NAO, Dictionnaire amoureux du quinquennat

G - Gestion (d'actifs)

Virginie Calmels, Secrétaire d'Etat au patrimoine

Je crois pouvoir dire sans me tromper que c'est moi qui au Gouvernement ai connu les plus belles grèves et les plus belles manifestations. Trois mois ! Pratiquement tout le dernier trimestre 2018 après que la Présidente ait annoncé lors de sa conférence de presse du 4 octobre sa volonté de céder une partie importante des participations de l'Etat dont des entreprises nationalisées après la Libération !

La motivation de Valérie Lubrioli n'a jamais été financière ; elle n'a pas, comme d'autres gouvernements avant elle, compté sur les recettes des privatisations pour boucler le budget et d'ailleurs, le budget de 2018, le premier du quinquennat et le premier à l'équilibre depuis 1974, a été réalisé sans aucune recette provenant de cessions d'actifs. Si elle a toujours pensé qu'il était nécessaire pour l'Etat de se désengager de certaines participations, elle considérait qu'il était impératif que la remise en ordre des comptes publics se fasse uniquement par des mesures structurelles (effort sur les dépenses, révision de la fiscalité) et qu'en aucun cas des recettes conjoncturelles comme la vente d'entreprises publiques n'entrent dans l'équilibre général sous peine d'être accusée de vendre les bijoux de famille pour boucler les fins de mois. Une fois ceci fait en 2018 et alors que l'année avait été émaillée des annonces des nouvelles politiques à lancer en 2019 grâce aux excédents budgétaires générés par le retour de la croissance, elle ne pouvait faire l'objet de ce type de procès si elle décidait maintenant de céder des entreprises pour leur rendre leur Liberté. Par précaution, on annonçait que les recettes de privatisation seraient fléchées et destinées à des investissements dont le plan Licorne bien sûr, mais aussi les EPP concernant la rénovation des services publics. En résumé, l'Etat récupère des moyens financiers immobilisés pour investir dans l'avenir.

Lors de la conférence de presse du 4 octobre 2018, la Présidente annonce donc que l'Etat doit avoir une gestion dynamique de ses actifs.

En premier lieu, cela signifie se retirer de domaines où l'Etat actionnaire n'apporte plus rien, voire gêne les dirigeants de l'entreprise dans leur programme de développement. Le rappel de l'attitude de Alain Vidalies, Ministre des transports de Vals, lâchant en septembre 2014 Alexandre de Juniac, PDG d'Air France, dans le conflit l'opposant au syndicat des pilotes sur la question de la création de la compagnie low cost Transavia Europe ou, en juin 2016, Guillaume Pépy, Président de la SNCF, lors du conflit avec la CGT sur l'aménagement des conditions de travail en prévision de la libéralisation du marché du fret, ont bien montré comment l'Etat, d'abord préoccupé par ses propres objectifs, la paix sociale en premier lieu, était un actionnaire peu fiable, prêt à tout moment à se abandonner en plein conflit la direction de l'entreprise, condamnant les négociations en cours, et au-delà, la crédibilité des dirigeants pour les futures réformes.

Se retirer aussi des activités concurrentielles ou d'autres entreprises françaises, privées, interviennent aussi, l'appui de l'Etat aux entreprises dont il détient des participations créant un désavantage injustifié. Par exemple, la téléphonie, la banque ou l'assurance.

Ensuite, se redéployer vers la préparation de l'avenir, le plan Licornes (1 milliard par an), la rénovation des services publics, la transition énergétique, le plan Universités. 180 milliards vont être investis dans la préparation de l'avenir d'ici la fin du quinquennat si les prévisions de croissance se confirment, ces investissements étant financés pour 75 % par les recettes attendues de la croissance et pout 25 % des cessions d'actifs, soit environ 50 milliards.

Les entreprises, dont le statut aura été transformé préalablement dès 2019 - sans changement de statut pour les salariés déjà en place - seront cédées en fonction des conditions du marché.