Chapitre 57

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— Valentin ? Valentin !

Je grogne en émergeant. Pourquoi est-ce qu'on me réveille maintenant ?

— Ton téléphone sonne depuis tout à l'heure, appelle ma mère.

Je finis par ouvrir les yeux, me rappelant que j'ai dormi sous la tente. Dans les bras de Valerio.

Me voilà d'un coup bien réveillé. Et bien conscient de la main de mon ami posée en travers de ma taille. J'ai envie de faire l'autruche et de rester immobile contre son torse, mais l'ombre de ma mère sur la toile de tente et le bruit de la fermeture m'oblige à repousser son étreinte. Il faut que je me lève avant qu'elle ne nous trouve comme ça et se pose des questions.

— T'es réveillé ? murmuré-je quand il retire de lui-même sa main au moment où je tente de me redresser.

— Mmh... Il est quelle heure ?

— J'sais pas. Je suis debout, maman !

Elle jette mon téléphone sur la couette, sans même passer la tête à l'intérieur, et je me laisse retomber sur le matelas après l'avoir récupéré.

— Ah mais oui, je vais jouer avec Edouard, ce matin.

— Sans moi, j'te rappelle, hein. Je dors.

Il se cache sous la couverture, et je secoue la tête. J'essaie de ne pas trop penser à hier soir, à la manière dont on s'est endormis, après qu'il m'a embrassé, mais c'est difficile.

— Lâcheur.

— Tu vas être en retard, me rappelle-t-il.

— Merde !

Je finis par quitter la tente, non sans lui souhaiter une bonne fin de nuit – même s'il est déjà huit heures – et vais me servir un bol de lait chaud dans le bungalow. Je rejoins ma mère sur la terrasse, en train de boire son café du matin, et commence à mastiquer mes céréales.

— Vous êtes rentrés tôt, commente-t-elle.

Elle a vraiment l'œil et l'oreille pour tout. J'imagine que c'est un truc de maman.

— Ouais... C'était nul, en fait.

— Oh. Dis-moi, vous aviez prévu quelque chose, ce soir, avec Valerio ?

— Non, pourquoi ?

— On dînerait bien au resto, tous les trois. Ça fait longtemps. En famille, sourit-elle.

— Ouais. Ouais, carrément.

J'acquiesce, engloutissant une grande cuillère de Kellogs. Même si ce matin cela semblait à peu près normal entre Valerio et moi, malgré ce qui s'est passé hier soir, je suis complètement flippé à l'idée que ça devienne bizarre entre nous. Ce ne serait peut-être pas si mal, de passer la soirée chacun de son côté.

— Tu es sûr que tout va bien, en ce moment, mon chat ?

Elle me regarde par-dessus son bol de café, et je me fige un instant. Elle m'a déjà demandé ça la semaine dernière, et le fait qu'elle insiste m'inquiète un peu. Suis-je si transparent ?

— Oui, pourquoi ?

— Tu es bien silencieux, avec nous.

— Ah bon...

— Quelque chose te tracasse ?

— Nan, nan... Juste, je réfléchis beaucoup.

C'est une demi-vérité. J'ai déjà suffisamment à faire avec mes propres tergiversations au sujet de Valerio et moi, je n'ai pas envie d'en plus intégrer mes parents à l'équation. Ce sera un problème pour plus tard, et encore, si jamais il devait y avoir un plus tard dans cette histoire.

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now