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Je suis réveillée par la lumière.

Pas par un bruit. Pas par une alarme. Juste cette clarté douce qui s'infiltre derrière les rideaux de l'hôtel. Le genre de lumière qui ne te bouscule pas mais qui te prend doucement la main, comme pour dire : il est temps.
Je m'étire un peu, paresseusement. Et puis... je tends le bras vers mon téléphone. Pas par automatisme. Mais parce que, depuis quelque temps, j'espère y trouver elle.
Un message.
Écran verrouillé. Une seule notification.
Liv Hemerson
Je me redresse d'un coup. Le cœur déjà plus éveillé que mes muscles.
Je l'ouvre.

Je me suis réveillée avec encore le goût de ton rire. Et un peu de thym dans les cheveux.

Je souris. Un sourire entier. Spontané. Qui me surprend moi-même.
Je relis. Encore une fois. Parce que ça me touche plus que je ne saurais le dire. Parce que je vois ses mots comme je l'ai vue elle, dans sa cuisine, entre les herbes, les gestes précis et ce silence plein de sens.
Je tape.

C'est peut-être le plus beau réveil que j'ai eu depuis... je sais même pas. (Sauf le thym, ça je ne peux pas rivaliser.)

Elle répond rapidement.

Le thym, c'est traître. Tu crois que t'en as fini avec lui et il te suit pendant deux jours.

Je ris. Le genre de rire doux, intime, que je ne partage qu'avec peu de gens.

Tu veux dire... un peu comme toi ?

Trois petits points s'affichent. Ils durent. Disparaissent. Reviennent. Mon cœur s'emballe. Puis, enfin la réponse :

Je suis moins aromatique, j'espère. Mais oui... je reste un peu.

Je ne sais pas quoi dire, tout de suite. Alors j'ose.

J'espère surtout que tu vas rester plus qu'un peu. J'aimerais te revoir. Bientôt.

Je relis avant d'envoyer. Je n'efface rien. Je veux qu'elle sache. Pas besoin d'en faire trop. Juste être vraie.
Je pose le téléphone sur mes genoux.
Il vibre à nouveau. Je n'ose pas espérer une réponse aussi rapide. Et pourtant...

J'aimerais ça. Te revoir. Très bientôt. Mais cette fois, pas dans une cuisine. Peut-être dans un endroit où je peux t'écouter, moi.

Je sens quelque chose fondre en moi. Lentement. Profondément.
Je tape :

Marché conclu. Mais juste une condition : tu me laisses t'offrir un café. Un vrai. Pas celui du tournage. Je veux ton jugement gastronomique.

Elle répond :

J'accepte. Mais si tu m'emmènes boire un espresso sans âme à 3,50€, je me lève et je pars sans payer.

Je pouffe de rire.

Deal. Je connais un endroit avec des cappuccinos mousseux, des croissants au beurre dignes d'un poème...
et une terrasse ensoleillée.

C'est noté. Tu viens me chercher ou je t'envoie Tsuki ?

Je m'allonge à nouveau. Le téléphone contre ma poitrine. Les yeux fermés. Et je murmure à voix basse, comme une promesse silencieuse :
- Je viens...

Une recette imprévueNơi câu chuyện tồn tại. Hãy khám phá bây giờ