Chapitre 1: La chute

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En cette fin de sixième année, Harry était soulagé de voir les grandes vacances arriver. Il lui semblait qu'il avait passé plus de temps à l'infirmerie que dans son dortoir. Bien entendu ce n'était qu'une impression, mais tous les quinze jours ou trois semaines, Voldemort lui faisait participer, bien contre son gré, à ses distractions favorites, à savoir tortures assassinats et autres distractions du même genre. Il avait à chaque fois trouvé une aide précieuse dans l'amitié de Ron et Hermione. Ce dernier l'emmenait toujours à l'infirmerie comme il en avait reçu l'ordre de sa mère, et cet ordre était assorti de telles menaces que Ron avait plié, sans tenir compte des protestations d'Harry. Invariablement, Dumbledore arrivait alors dans les cinq minutes qui suivaient pour le faire parler. Après beaucoup de réticences, Harry avait fini par admettre que de parler de toutes les atrocités qu'il voyait commises par Voldemort, et qu'il avait l'impression de commettre lui-même, lui faisait du bien. Mme Pomfresh le gardait alors à l'infirmerie pour le reste de la nuit avant qu'il ne reprenne ses cours normalement dès le matin.

Un événement inhabituel survint l'une de ces chaudes nuits de juin. D'ailleurs, plutôt qu'un événement, cela devait plutôt se révéler l'événement primordial de sa vie lorsqu'il se retournerait pour revoir l'ensemble de celle-ci. Au milieu de la nuit, il entendit des chuchotements, suivis de rires dans l'infirmerie. Un rire grave tel qu'il n'en avait jamais entendu. Rire chaud qui le remua au fond de lui-même. Il se leva sans bruit pour savoir qui était le propriétaire de ce rire. Il resta immobile lorsqu'il le vit. Torse nu devant l'infirmière qui visiblement le soignait, il reconnut avec peine son professeur tant haï. Il avait l'air de plaisanter avec Mme Pomfresh qui riait de bon cœur.

Harry sentit son cœur s'arrêter de battre devant ce dos musclé que la lune lui dévoilait. Mais des dos musclés, il connaissait avec ses coéquipiers de Quidditch ! Ron le premier d'ailleurs. Mais c'était celui-là qui le marqua. Il profita du spectacle quelques secondes avant que le professeur ne se retourne d'un geste brusque. Harry garda de ce jour l'image de son professeur souriant. Son visage en était transformé, la séduction était inscrite sur chacun de ses traits. Une seconde plus tard, le visage dur, austère et figé avait à nouveau fait son apparition. Et Harry perdit à nouveau vingt points ce soir-là à l'infirmerie. Pour être sorti de son lit sans l'autorisation de l'infirmière.

Pendant cette année scolaire et suite à la mort de son parrain l'année précédente, il s'était beaucoup rapproché de Remus Lupin. Ils s'écrivaient régulièrement et il fut surpris de le voir qui l'attendait à la sortie du Poudlard Express, côté moldu. Il se renfrogna aussitôt en voyant également les Dursley qui l'attendaient. Il commença tout de même par se diriger vers Remus :

- Harry ! Fit celui-ci joyeux. Comment vas-tu ?

- L'année a été dure, soupira celui-ci en retour. Il faut vraiment que je ...

- Oui, il faut vraiment que tu ailles avec ton oncle et ta tante. Dès ton anniversaire, en revanche, tu pourras partir au Terrier. Cependant, cette année, Harry, tu as des devoirs de vacances un peu plus poussés. L'ordre réunit les livres dont tu as besoin, et tu les recevras d'ici quelques jours. J'ai mis au point quelques petites choses avec les Dursley. Tu pourras, et devras, entre autres, non seulement conserver ta baguette sur toi quoiqu'il arrive, mais aussi t'exercer aux différents sorts. Des membres de l'Ordre passeront également pour t'apprendre le transplanage afin que tu passes ton permis dès que possible après ton anniversaire.

- Si je pouvais en éviter certains, grommela Harry.

- J'imagine très bien lesquels, répondit Remus avec un sourire, ou plutôt lequel. Mais c'est Dumbledore qui choisira au fur et à mesure.

C'est ainsi que le mois jusqu'à son anniversaire se passa sans véritables encombres. Les Dursley le laissaient en paix pour sa plus grande satisfaction. Et remus semblait avoir été suffisamment persuasif pour qu'il soit, non seulement exempté de corvées, mais aussi nourri correctement, sans régime à suivre. Bien entendu, Voldemort le tortura mentalement encore deux fois, mais il évita, à son plus grand soulagement, de revoir Rogue pendant ce laps de temps. Du moins physiquement, car pour ce qui était de ses rêves ... Pourquoi donc ce rire chaud le poursuivait, l'apaisait même ? Pourquoi donc imaginait-il ce visage souriant penché sur lui ? Pour lui ?

La vie d'un calice de kelokeloOù les histoires vivent. Découvrez maintenant