Chapitre 47

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Laura me laisse tranquille sur le chemin du retour. Je me sens vidé après cette conversation à cœur ouvert ; j'ai l'impression que ça m'a pompé toute mon énergie vitale d'admettre à voix haute que j'éprouvais peut-être plus que de l'amitié pour Valerio, et d'entendre que mon comportement pouvait me jouer des tours.

J'ai prévenu mon meilleur ami que j'arrivais avant même de sauter dans la voiture, et je souris doucement en le voyant assis sur la terrasse lorsque je me gare.

— Alala, vous êtes trop drôles tous les deux, murmure Laura quand j'éteins les phares. Et dire que je vais louper le feuilleton de l'été !

— Je suis quoi, ton bouffon ?

— Exactement, le bouffon de la reine ! Plus divertissant que Fort Boyard et Koh Lanta réunis.

Je secoue la tête en pouffant de rire, et on sort de la voiture. Laura ébouriffe les cheveux de Valerio en passant près de lui, et nous souhaite une bonne nuit. Toujours assis sur la dernière marche de la terrasse, il me fixe, le menton posé dans sa paume.

— T'as passé une bonne soirée ?

— Ouais. Et toi ?

Je triture la clé de voiture dans la poche de mon short, toujours planté devant lui. Il hoche la tête. Moi aussi. Pourquoi est-ce qu'on est aussi gênés, là maintenant ?

— Tu veux aller te coucher, ou on va traîner ? demandé-je.

— Je crois que je suis fatigué.

— Pareil.

— Je vais ranger ça, alors, dis-je en agitant les clés.

Dix minutes plus tard, je suis emmitouflé sous la couverture, à une distance de sécurité d'au moins cinquante centimètres de Valerio. Quand je pense que l'année dernière je me collais à lui sans aucune gêne, et que maintenant je suis incapable de m'approcher de lui sans culpabiliser.

— Alors, Nadia a un mec ?

— Euh... C'est compliqué.

— Pourquoi ?

— Ben... En gros... Elle voudrait se mettre avec lui, mais elle sait pas comment.

— Et du coup elle voulait des conseils.

Je me tourne vers lui, les bras enroulés autour de mon oreiller, dans la même position que lui.

— C'est ça, dit-il en riant. Genre, comme si j'étais un expert.

— Elle t'a dit qui c'était ?

— Ouais... C'est un de ses potes.

— Ça se trouve, c'est toi.

Il pouffe dans son oreiller et secoue la tête.

— Non.

— C'était peut-être une stratégie pour savoir si elle avait ses chances avec toi.

— Valentino, arrête.

— Mais quoi, on sait jamais !

— Gros jaloux, va.

Je m'empourpre, pris en faute.

— Elle est amoureuse d'un mec depuis des années et elle sait que je ne suis pas intéressé alors elle s'est dit qu'elle allait se confier à moi. C'est tout.

Il sourit doucement, et je fais la moue.

— Désolé d'être un sale con.

— Mais non.

— Je sais pas pourquoi je suis comme ça, mens-je.

— Moi ça m'amuse.

Je reste silencieux, cherchant mes mots. J'ai envie de lui parler de ce qu'on s'est dit avec Laura. Enfin, pas tout, mais... en partie.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now