A - Agriculteurs

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Bruno Le Maire, Ministre de l'agriculture

Valérie Lubrioli et le monde paysan ! Une histoire passionnée, mouvementée mais au final, un vrai attachement des paysans qui ont appris à « grandir » avec cette Présidente qui les a fait sortir d'une situation infantilisante, dépendants des pouvoirs publics et de ses subventions pour devenir de vrais entrepreneurs de la Nature.

Les « paysans », plus encore que les « agriculteurs », ont massivement voté pour Valérie Lubrioli aux Présidentielles et nous, nous avons tenu nos promesses en mettant en place nos solutions dans la loi Agricole d'octobre 2017 ; le plan de sauvegarde avec la régulation des prix piloté par Guillaume Garot, secrétaire d'Etat à l'économie agricole ; la transition agricole avec Barbara Pompili, secrétaire d'Etat à la transition écologique.

En février, 2018, j'aborde donc en pleine confiance le salon de l'agriculture et je tombe du paquetage quand la Présidente me dit d'y aller seul. En fait, agoraphobe avouée, n'aimant pas le foie gras, peu de fromages et supportant mal le vin, elle ne se voyait pas passer des heures au salon de l'agriculture comme il se doit pour tout Président de la République. J'y avais passé trois jours en 2016 pour ma part, nous n'étions pas câblés de la même façon sur ce point. Je lui fais alors part du risque d'image pour elle de ne pas aller à ce « rite républicain » auquel tous ces prédécesseurs ont sacrifié et elle me répond qu'il s'agissait pour eux de compenser le reste de l'année quand ils ne s'occupaient pas de l'agriculture ; elle, elle a fait le job et a imposé son point de vue à Bruxelles et emporté le morceau au sommet en décembre. Elle me coince en prenant l'exemple de François Mitterrand n'y est pas allé pendant ses 14 années de Présidente. Un peu de mauvaise foi, elle me demande pourquoi elle ne devrait pas aller également aux salons professionnels des engins du BTP, de l'emballage ou des métiers du cuir. « La dimension économique, environnementale, sociétale, culturelle, de ces professions n'est pas tout à fait comparable ». Elle en convient et finit par accepter le principe d'une « courte visite », deux heures avec un chemin bien balisé, évitant les stands « minés », ceux où l'on pourrait vouloir faire goûter ces produits qu'elle redoute. Plutôt les halls des bovins, des canins et félins et celui des équins. 1, 5 et 6.

Je sais que l'on ne peut pas snober les autres mais je m'emploie à concevoir un programme « court » et « complet » : une gageure ! Si j'avais su que rien n'allait se passer comme prévu ...

A l'arrivée dans le pavillon 1, c'est un tonnerre d'applaudissements, de cris. Bientôt une Marseillaise retentie. Et quand elle commence son périple, les gens crient « Valérie ! Valérie !!! », « Valérie merci ! »

L'opposé de la visite de François Hollande le 27 février 2015 aux cris de « Bon à rien !», « Connard ! », « Fumier ! », « Démission ! », visite au cours de laquelle le stand du Ministère de l'agriculture avait été saccagé et le Président menacé d'être « entartrer » à la bouse de vache. Cette fois, les CRS n'ont pas à intervenir pour distribuer des horions aux agriculteurs mais les forces de l'ordre ont bien du mal à éviter que le cortège officiel étouffe sous la pression de tous ceux qui veulent parler, embrasser, serrer Valérie.

Grand Amour mais aussi grande dispute. Pendant l'été 2018, la sècheresse met à mal certaines régions et des exploitations sont en grande difficulté, notamment dans l'Aveyron ou le Dauphiné. La confédération paysanne, notre allié originel, prend naturellement le parti de ces exploitants et demande un plan d'urgence avec des aides directes. Tabou pour Valérie Lubrioli ! Apprendre à pêcher pour que l'homme puisse se débrouiller ensuite seul, très bien ; le maintenir sous perfusion en lui donnant le poisson, non. Elle connaissait très bien Laurent Pinatel, le porte-parole de la confédération, depuis la campagne ECO2 mais, pas plus que moi, elle ne parvient à lui faire entendre raison et nous traversons une période aux rapports difficiles jusqu'à la conférence de presse d'automne, le 4 octobre. Ce jour-là, il m'a été donné d'assister à une journée de dupes comme ma collègue de l'Education, Fleur Pellerin, en a connu une au sujet des uniformes scolaires. Comment arrive-t-on avec une exigence et repart-on content d'avoir obtenu l'inverse !

NAO, Dictionnaire amoureux du quinquennatWhere stories live. Discover now