Lundi 23 Septembre

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« Tu as oublié ça tout à l'heure. »

Son sourire s'élargit, il me remercie en le prenant avec précaution. Il laisse ses doigts se promener sur la couverture, attendant peut-être quelque chose. Je fronce les sourcils en n'arrivant pas à me décider. Au bout d'un moment de discussion interne pendant lequel il me regarde en haussant un sourcil, je lui demande d'une voix anodine :

« Tu manges seul tous les midis ?

– Qu'est-ce qu'il y a ? s'étonne-t-il. Tu prends pitié de moi ?

– Ouais, réponds-je en faisant un petit sourire moqueur alors qu'il secoue la tête. Je ne dis pas que tu ne le mérites pas mais ... Laisse tomber. »

Je me rends compte que plus je parle, plus je m'enfonce alors il vaut mieux partir maintenant avant d'atteindre le noyau terrestre dans les prochaines secondes. Je me lève prestement en lui tapotant sur la tête avec un petit sourire embarrassé qui ne s'assume pas et je lâche :

« Mange bien ! »

J'allais partir pour me réfugier à ma table habituelle et subir le regard amusé de Roxanne qui n'aura rien manqué à la scène mais Scott se lève à son tour et me rattrape, il me fait un sourire tendre que je ne peux pas m'empêcher d'apprécier et dit :

« C'est sympa de ta part de faire des efforts.

– Mec, lui dis-je en ouvrant grand des yeux faussement outrés, je t'ai juste rapporté ton livre, ne va pas t'imaginer des choses. »

Il laisse échapper un petit rire qui me fait sourire. Puis il secoue légèrement la tête, baissant les yeux. Je l'observe faire, il perd son sourire en se mordant légèrement la lèvre et il dit d'une voix basse que moi seule peut entendre :

« Je ne mérite pas ta sympathie. J'ai totalement gâché ton amitié avec Lorcan Scamander. Je ne pensais pas que ça allait faire tant d'éclats et je ne l'aurais pas fait si je savais que vous en souffririez autant.

– C'est bon. Ce n'est pas si grave, au moins, on a arrêté de se mentir l'un à l'autre et à nous-même. Tu nous as presque rendus service. »

Je n'en reviens pas. Je suis en train de le consoler parce qu'il est triste de m'avoir fait quelque chose de mal. C'est à s'en donner des maux de tête. Il lève ses yeux vers moi et sourit en signe de reconnaissance. Je hausse les épaules et avant de repartir, je lui demande en fronçant les sourcils :

« D'ailleurs, tu as su comment pour ce qu'il s'était passé avec Lysander ? Je n'en ai jamais parlé et lui non plus. »

Il ouvre la bouche, visiblement très embarrassé et esquisse une grimace avant de répondre en se tordant les mains :

« Vous en avez parlé entre vous et je vous ai entendu. »

Sans vouloir être désagréable, je fais un petit claquement de langue contrarié. Si Lysander n'avait pas cette obsession de faire toujours de telles allusions, Lorcan n'aurait jamais fait sa crise comme il l'a fait. Je soupire, fataliste, le mal est fait de toute façon. Il essaye de capter mon regard pour juger certainement de mon niveau d'énervement mais je me retourne pour aller m'asseoir à côté de ma cousine qui m'a fait remarquer en s'esclaffant :

« Tu as laissé un Poufsouffle en plant. Il va bientôt devenir un arbre à ce rythme-là. Regarde-le, il ne bouge presque pas.

– Arrête, Roxanne.

– Ton cœur est immense Molly, tu es trop mignonne à prendre pitié de lui et à le défendre. Je te rappelle qu'il t'a bien fait souffrir.

– Je sais, merci ! »

Elle soupire en voyant que je ne rirai pas avec elle de Scott et se met à chercher avec Fred des idées de surnom à lui donner. Ils m'épuisent quand ils en viennent à « Scot-cot » et en le comparant à un poulet perdu au milieu de la foule. Je lâche le morceau de poulet qui était justement dans ma fourchette en les foudroyant du regard. Fred éclate de rire en m'accusant d'être en train de le manger. Roxanne renchérit en m'interrogeant sur son goût.

« J'abandonne ! Vous avez gagné, je vous laisse finir mon assiette puisque vous aimez tant ça. 

– Molly, sois pas vexée, je pensais que tu assumais ton intérêt pour Scott. »

Je fronce les sourcils en secouant la tête. Elle ne s'arrête jamais. J'ouvre la bouche pour répliquer quelque chose mais me ravise en me disant qu'il ne faut pas l'encourager à continuer. Je les entends pouffer en se tapant dans la main, fiers d'eux. Je me mets à faire le tour du château, errant dans l'espoir de trouver quelqu'un qui pourra me détendre, c'est-à-dire que je pourrai mettre en retenue. Mon visage s'éclaire en apercevant Emeline Lovener en train de rire bruyamment avec Brittany. Elles sont toujours amies, même si l'une s'est fait trompée par Léon avec l'autre. Ça m'arrache un sourire et je m'approche d'elles, décidée à les déranger un peu et leur lance :

« Vous vous prélassez sans moi maintenant ?

– Weaslaide. »

Tiens, un nouveau surnom, elles sont montées d'un cran niveau jeu de mot on dirait. Je les en féliciterais presque mais je suis occupée à dévisager cette peste de Lovener qui a parlé un ton condescendant. Elle se redresse, haussant le menton pour bien montrer qu'elle est plus grande que moi et croise les bras. Elle croit m'impressionner. Je laisse un petit rire m'échapper. Mais elle plisse les yeux avec malveillance et, j'aurais dû m'en douter, m'attaque :

« Alors, tu as des nouvelles de ta mère ?

– Et la tienne ? Toujours en train de faire la Une de Sorcière Hebdo parce qu'elle est pulpeuse ?

– Elle fait la Une de Sorcière Hebdo pour prouver qu'une femme peut aussi avoir du pouvoir. N'oublie pas que ta famille est en chute libre depuis un bon moment.

– J'ai une idée, tu n'as qu'à aller rejoindre ta mère dans son école de sorcellerie privée avec deux élèves dedans, ça lui en fera trois et je serais débarrassée de toi.

– Mon père a d'autres projets pour moi. Sois patiente et tu verras.

– Que j'ai hâte. »

Elle souffle bruyamment en échangeant un regard las avec Brittany. Cette dernière n'a pas dit un mot, elle est restée en retrait. C'est elle qui pose une main ferme sur le bras d'Emeline qui hésitait à sortir sa baguette pour m'affronter en duel, elle a chuchoté quelque chose qui a fait sourire la fille du ministre. Je n'aime pas vraiment ça. La blonde Emeline a haussé un sourcil et m'a dit d'un ton mielleux :

« J'espère que ton père retrouvera du travail après que le mien l'ait viré et que ta mère réapparaîtra même si, si tu veux mon avis, elle vous a simplement abandonnés parce qu'elle vous trouvait nuls. A la prochaine, Weaslaide. »

Elle s'est éloignée en faisant claquer ses talons sur le sol en pierre et Brittany a pris sa suite en me regardant de travers. J'ai soupiré. Pitié, qu'elle n'aille pas supplier son cher père de virer le mien, il ne s'en remettrait pas. Je lui jette un regard noir. De toute façon, je suis sûre que le ministre sait que ce serait une erreur, il est bien trop compétent. Je fais un petit sourire fier et continue à marcher, pensive. C'est fou comme me confronter aux gens que je n'aime pas me remonte le moral. C'est peut-être pour ça que je déteste autant de gens.  

Molly II WeasleyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant