Chapitre 59

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Vendredi matin, je suis chaud bouillant pour le tournoi de foot. On s'est écrit des messages toute la nuit avec Valerio, à pronostiquer sur le match, les bons joueurs et les moins bons, le menu du restaurant, si nos parents allaient nous foutre la honte en venant nous encourager...

Je suis terriblement frustré de l'avoir à peine croisé hier, parce que je commence à capter que le comportement de Valerio est peut-être aussi révélateur que le mien, et que je l'aurais remarqué avant si je n'étais pas focalisé sur mes inquiétudes.

Ce matin, j'ai revêtu le maillot de mon – ancien – club. Il ne m'a peut-être pas porté chance la dernière fois, mais je ne suis pas superstitieux et ça reste ma tenue la plus confortable pour jouer. Je souris jusqu'aux oreilles quand Valerio sort de son bungalow avec mon maillot de Liverpool sur le dos. Edouard avait raison.

— Salut BG, dis-je en lui faisant un check.

— Prêt pour le grand match ?

— De ouf ! Tu sais que je l'ai cherché partout ?

Je désigne son maillot d'un signe du menton, et il m'adresse un sourire narquois.

— T'as eu tellement de mal à me le prêter, je me suis dit que j'allais en profiter et le garder un peu.

— Tsss.

On se met en route pour le stade, et j'ai du mal à tenir en place. Valerio le remarque tout de suite.

— T'es une pile électrique, aujourd'hui, ma parole !

— Je le sens bien, ce match.

— Et pourquoi ça ?

Je hausse les épaules, tout en sautillant pour m'échauffer.

— J'sais pas. Je suis de bonne humeur.

Je le sais parfaitement en réalité. Son sourire me réchauffe autant que le soleil matinal. Je me demande ce qui se passerait, si je l'embrassais là, tout de suite.

— Tant mieux, c'est comme ça qu'on va gagner ! s'enthousiasme-t-il.

Je ne suis pas certain qu'il me repousserait. Et je crois que c'est ça qui me rend aussi euphorique, ce matin.

— Mes parents viennent voir le tournoi, les tiens aussi ?

— Ouais ! Papa est persuadé que c'est parce qu'ils ne sont pas venus à celui de juillet qu'on a perdu.

— Oh, Paul... C'est trop drôle que ton père soit superstitieux, n'empêche.

— Mais ouais, il s'en veut trop !

— Alors que c'est juste parce que t'as rêvé que j'étais mort, pouffe-t-il.

Je pique un fard.

— C'est pas drôle, ça, wesh !

Il ricane et passe son bras autour de ma nuque.

— Un petit peu quand même.

Je lui donne un coup de coude dans les côtes, et il glousse en s'écartant. On arrive finalement sur le terrain, déjà en pleine effervescence. En août, il y a toujours un peu plus de monde qu'en juillet, et ça se ressent tant au niveau des joueurs que des spectateurs.

— Valentin ! m'appelle Edouard en me faisant des grands signes de la main.

Je lui rends son salut avec un sourire, et hoche la tête en direction de ses parents quand il me désigne à eux du doigt. Il fait juste un petit match amical avec d'autres gamins ; j'espère que son équipe gagnera.

Les animateurs nous remettent le chasuble orange de notre équipe, et nous rejoignons celle-ci. Cette fois-ci, on va rencontrer plusieurs équipes car nous sommes nombreux dans la pool des adultes. Un peu plus de challenge, je ne demande que ça aujourd'hui !

W [EN PAUSE] Where stories live. Discover now