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Mon téléphone est posé sur la table de chevet, face cachée, écran éteint. Et moi, je suis allongée sur le lit, les bras croisés derrière la tête, à fixer le plafond comme s'il allait me fournir une réponse.

Je viens d'envoyer un message à Liv Hemerson.

Un vrai message. Pas un truc léger, pas une phrase détachée, pas une plaisanterie. Un message où j'ai dit que je pensais à elle. Où j'ai admis. Où je me suis perdue dans les mots, mois où je n'ai pas menti.

Et maintenant... je ne sais plus si je veux qu'elle réponde ou si je préfère rester dans le suspense. Parce qu'une réponse, c'est une porte. Mais c'est aussi un risque.

Je ferme les yeux un instant.

Elle me manque. C'est aussi simple - et aussi vertigineux - que ça.

Je repense à ses mains, à sa façon de couper un avocat comme si c'était un rituel sacré.

À son silence.

À ses yeux.

À cette façon qu'elle a de rester présente sans jamais peser.

Je tends le bras. Je retourne le téléphone. L'écran reste noir.

Rien.

Je soupire, me relève, fais les cent pas. Je tente de me convaincre que je vais aller prendre une douche, ou appeler ma mère, ou me replonger dans le scénario du jour.

Mais le ding vient me couper dans ma course.

Je me fige.

Je sens mon cœur remonter dans ma gorge.

J'attrape le téléphone.

C'est elle.


Tu peux dire 'tu", Jenna.

Et je suis contente que l'avocat ait survécu. Je ne note pas l'esthétique, seulement le goût.

Pour le dessert, je peux t'en refaire un. Mais pas ce soir. Il faudrait que tu reviennes.

Bonne soirée.

(Et non, ce n'est pas bizarre.)


Je relis trois fois. Puis je souris. Large, un peu bête sûrement.

Elle a répondu. Et plus encore : elle veut me revoir.

~Il faudrait que tu reviennes.~

Mon cœur bat trop vite pour que je reste immobile. Je m'assieds au bord du lit. Je prends le temps. Je réfléchis.

Et j'écris :


Je reviens quand tu veux. Même si c'est juste pour t'aider à essuyer la vaisselle.

(Bon, ok, surtout pour le dessert.)


J'envoie. Puis j'ajoute :


Je suis libre demain. Et... j'aimerais vraiment te revoir, Liv.


Je pose le téléphone sur mes genoux. Et je reste là, dans le silence de ma chambre d'hôtel. Quelque part entre le soulagement et le vertige. Je me rends compte que je n'avais pas respiré depuis tout à l'heure.

Et maintenant que c'est fait... je ne veux qu'une seule chose.

Que demain arrive vite.

Une recette imprévueWhere stories live. Discover now