Chapitre 32 : Déception

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Les journalistes étaient là quand ils sortirent du ministère, Severus portant Harry évanouit dans ses bras. Certains prirent beaucoup de photos, jubilant à l'idée de montrer le sauveur dans cette posture là. D'autres déposèrent leur appareil, se refusant à s'abaisser à montrer un jeune homme de dix-huit ans, victime de tortures, une semaine seulement après son emprisonnement. Ceux-là purent continuer à utiliser ultérieurement leur appareil, les autres s'étranglèrent de frustration et de rage lorsqu'ils constatèrent que leur pellicule avait fondue, et pire, que les lentilles de leurs appareils étaient irrémédiablement noircies. Ils se souvinrent à cet instant du regard noir que le directeur de Poudlard leur avait lancé.

Severus sentait qu'Harry était faible, ce qui n'était guère étonnant puisqu'il s'agissait du premier jour où il se levait. Mais maintenant qu'il avait l'opportunité de lui faire quitter la présence un peu étouffante de Pomfresh, il serait bien sot de ne pas en profiter. Il transplana donc sans hésiter au Square Grimmaurd.

Dobby fut plus qu'heureux de les voir revenir chez eux, il fit tant de pirouettes que Severus se résigna à ne rien lui demander pendant au moins une heure. Il installa correctement Harry dans leur lit, vérifia simplement qu'il passait de l'évanouissement au sommeil et demanda à Dumbledore de prévenir Mme Pomfresh du nouvel endroit où elle pouvait visiter son patient. Il préférait tout de même ne pas annoncer la nouvelle lui-même à la tempétueuse infirmière.

Harry sourit légèrement à son réveil en voyant qu'il était enfin dans sa chambre, et non plus entre les murs blancs de l'infirmerie de Poudlard. Son sourire s'étira lorsqu'il vit, quelques secondes plus tard, Severus entrer rapidement dans la pièce.

- Tu crois que tu peux te lever ? Demanda-t-il aussitôt.

- Sev ! Protesta Harry. Je viens tout juste de me réveiller ! Et tu le sais en plus !

- Oui, mais ça fait une heure que Kingsley et Tonks font le pied de grue en bas, et on aimerait tous en terminer avec ta déposition le plus rapidement possible !

A ces paroles, Harry s'assombrit et marmonna :

- Et moi, si je pouvais me passer de la faire ...

- Je regrette Harry, mais tu sais que c'est impossible, rétorqua gentiment Severus. J'aurai, moi aussi , préféré que ton récit n'ait pas de témoins, mais il y a trop de choses en jeu pour pouvoir se le permettre ...

Severus transplana Harry dans le salon après l'avoir aidé à s'habiller, commençant par déclarer :

- Vous le laissez manger d'abord.

Pour autant que Tonks fut maladroite, elle n'était pas auror pour rien, elle savait user de psychologie avec les témoins. Elle se chargea donc de distraire Harry pendant le temps qu'il se restaurait avec la montagne de nourriture que Dobby avait préparé pour lui. Il sut que l'heure avait sonnée lorsque Severus finit par lui retirer le bol avec lequel il jouait depuis un moment et qu'il le prit fermement contre lui.

- Harry, dit doucement Tonks, on va procéder de la façon suivante : tu vas tenter de tout nous raconter depuis le moment où tu as attrapé le vif.

Harry prit une longue inspiration et se lança.

Fixant un motif du tapis, il raconta son atterrissage dans une ruelle de Pré-Au-Lard.

Son impossibilité d'effectuer un quelconque mouvement avant d'être immobilisé par un Petrificus Totalus.

Son horreur de constater qu'il était face à Lestrange et Pettigrew. Ces derniers l'avaient transporté rapidement dans la maison voisine d'où partait un tunnel souterrain. Sa voix contenait encore toute l'angoisse qu'il avait ressentie lorsqu'il avait compris qu'ils se trouvaient finalement dans l'un des anciens tunnels qui étaient bouchés au temps où Fred et George lui en avaient parlé. Et que ce tunnel était désormais dégagé et débouchait à deux pas des toilettes de Mimi Geignarde où attendait Nagini.

La vie d'un calice de kelokeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant