Mardi 12 Novembre

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Le professeur d'Etude des runes est malade. J'ai donc une heure devant moi et une occasion en or pour me rendre à l'Infirmerie sans éveiller trop de soupçons. J'ai peu dormi mais j'ai beaucoup tourné et retourné la question dans ma tête.

McGonagall est dans une mauvaise posture. Elle a été piégée par le Ministère et ils risquent de la décrédibiliser parce qu'elle ne peut pas arrêter la machine qui est en marche. Ils enverront de nouveaux Aurors et tout sera encore plus dangereux.

On ne peut pas laisser ça se produire sans rien faire.

Je sais que je ne devrais pas parce que Minerva m'a demandé d'être très prudente et qu'Emeline a été plus que menaçante mais j'ai besoin de voir Léon. Je dois le prévenir de ce que je sais, de ce que j'ai découvert et il doit me révéler ce qu'il avait trouvé avant d'être agressé. Il me manque des informations et il est le seul à pouvoir m'aider réellement.

Alors j'ai pris une petite boîte avec quelques chocolats pour aller les offrir à ce cher professeur et en profiter pour saluer un camarade de classe. Je prends une grande inspiration, un air naturel et je me glisse dans le couloir de l'Infirmerie. Il n'y a pas d'Auror à l'horizon aujourd'hui. Encore mieux. Je passe la porte discrètement. Léon semble dormir profondément. Ça m'arrache un sourire. Il est seul, pour une fois. Je me dirige néanmoins vers le professeur d'Etude des Runes qui ne remarque qu'à peine que je dépose des chocolats au bout de son lit. Il a les yeux qui pleurent, embués, alors qu'il ne s'arrête pas de se moucher. Je me détourne rapidement de lui pour aller vers le lit de Léon, sans dire un mot.

« Miss Weasley ? »

Je sursaute presque en me retournant vers l'Infirmière qui m'adresse un regard curieux. Je fais un petit sourire embarrassé et je lui explique :

« Je lui rends juste visite. Pour lui donner quelques nouvelles. »

Elle hoche la tête en souriant et retourne auprès du pauvre professeur qui ne s'en sort pas avec ses mouchoirs. Je souffle profondément pour me détendre. La moindre chose me rend nerveuse. Je m'approche de Léon qui n'a toujours pas ouvert les yeux. En silence, je m'assois sur la chaise à côté de lui. Mes yeux ne peuvent s'empêcher de s'attarder sur ses bandages. Je le revois tomber, lentement. Je revois le choc de son corps contre le sol. Je revois la douleur dans ses yeux. J'ai presque envie de crier à nouveau. Je sens mon cœur cogner contre ma poitrine. Qu'est-ce que je fais là, bon sang ? Je m'oblige à détacher mes yeux de son lit.

Je sors un livre de Métamorphose de mon sac. Je ne veux pas le réveiller. Mes yeux traînent à nouveau vers lui. Il semble si paisible. Je secoue la tête.

Après quelques pages de « La Métamorphose en milieu hostile » que j'ai tournées sans en avoir retenu grand-chose, je jette un nouveau coup d'œil à Léon. Il dort encore. Qu'est-ce que je croyais ? Qu'il allait ouvrir les yeux rien qu'en sentant ma présence ? C'est ridicule. Je range mon livre et me lève. Son visage est si apaisé quand il se repose. Il semble presque sourire. Je me demande bien à quoi il peut rêver. Je m'approche doucement de lui. Au moins, il ne souffre pas. J'espère qu'il s'en remettra vite. Je recule d'un pas. Je suis déçue de ne pas avoir pu discuter avec lui.

« Reste. »

Un murmure s'échappe de son lit. Je fronce les sourcils. Faisait-il semblant de dormir ? Je sens un peu de colère monter en moi mais je ne peux pas réprimer un petit sourire malgré tout. Je ne fais pas d'autres gestes. Il ouvre ses yeux gris et croise mon regard dans un sourire. Je frissonne.

« Ça ne se fait pas d'observer les gens dormir comme ça, marmonne-t-il.

– Je ne voulais pas te réveiller. »

Molly II WeasleyWhere stories live. Discover now