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Un jour off. Un vrai.

Pas un jour à moitié volé entre deux réunions avec les fournisseurs ou une dégustation impromptue. Non. Aujourd'hui, le restaurant est fermé, le téléphone est en mode silencieux, et mon tablier est rangé dans son tiroir.
Et malgré ça... je suis nerveuse.
Pas pour un dressage.
Pas pour une critique.
Mais par rapport à elle.
Jenna.
Elle doit venir me chercher. Elle a insisté : « C'est moi qui t'invite. Laisse-moi faire les choses bien. »
J'ai dit oui.
Et depuis que j'ai raccroché, j'ai le cœur qui tape un peu trop fort dans ma cage thoracique.
Je n'ai pas mis d'uniforme ce matin. Un pantalon beige, une chemise bleu pâle, les manches retroussées. Mes cheveux sont à peine coiffés - ils n'obéissent pas trop de toute façon. Je me suis regardée une dizaine de fois dans le miroir. Juste pour être sûre que j'ai l'air naturelle. Ce qui, en soi, est déjà un paradoxe.
Tsuki, lui, ne comprend pas mon agitation. Mais il sait que quelque chose se prépare. Il tourne dans l'appartement, me suit d'une pièce à l'autre, jappe doucement, puis s'assoit en m'observant avec une tête penchée qui semble dire : « Tu ne serais pas un peu bizarre ce matin ? »
Je lui mets son harnais, son petit foulard bleu autour du cou - un cadeau d'une cliente fidèle - et je souris malgré moi.
- Aujourd'hui, tu revois ton admiratrice numéro un, je lui murmure en attachant sa laisse.
Et comme s'il avait compris, il remue la queue frénétiquement, puis court déjà vers la porte.
Je descends les marches lentement. Mon immeuble a ce charme discret des bâtiments anciens bien entretenus. Pas de luxe tapageur, juste une élégance silencieuse. J'entends un moteur discret se garer devant la grille. Un SUV noir, vitres teintées. Pas de doute, c'est elle.
Mon cœur ralentit. Puis accélère de plus belle.
La portière arrière s'ouvre.
Tsuki n'attend pas qu'on lui dise quoi que ce soit. Il bondit, grimpe à l'intérieur et, comme une flèche, atterrit sur la banquette où Jenna l'attendait déjà les bras ouverts.
- Héééé ! Mais tu m'as manqué toi ! Rit-elle en l'attrapant contre elle.
Sa voix est un mélange de soleil et de miel. Tsuki la couvre de coup de langue. Il pousse des petits grognements joyeux, frénétiques, sans aucune gêne. Il est fou de bonheur. Et je suis... jalouse, un tout petit peu.
Jenna me regarde, la tête penchée sur le côté, les yeux pétillants.
- Tu viens ? On n'a pas toute la journée, madame la cheffe.
Je souris et je monte.
L'habitacle sent son parfum - un mélange léger de vanille et de cèdre. Elle porte une veste claire, un jean, des lunettes de soleil sur la tête, ses cheveux attachés à moitié, négligemment, mais avec ce style parfait qui m'échappe toujours.
Je m'attache en silence pendant que Tsuki se couche à moitié sur ses genoux.
- Je crois qu'il t'aime plus que moi, je glisse, en attachant ma ceinture.
- Oh, je le sais. Il ne faut pas lui en vouloir.
Elle tourne la tête vers moi.
- Mais moi, j'étais impatiente de te revoir.
La voiture démarre. Je me racle la gorge et je regarde le paysage de la rue défiler par la vitre, le cœur un peu plus léger.
Ce n'est pas un rendez-vous comme les autres. Pas une interview. Pas un dîner mondain. Pas une rencontre organisée.
C'est un café avec elle.
Juste ça.
Et peut-être... tout à la fois.

Une recette imprévueWhere stories live. Discover now