mais je me suis rendue compte en relisant mes notes d'une chose terrible. J'adore cette histoire, ce personnage sarcastique et moqueur. Mais depuis que je l'ai postée, depuis que j'ai vu combien elle était peu aimée, je n'arrive plus à écrire. J'en suis venue à détester ce personnage parce que les lecteurs n'ont pas accroché. N'est-ce pas horrible ? De dépendre à ce point de l'opinion des autres pour quelque chose qui vous fait vivre ? Je sais très bien que je ne devrais pas me pencher sur ça, je devrais être ce que les gens pensent de moi. Elle a un lecteur, c'est énorme et elle continue sans se dire que les scénarios bancals de ses premières histoires marchent mieux que les scénarios recherchés.
Mais il perdure quelque chose en moi qui me dit que finalement, si j'ai grandi, mes livres sont restés, sans changer. Si j'ai mûri et souffert, si je suis maintenant capable de tirer les larmes de mes lecteurs, que c'est inutile puisque personne ne le lit. Et puis j'ai réfléchit, des histoires j'en ai plein à la fois dans mes carnets et dans mes brouillons, peut-être que j'ai juste eu la malchance de publier la seule qui ne plaît pas parce qu'elle est trop sombre, qu'elle offre un côté ambigu des relations amicales et qu'elle prouve que finalement nous sommes confrontés uniquement à des dizaines d'ennemis à partir du moment où on a plus de famille. Alors après avoir longtemps réfléchi, j'ai décidé de poster l'histoire qui me tenait le plus à coeur. Celle que j'avais totalement terminé avant de faire lire quique ce soit. Sachant parfaitement que je ne saurais pas capable de supporter un même rejet pour l'histoire qui m'a occupée quasiment une année, par ses rebondissements, sa correction,... Je me suis dit que j'allais me faire de la pub, en passant par mes autres livres. Et puis j'ai renoncé, pour ne voir que ceux et celles qui viendrait naturellement la lire. Ils sont cinq. Et j'en suis rassurée. Un peu déçue mais rassurée. C'est vrai qu'on a facilement tendance à se prendre pour un auteur en vogue, qu'on se dit que le moindre chapitre va attirer des dizaines et des dizaines de personnes.
Ils sont cinq. Et sont formidables. Et m'ont permis de comprendre que je ne suis pas quelqu'un parce que j'ai réussi à faire deux histoires avec un succès, à mon échelle du moins, que je ne suis pas quelqu'un parce que j'ai des victoires, des réussites, des nombres à plusieurs chiffres pour mes votes, et de la reconnaissance dans mon travail. Je suis quelqu'un parce que j'ai des doutes, de nombreux échecs, des hontes aussi, et parce que je reçois des rejets sans pour autant abandonner.
Je suis mes échecs.

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Hey!
Pour clore ce livre, je publie tous les brouillons que je n'avais jamais osé partager jusqu'à maintenant ! 😇
En espérant que ça vous plaise quand même
Kisses 😉

H.