A vous, à toi

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A vous, à ceux qui vont et qui viennent, sans jamais ne laisser derrière eux que des souvenirs en forme de cicatrices, vous savez ce genre de cicatrice qui vous brûle parce qu'elle est si profondément ancrée dans votre âme. On a tous des cicatrices. Certains se sont coupés en apprenant à éplucher une pomme au couteau. D'autre parce qu'une partie de leur cœur et de leur âme s'est envolée avec quelqu'un. Je connais cela, je sais ce que ça fait d'être fauchée alors que l'on pensait enfin avancer et bondir en avant. C'est comme si la vie attendait ce moment précis pour vous frapper. Si violemment que vous n'avez d'autre solution que celle de tomber. La chute est rude, terrible. Le coeur et le corps écorché, on cherche parfois vainement quelque chose à quoi se raccrocher. Parfois, on s'y attendait, on savait que la personne allait bientôt s'envoler vers d'autres horizons et parfois le coup et si soudain, si rude... Sans que l'on s'en rende compte réellement, nous nions le fait que l'on savait cela. On finit par se l'avouer et alors seulement on commence à avancer. Sinon, on cherche à tâtons, blessé mortellement, dans le noir, les escaliers immenses et tortueux qui vont nous guider vers la lumière de l'espoir. Marche après marche, on finit par accepter que plus jamais on ne pourra revoir la personne. Marche après marche, on s'accroche aux illusions que la fatigue de ces nuits passées à pleurer nous font voir avant de trouver la force de les repousser. Marche après marche, on s'accroche à ceux qui nous tendent la main. Marche après marche on trouve une alternative à tout ce que l'on faisait avec cette personne. Certains choisissent de conserver les souvenirs et les photos à portée de main. Je ne pouvais pas, tu ne peux pas, c'est trop difficile. La photographie a figé le temps d'une seconde et on rêve de pouvoir l'arrêter plus longtemps, profiter plus longtemps de chacune de ses paroles. D'autres choisissent de peindre ou de dessiner. Je ne peux pas, appeler son visage à ma conscience me fait, tout comme toi, pleurer pendant de longues et terribles minutes. Moi j'ai choisis d'écrire. Même si ça me fait souvent pleurer, même si je finis toujours par lâcher une larme. J'ai écrit tout ce dont je me souvenais. Son rire qui ressemblait au chant d'un oiseau exotique. Ses yeux azurs qui semblaient être des morceaux du ciel où il habite maintenant. Les deux fossettes qui agrémentaient d'une touche enfantine si adorable, son sourire. Le contact de ses mains, aussi douces que de velours, contre les miennes. Et son optimisme, il voyait toujours les choses plus belles qu'elles ne l'étaient, et je ne fais pas exception à la règle. Ses cheveux blonds comme les blés, comme le dernier songe d'un été heureux avant la pluie de l'automne, et le froid et le vide de l'hiver. Mais après l'hiver vient toujours le printemps. La renaissance. En haut de l'escalier du deuil, il y a le printemps.

Chaque marche est une torture et il nous arrive parfois de glisser et de retomber sur une marche par laquelle nous étions déjà passés. Mais qu'importe. Des gens gravissent cet escalier tout les jours, nous ne serons malheureusement ni les premières ni les dernières. C'est le piment de la vie. Même s'il faut que j'affronte de nouveau mes démons, je redescendrais toutes les marches les unes après les autres pour venir te chercher. Je prendrais ton bras comme tu le fais si souvent et je te guiderais. S'il le faut, je te secouerais pour que tu te réveilles. Il ne faut jamais rester trop longtemps dans l'escalier. On ne sait pas s'il est solide. Ensemble, on grimpera les marches. Ensemble, nous pousserons la porte. Ensemble nous nous retournerons vers les entrailles noires de l'escalier et on se félicitera du chemin parcouru. Je te le promets. Je n'ai qu'un cœur ,je n'ai qu'une parole et qu'une toi.

Ils sont là au-dessus de nous, ils vivent à travers nous, ils sont nos soupirs et nos rires, nos larmes et nos sourires. Nous devons vivre parce que si nous vivons, nous les faisons vivre avec nous. On dit que tant que quelqu'un pense à toi, vous êtes vivant. Tu souhaites les voir vivantes ? Moi aussi, alors vivons pour eux. Inspire et expire lentement. Et lève le pied. Trouve la marche et hisse toi. L'une après l'autre, rien ne sert de se presser. Il faut le temps qu'il faut. C'en est une de passée. Attaquons la suivante ensemble. Tu pleures trop souvent. C'est bien d'être triste lorsque tu penses à elles, parce que cela veut dire que tu as un coeur, que tu es une humaine avec des sentiments et des faiblesses. Mais lorsque cela devient handicapant, il n'y a plus que deux solutions. Ou je te force je ne sais pas comment à ne plus jamais y penser. Ou tu parviens à, avec mon aide bien sûr, à transformer chacun de tes souvenirs en une source de force, de bonheur et de sourire. On aura passé la deuxième marche. Tu as le droit de trébucher. Cela ne fait que peu de temps après tout. Mais tu ne dois jamais douter du fait que tu arriveras à surmonter ça. Parce que le doute est un poison qui m'a minée. Je ne le laisserais pas t'approcher.

Troisième marche. Quatrième marche. On prendra le temps qu'il faut. Oh je n'ai pas dit que ce serait facile, c'est terrible parfois. Mais peut importe je serais là pour toi et et tu seras là pour moi. Et on finira par y arriver. Ensemble. Même quand je serais à l'autre bout du pays. Même quand tu seras dans tes études. Tout le temps. Je serais derrière toi pour te soutenir et te porter si tu te foule la cheville. Parce que je sers à ça aussi.
Ensemble.
De la première à la dernière marche.
Du deuil au bonheur.
Ensemble.

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