Je crois que mon cerveau est quelque part entre LAX et l'Atlantique.
Il est huit heures du matin à Paris. Mon corps pense qu'il est minuit. Mes jambes sont en coton, mes yeux brûlent, mes cheveux font ce qu'ils veulent. Mais je suis là. Et malgré le chaos de l'aéroport, les flashes déjà braqués sur moi, les assistants qui me demandent si je veux un café, un jus - je souris.
Parce que je suis à Paris.
Et cette ville, c'est un peu mon havre secret.
Je ne le dis pas trop fort, mais j'y viens presque chaque année. Parfois pour la Fashion Week - la vraie jungle en talons - parfois en cachette, avec ma famille, pour manger des glaces au bord de la Seine, ou errer dans les musées sans maquillage, le nez dans une écharpe. J'aime cette ville. Sa lumière. Son arrogance tranquille. Sa manière de vous dire "je suis belle, mais je ne vais pas te le rappeler toutes les cinq minutes".
- Jenna, la voiture est là, me glisse Sam, mon assistante, en me tendant une paire de lunettes de soleil.
Je les enfiles. Je dis merci d'un signe de tête. Puis je grimpe dans la voiture noire qui nous attend, direction le centre de Paris. Sur le siège arrière, je regarde le ciel gris perle défiler à travers les vitres. Les toits d'ardoise. Les balcons en fer forgé. Les scooters qui frôlent les rétroviseurs comme s'ils étaient invincibles.
Trois mois.
Je vais vivre ici trois mois pour ce tournage.
C'est Mélanie Laurent qui m'a convaincue. Une femme que j'admire depuis des années. Belle, libre, engagée, un peu sauvage. Elle réalise le film co-produit avec un type anglais très british, très chic, très discret. Je ne me souviens plus de son prénom. George, je crois. Ou Edward. Bref. Ils ont monté un casting franco-anglo-américain pour raconter une histoire qui me touche en plein cœur.
Le film s'appelle "Les Silencieuses".
Il se passe dans la France occupée. Je joue une jeune institutrice qui cache des enfants juifs dans une école désaffectée. Une femme simple, courageuse, brisée de l'intérieur. Un rôle lourd. Dense. Un vrai défi.
J'ai accepté sans réfléchir. Pas seulement pour le rôle. Pour l'équipe. Pour l'énergie du projet. Pour ce que ça dit. Pour ce que ça répare, peut-être.
Le tournage aura lieu dans différents arrondissements de Paris, un peu en banlieue aussi, avec quelques séquences dans une vieille ferme retapée en studio. L'hôtel où je loge est discret, magnifique, niché dans le 7e arrondissement, pas très loin du Champs-de-Mars. Un endroit que je connais bien. J'y ai même perdu un téléphone une année, et retrouvé un foulard que j'avais cru oublié à Los Angeles.
Quand j'arrive à l'hôtel, mon équipe s'éparpille. Certains montent dormir, d'autres commandent un room service, d'autres encore discutent déjà planning avec la production. Moi, je reste un moment dans le hall, en silence.
Un grand miroir au mur me renvoie mon reflet : cernes, cheveux attachés à la va-vite, pull froissé, yeux perdus. Et un sourire discret.
Je suis fatiguée. Mais curieusement... en paix.
Je monte enfin dans ma chambre. Une suite sobre, avec une vue sur les toits et la Tour Eiffel. Pas besoin de plus. Je pose ma valise, je retire mes chaussures, j'ouvre un peu la fenêtre. L'air est frais. Ça sent le pain chaud quelque part. Les klaxons au loin sont doux, presque élégants.
Je m'étire. Mon dos craque. Et je repense à ce que m'a dit Mélanie au téléphone, quelque semaines plus tôt :
"Tu verras, Paris va te changer. Mais pas comme on s'y attend."
Je n'ai pas encore compris ce qu'elle voulait dire.
Mais j'ai l'intuition étrange... qu'elle a raison.
VOCÊ ESTÁ LENDO
Une recette imprévue
FanficQuand Jenna Ortega, star Hollywoodienne en quête d'authenticité, débarque à Paris pour un tournage, elle ne s'attend pas à croiser la route de Liv Hemerson, jeune cheffe prodige à la réputation aussi tranchante que ses couteaux. L'une fuit les proje...
