B - Budget

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Christian Eckert, Secrétaire d'Etat au budget

Pour Eric Woerth, j'ai exercé un CDD de six mois en 2017 ; pour Emmanuel Macron, je suis l'heureux gagnant récidiviste de l'Euromillions ! La vérité, c'est que je suis le Ministre du Budget le plus heureux de la Ve République et que chaque mois, j'ai un peu l'impression d'être rentier qui vient relever les compteurs, percevoir ses loyers et les rentes de ses placements.

Après mon « CDD » de 2017, le budget de l'Etat en 2018 a été pour la première fois à l'équilibre - depuis 1974 ! - à 154 milliards d'euros et ce, malgré une baisse de 31 % du budget, près d'un tiers ! Le règlement du boulet de la dette, la réforme de la fiscalité et surtout la maîtrise des dépenses ont rendu possible ce miracle. A un niveau plus global, ECO2 en remettant en ordre non seulement le budget de l'Etat mais plus globalement les comptes publics en incluant les collectivités locales et toutes les administrations publiques, en premier lieu, la Sécurité Sociale, a permis dès 2018, de baisser les dépenses publiques de 57 % à 41 % du PIB rendant possible une baisse des prélèvements obligatoires de 45% à 33 % du PIB ! Voilà pour le CDD !

Après, j'en conviens, cela a été plus simple avec la croissance qui a généré chaque année des recettes supplémentaires. 4 milliards en 2019, 8 milliards en 2020, 9 en 2021 et 39 cette année, les reversements d'excédent de TVA de la Sécurité Sociale étant plus élevés maintenant que les plans Dépendance, Autisme et autres sont terminés ! Entre 2018 et cette année, le budget de l'Etat, sans augmenter la fiscalité, a augmenté de 64 milliards d'euros ! Effectivement, mieux que l'Euromillions ! Mieux que Luc Chatel qui a vu lui aussi le budget de la Sécu augmenté avec la progression du produit des cotisations sociales ; il n'a réalisé qu'un petit 20 % %. Pffft !

Avec un budget en hausse et des dépenses sociales en baisse avec la reprise de l'emploi, le financement des programmes de rénovation des services publics voulus par Valérie Lubrioli ne m'a pas posé trop de problèmes et mes collègues du Gouvernement ont globalement eu les chèques demandés. Les plans Justice, Police, Prisons, Défense, Enseignement, Universités, Licornes, Transition énergétique, SDF et Migrants coûtent cette année 30 milliards d'euros. Il me reste ... près de 50 milliards ! Confortable... Cette année, avec l'apport des recettes de privatisations (13 milliards) et des recettes de poche (des poches à 5 milliards tout de même), j'ai fait un gros chèque de 26 milliards à Jean-Jacques pour finir la dotation de l'EPP Défense 2 (EPP = Etablissement Public de Projet) et un plus gros encore de 38 milliards à Fleur pour compléter l'EPP Universités. Si le Gouvernement à venir poursuit les deux prochaines années la dotation de l'EPP Universités - il reste 68 milliards à provisionner et il en aura les moyens -, tous les projets voulus par la Présidente auront été financés, y compris les matériels militaires livrés dans quatre ans ou les premières universités dont le démarrage des travaux commenceront l'an prochain.

Alors oui, je suis heureux. Et reconnaissant à Valérie Lubrioli de m'avoir confié cette responsabilité même si après avoir déjà occupé ce poste dans un gouvernement précédent - que je ne citerai pas pour ne pas énerver la Présidente - , je voulais initialement changer de portefeuille. Assez veinard même quand je pense à Valérie Rabault au Trésor. Cela aurait dû être sympathique être la Ministre de la baisse des impôts. Sauf quand on tombe sur des interlocuteurs qui y voient une menace pour leur business ! Cela a été le cas des associations qui reçoivent des dons déductibles des impôts. Des déductions possibles jusqu'au niveau absurde de 75 % ! - A ce stade, quand un particulier fait un don, c'est un peu comme s'il venait directement prendre l'argent dans ma cagnotte, le budget de l'Etat ! - La baisse des taux de l'IRPP, la suppression de l'ISF mais en contrepartie la fin des exonérations, pas bon pour eux. Paradoxal tout de même quand chaque année tout le monde fait mine de se scandaliser que trente après la disparition de Coluche, ce qui devait être un dispositif provisoire d'urgence, les Restos du Cœur, perdure, de voir des associations regretter que l'Etat par son action les prive de leur fonds de commerce. Avec ECO2 pour éradiquer le chômage ou le plan SDF, nous leur avons fait une concurrence déloyale ... Trop triste !

Dans le même genre, je raconte l'anecdote aussi puisque notre collègue du Trésor ne participe pas à ce dictionnaire ayant vogué vers d'autres horizons (doublement tant pis pour elle), les pleurs des acteurs de l'emploi à domicile. Même origine, la fin d'un avantage fiscal, la réduction de l'impôt sur le revenu de 50% du montant des frais engagés à concurrence de 7.500 € par an.

Nous avions bien vu la question de la garde à domicile ; dès lors que le foyer est imposé au taux de 10 % sur son revenu, il est gagnant dans le nouveau dispositif même après notre réforme de la PAJE de 20 % (Prime Accueil Jeune Enfant). S'il n'est pas imposable, il est perdant mais cette situation d'un ménage sans revenu ayant une garde à domicile est-il réaliste ?

A l'autre extrême, un foyer ayant une personne à domicile, hors problématique de garde d'enfant : gagnant dans le nouveau système qui permet de déduire le salaire versé et donc de bénéficier d'une baisse de 10 ou 20 % du coût en fonction du taux d'imposition.

Reste un cas que nous n'avions pas vu : les quelques heures de cours particulier ou de bricolage qui dans l'ancien système pouvait donner lieu à une réduction du montant de 50 %. Nous arrivions à une augmentation pouvant atteindre 25 % ou plus du coût horaire. C'est vrai mais si on utilise une heure de service à domicile par semaine, cela ne fait en bout du compte moins qu'une augmentation de cinquante euros par mois. Or, pour recourir à ces services à domicile, il faut généralement avoir des revenus et avec ECO2, les chômeurs retrouvent du travail et les salariés voient leurs salaires augmenter. Dans l'un et l'autre cas, les réformes ECO2 les mettent en position beaucoup plus favorables s'ils veulent consommer des services à domicile. Notre collègue n'a jamais pu faire admettre cette démonstration à nos interlocuteurs et elle a été présentée dans les media comme le fossoyeur des emplois à domicile. Dominique, reviens ! J'ai les chiffres. Depuis quatre ans, les petits jobs à domicile se sont bien développés comme tu l'avais expliqué !

NAO, Dictionnaire amoureux du quinquennatWhere stories live. Discover now