Chapitre 53

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Depuis le début de l'été, c'est la première journée qu'on passe autant de temps chacun de son côté, Valerio et moi. Ce matin, on a émergé un peu tard de la tente et après on est rentrés « chacun chez soi » pour déjeuner et se préparer pour aller travailler.

Heureusement, ça a été assez intense au minigolf parce qu'il y avait beaucoup de monde, et je n'ai pas eu trop de temps pour ressasser la soirée d'hier. Le fait que je l'ai embrassé comme ça, le fait qu'il m'ait dit « je t'aime » en ami avant de s'endormir, le fait que moi je l'aime plus qu'en ami...

Je suis un peu tendu par tout ça quand je lève le nez vers Valerio qui grimpe les marches de notre terrasse. Il sourit, et par la force des choses, moi aussi.

— Ça va ? me demande-t-il.

— Ouais et toi ?

Il tire la chaise à côté de moi et me tend un paquet de Skittles entamé.

— J'suis claqué.

— La même, dis-je en piquant quelques bonbons.

— Tu fais des sudokus ?

— Ouais... C'est un peu addictif, ce truc, en fait.

— Je vois ça ! Eh, on va à la soirée blind test mercredi soir ?

— C'est pas demain ?

— Nan, demain c'est le truc avec les humoristes et tout.

— Ah ouais, nan.

Il se penche sur mon épaule, et me pique mon cahier des mains pour essayer de comprendre comment ça fonctionne.

Au final, on aura passé la soirée à faire des sudokus sur la terrasse, dans le plus grand des calmes, et ça me fait vraiment bizarre de me dire que rien n'a changé entre nous depuis hier soir. Je me rends compte qu'à chaque fois, j'espère au moins autant que je redoute que tout change. Et je suis déçu, et frustré. Parce que rien ne change. Parce que Valerio reste mon ami, peu importe que je l'embrasse ou non.

***

— Toc toc ! annonce Valerio en entrant dans notre bungalow pendant la vaisselle du petit-déjeuner.

— Hey, je suis pas en retard ! me défends-je avant même qu'il ne m'accuse.

— Je sais. Je viens pour te piquer des fringues.

— Encore ?

— Bah ouais, j'ai pas de tenue de foot !

— Le chieur.

Je m'essuie les mains, et fais semblant de le fouetter avec mon torchon.

— Allez, prête-moi un maillot !

— Tu veux lequel ? cédé-je en ouvrant la porte de ma chambre.

— Benzema, répond-il du tac-au-tac.

— Nan ! J'ai Beckham si tu veux.

— Mouais, ok.

J'ouvre mon placard et lui tends un maillot blanc, qu'il déplie avant d'approuver en hochant la tête.

— Il me plaît bien. C'est un maillot du Real ?

Sì, señor.

Il retire son t-shirt pour l'enfiler, et je papillonne des yeux vers ma table de nuit.

— Tu te changes pas ? me demande-t-il.

— Si, si.

Je lui donne un coup d'épaule pour accéder à mon placard, et en sors une tenue complète.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now