La vie d'un calice de kelokelo

Chapitre 39 : Mariage

Severus devait garder de son déjeuner avec son filleul un goût assez amer. Le problème tenait en un seul mot : son filleul était amoureux. Et pour de bon, semblait-il. Ce qui était problématique de son point de vue : car la douleur d'avoir été trompé serait à la hauteur de cet amour. Certes, il pouvait bien convenir que la jeune Carolina avait eu quelques excuses pour ne pas avouer l'entière vérité à Drago. Mais, enfin, elle avait tout de même préparé son coup depuis le début de leur rencontre ... Certes, elle l'avait habilement mystifié en ce qui concernait son éducation à Poudlard, en s'appuyant sur l'aide du amie qui étudiait, elle, réellement à Beauxbatons, mais quand même. La façon dont elle l'avait entortillée autour de son petit doigt ... Oh, Drago restait lucide sur le reste, mais sur Carolina ... En fait non, le plus inquiétant était qu'il n'était pas complètement aveuglé par cet amour. Il commençait à lui reconnaître certains défauts, mais il en riait lui-même et semblait les admettre avec facilité ...

Harry parut délicieusement ravi de savoir que Drago était irrémédiablement amoureux. Nul doute qu'il allait le taquiner avec force lors de leurs prochaines rencontres. Ils attendirent, assez tendus la fin de la semaine. Mais Carolina ne fit aucun faux pas : elle ne sortit pas du manoir Malefoy, et Drago était suffisamment amoureux cette fois pour se montrer muet comme une tombe sur celle qui partageait tout de même sa vie, il n'y avait tout de même pas d'autre moyen de le dire ...

La seule qui aurait s'en apercevoir était Narcissa Malefoy, mais comme elle avait l'habitude de passer les quatre mois d'été dans le sud de la France chez des amis, elle n'avait pu se rendre compte que son fils n'habitait plus seul.

La Gazette s'était fait l'écho de la fugue de la plus jeune des enfants Torvik. En effet, la jeune fille avait purement et simplement disparu quelque part ausx abords de la gare de King's Cross. Ses amies les plus proches avaient été interrogées, mais il semblait qu'elles l'aient perdue de vue au moment où elles allaient se changer pour rejoindre leurs parents. Sa malle avait disparu comme elle lorsque les aurors avaient fouillé le train à la demande de M. Torvik. Severus avait été parmi ceux là, et il avait pu très honnêtement dire qu'il n'avait aucune idée sur la façon dont la jeune fille avait disparue, aucun signe de l'activation d'un portoloin n'ayant été décelée. Bon, maintenant, il n'était pas censé savoir non plus que Mark s'était appliqué, pendant les après-midi où il voyait sa sœur à Pré-au-Lard, à lui apprendre à transplaner correctement ...

Les journalistes avaient fait mine de s'inquiéter sur la disparition de la jeune fille, alors qu'ils se gaussaient entre les lignes de cette mésaventure qui revenaient encore chez les Torvik, douze ans après que l'héritier eut pris la clé des champs deux jours avant son mariage ... Et que puisque l'aîné avait réapparu le jour même de son anniversaire, décrétant qu'il n'était pas question de mariage et qu'il préférait les hommes, toutes les personnes avides de potins et de ragots attendaient avec impatience le vendredi, jour des dix-sept ans de la benjamine Torvik.

Lorsque Severus reçut ce jour-là, à son bureau, un message lapidaire de Drago lui demandant s'ils pouvaient déjeuner ensemble, il pressentit que c'était en rapport avec Carolina. Et lorsqu'il vit la mine dure de son filleul qui l'attendait à l'atrium, il décida aussitôt qu'ils ne déjeuneraient pas dans le monde magique. Il lui fit signe de le suivre à la zone de transplanage d'urgence des aurors du ministère, transforma sa robe en simple veste moldue et l'emmena dans son restaurant discret qui avait été le théâtre de son premier déjeuner en tête à tête avec Harry.

Une fois qu'ils eurent commandé, et vu que Drago ne desserrait pas les dents, Severus finit par demander d'une voix calme :

- J'imagine que tu veux me parler de quelque chose qui te tracasse ? Ou il va falloir que je devine ?